Après 26 matchs de saison régulière, Steve Kerr a déjà du mal à trouver des superlatifs pour décrire les performances de son meneur, auteur de 40 points, 8 rebonds, 5 passes et 4 interceptions avec un 10/19 à 3-points. Peu importe les défenses, ou l’adversaire, Stephen Curry s’amuse sur le terrain et enchaine les actions d’éclat.
Mais après la victoire des Warriors face au Magic, l’entraineur opte pour un qualificatif encore plus parlant que ceux qu’il utilise depuis maintenant plusieurs semaines.
« C’est routinier, » lâche-t-il en haussant les épaules. « Et c’est fou parce que maintenant, on s’attend à ce qu’il réalise ce type de performance à chaque match. On voit les 3-points qu’il a mis ce soir alors que nous n’avions rien créé offensivement, sans espace ou avec très peu, et on est sûr que chacun de ses tirs va finir dedans. »
Lors des dix derniers matchs, Stephen Curry est sur une autre planète. Il a marqué au moins 27 points à plus de 50% de réussites à neuf reprises ! Ils sont peu à pouvoir se targuer d’avoir un tel volume de tirs avec une telle efficacité. Ce soir, comme lors de ses 58 points à Dallas, il a pris 19 tirs à 3-points. Un chiffre dingue si on se concentre sur le volume mais quand vous avez autant de réussite, vous avez le feu vert.
« Il a fait changer ma perception, et celle de nombreuses personnes, et mon idée de ce qu’est ou n’est pas un bon tir »
« C’est un lay-up à 3-points, » s’amusait Juan Toscano-Anderson après la rencontre. À l’image d’un Draymond Green, il s’est mis à systématiquement chercher Stephen Curry parce qu’il sait qu’un tir à dix mètres du double MVP « est le meilleur tir que vous pouvez trouver sur un terrain de basket. »
Steve Kerr se souvient d’ailleurs qu’il avait vite compris qu’il ne pouvait pas utiliser les standards de tirs dictés par son expérience quand il s’agit de Stephen Curry.
« Il m’a fallu six semaines lors de ma première saison, » rigole-t-il. « Quand il prenait un tir, je pouvais entendre les voix de tous mes anciens coachs me dire que ce n’était pas un bon tir. Et après six semaines, je me suis rendu qu’il était à plus de 40% de réussite sur ce genre de tir complètement dingue. Il a fait changer ma perception, et celle de nombreuses personnes, et mon idée de ce qu’est ou n’est pas un bon tir. »
La montée en puissance de Stephen Curry coïncide également avec celle de Draymond Green et de l’expérience emmagasinée par Kelly Oubre Jr et Andrew Wiggins aux côtés des deux légendes de Golden State.
Lors de chaque match, on peut voir Draymond Green diriger les déplacements de ses coéquipiers pour maximiser la menace que représente Stephen Curry. Et depuis l’absence de James Wiseman et de Kevon Looney, Draymond Green a encore plus d’espace pour diriger ses coéquipiers offensivement.
« Il fait ce qu’il veut sur le terrain. C’est un extra-terrestre »
Pour le cinquième match de suite, il a délivré au moins dix passes décisives et on a retrouvé les Warriors que l’on connaissait avec un mouvement incessant pour permettre à Curry de punir les défenses sans ballon.
« Draymond est l’une des raisons principales du succès de Steph cette saison parce qu’il lui permet de jouer sans la balle et parce qu’ils se connaissent par cœur. Ils pourraient jouer ensemble les yeux fermés » explique Steve Kerr.
Cette symbiose permet aux Warriors de s’accrocher au bon wagon dans la course aux playoffs, et les performances de Stephen Curry lui permettent de venir s’immiscer dans la discussion pour le MVP de la saison. Mais peut-on vraiment être candidat quand votre équipe est huitième de l’Ouest avec 14 victoires en 26 matchs ?
Dans le vestiaire de Golden State la question ne se pose même pas. « Comment est-ce qu’il ne pourrait pas être dans la discussion ? » demande Steve Kerr. « Je l’ai déjà dit mais pour moi il n’a jamais été aussi fort. Il attaque le cercle à souhait, il fait ce qu’il veut sur le terrain. C’est un extra-terrestre. »
Ce thème se trouvait également dans les propos d’Andrew Wiggins. « C’est irréel de faire ce qu’il fait avec deux ou trois défenseurs sur son dos. Personne ne fait ce qu’il fait. Pour moi, il est numéro un. Il est dans une autre stratosphère . »
L’intéressé ne voulait lui pas rentrer dans cette conversation. « Je ne veux pas me laisser distraire par tout ça. Je bosse sur mon jeu, je fais mon travail, et tout ce que je peux espérer c’est de jouer à mon niveau, c’est à dire à celui que j’étais lors des dernières saisons. » Bref, chacun sa routine !
Propos recueillis à San Francisco.