Alors qu’il reste un quart de la saison à jouer, soit environ 18 matches à disputer par franchise, les organismes sont déjà bien attaqués, et les mises au repos se multiplient, mais aussi les blessures.
La NBA est parvenue à condenser 72 matches sur une période inférieure à cinq mois, et ce n’est pas sans conséquences sur la santé des joueurs. Cela représente 3.6 matches par semaine, c’est donc plus d’un match tous les deux jours en moyenne, ça pèse évidemment d’avantage en avril qu’en décembre, à la fois à cause de la fatigue, mais aussi parce que l’intensité augmente plus on approche de la fin de saison.
Après la grave blessure de Jamal Murray, certains pointent ainsi du doigt ce calendrier démentiel avec beaucoup de back-to-back, peu de repos et peu d’entraînement. Sans oublier le Covid qui pèse sur le physique et le mental de tous, mais aussi le fait que certains joueurs, plus particulièrement les deux finalistes, les Lakers et le Heat, ont eu beaucoup moins de repos que certains, et qu’il y a forcément une inégalité selon les formations.
Ligaments et tendons fragilisés
Résultat, Spotrac, qui tient les comptes, dénombre un cumul de 4 288 matches manqués pour blessure, soit 143 matches manqués en moyenne par franchise, et ça concerne 375 joueurs. La saison passée, 349 joueurs avaient manqué au moins un match pour blessure pour un cumul de 4 580 matches. Si l’on s’en tient uniquement aux très graves blessures, on dénombre quatre ruptures d’un ligament d’un genou, contre trois en moyenne depuis 15 ans, selon les chiffres publiés par Jerry Stotts, un préparateur physique, spécialiste des blessures.
« Nous sommes encore dans la phase de collecte des données sur les effets du calendrier raccourci », explique-t-il. « Je suis préoccupé par le fait que nous verrons davantage de blessures aux tissus mous (ligaments, tendons, etc.) en avril. Elles semblent être en augmentation par rapport au reste de la saison. »
Josh Hart peut en témoigner puisqu’il vient de se blesser à un ligament du pouce. « Trop joueurs sont blessés avec cette saison raccourcie. Ne faites plus ça… » a-t-il posté sur les réseaux sociaux après l’annonce de la grave blessure de Jamal Murray. Mais sa franchise n’est pas la plus à plaindre, ni Denver d’ailleurs.
Même si l’infirmerie est souvent occupée à la Nouvelle Orléans, c’est aussi celle qui a gardé le moins longtemps des joueurs. La preuve avec le graphique ci-dessous.
« Une réduction de 6% par rapport à la saison passée »
Ce qu’on voit sur ce graphique, c’est que ce sont le Magic et les Rockets qui paient le plus lourd tribut aux blessures, avec des absences de longue durée (Fultz, Isaac…). Les blessures de LeBron James et d’Anthony Davis marquent les esprits car ce sont deux superstars, mais les Lakers sont dans la moyenne avec un total inférieur à 150 matches manqués. Même chose à Brooklyn où les absences de Kevin Durant, Kyrie Irving ou récemment James Harden sont très médiatisées, mais Spencer Dinwiddie et Nico Claxton cumulent 83 matches manqués à eux deux.
Pour la NBA, pas question de corréler ces blessures à la saison raccourcie. C’était d’ailleurs le discours de David Stern en 2012 quand tout le monde lui était tombé dessus après la grave blessure de Derrick Rose.
À l’époque, au sortir du lockout, la saison avait été aussi très raccourcie (66 matches de Noël à avril), et plusieurs blessures majeures avaient marqué les esprits (Caron Butler, Iman Shumpert…) mais celle du MVP en titre avait provoqué un vrai choc dans l’opinion et chez les joueurs.
« Le taux de blessure cette saison est dans la lignée des chiffres des cinq dernières saisons, avec même une réduction de 6% par rapport à la saison passée » a répondu un porte-parole de la NBA au New York Times. Par « taux de blessure« , il faut comprendre le nombre de blessures par rapport au nombre de matches joués.
Des superstars touchées
Voilà qui devrait calmer un peu ceux qui s’emportent contre ce calendrier démentiel, mais plus que le nombre, c’est le nom des blessés qui interpelle. Aucun n’est aussi gravement touché que Jamal Murray, mais rien que la semaine dernière, Giannis Antetokounmpo, James Harden, Anthony Davis et LeBron James n’ont pas foulé les terrains. Soit quatre candidats au titre de MVP. Avant eux, Kevin Durant, Stephen Curry et Joel Embiid ont aussi effectué des passages plus ou moins longs à l’infirmerie. Aux Clippers, Paul George a manqué 11 matches, Kawhi Leonard en a manqué 10… Et on ne parle même pas des mises au repos puisque c’est à part dans les tableaux de la NBA.
À défaut de graves blessures, les petits et moyens pépins s’accumulent, et on pense aux problèmes de genoux de Giannis Antetokounmpo et Joel Embiid, ou de cuisse de Kevin Durant et James Harden. Il s’agit, pour ces joueurs, de s’assurer d’être à 100% avant de revenir. James Harden est revenu trop tôt, il a rechuté.
C’est pour cette raison que LeBron James, Kevin Durant ou encore Anthony Davis ne veulent rien précipiter.
Le plus important, c’est en effet d’être à 90, voire 100% de ses moyens, mi-mai au moment d’attaquer les playoffs. Mais ça ne protège pas d’une très grave blessure. Derrick Rose en 2012 ou Klay Thompson et Kevin Durant en 2019 peuvent hélas en témoigner…