En temps normal, la NBA retient chaque mois 10% des salaires des joueurs, ces sommes étant placées dans une cagnotte redistribuée à la fin de la saison, en fonction du bilan financier global de la ligue. Si les bénéfices sont importants, l’ensemble des sommes est rendue, les joueurs devant toucher 49% des revenus totaux.
Sauf que les temps sont loin d’être normaux et les pertes colossales pour la NBA.
Même si le syndicat des joueurs était ouvertement contre une reprise dès décembre, la ligue et les propriétaires poussent ainsi pour un début le 22 décembre, ce qui permettrait de récupérer 500 millions de dollars de plus, par rapport à une reprise plus tardive. Selon Bobby Marks, d’ESPN, les agents s’attendent également à ce que le pourcentage retenu sur les salaires des joueurs augmente fortement.
Il explique ainsi que 40% des salaires pourrait ainsi être bloqué par la NBA dans sa cagnotte, soit environ 1,5 milliard de dollars. Sachant que ce montant correspond aux pertes totales de la ligue cette saison, cela permettrait d’éviter une chute drastique du « salary cap » et de la « luxury tax », afin de prévenir un effondrement soudain qui pénaliserait les free agents et les franchises aux fortes masses salariales.
Pour schématiser, la NBA demanderait donc un prêt aux joueurs pour continuer à travailler dans l’environnement financier prévu et leur rendre le maximum d’argent, en espérant compenser au mieux les pertes à prévoir en début de saison avec le retour des fans par la suite, la billetterie représentant 40% des revenus de la ligue.
Pas sûr toutefois que le syndicat des joueurs accepte une telle ponction sur le salaire de ses membres, et les négociations à venir risquent d’être serrées.
Mais comme l’expliquait un agent anonyme il y a quelques mois, les deux camps ont tout intérêt à trouver un terrain d’entente et ne pas rentrer dans un bras de fer trop dur. « Dans un cas, les propriétaires veulent obtenir un prêt des joueurs. Et dans l’autre cas, les joueurs veulent un prêt des propriétaires », analysait-il. « Cela finira probablement quelque part au milieu de tout ça, après quelques cris et négociations. »
LEXIQUE |
– Salary cap : c’est la masse salariale définie par la NBA. Pour la prochaine saison, elle était annoncée à 115 millions de dollars, mais pourrait donc baisser jusqu’à 95 voire 85 millions. Les franchises NBA ont la possibilité de la dépasser lorsqu’elles prolongent leurs propres joueurs ou via des « exceptions ».
– Luxury tax : en NBA, le salary cap n’est pas strict, et la NBA autorise les franchises les plus riches à dépasser le seuil fixé avec une marge de tolérance d’environ 20%. En l’occurrence, l’an prochain, les franchises auraient normalement pu dépenser jusqu’à 139 millions de dollars. Ensuite, pour chaque dollar dépensé au-dessus de ce plafond, les franchises doivent verser la « luxury tax » à la NBA. Une sorte d’impôt qui peut coûter très cher, et le Thunder et les Warriors paient chaque année plusieurs dizaines de millions de dollars. Une somme reversée ensuite aux franchises, bonnes élèves, qui n’ont pas payé la « luxury tax ».