Blessé de ne pas avoir fait partie de la légendaire « Dream Team « de 1992 alors même qu’il pouvait prétendre à une place et que Chuck Daly, son coach aux Pistons, était aux commandes, Isiah Thomas a-t-il payé sa froide relation avec Michael Jordan ?
C’est la thèse la plus avancée depuis presque trente ans, même si le CV du meneur des « Bad Boys » ainsi que sa réputation étaient assez handicapants pour le priver d’une telle aventure. Scottie Pippen a avoué publiquement – dans un documentaire – qu’il ne voulait pas d’Isiah Thomas dans cette équipe et il n’était sûrement pas le seul.
Et la « Dream Team » avec Isiah Thomas valait-elle le coup si elle provoquait le départ de Michael Jordan ? En tout cas, Rod Thorn assure que la superstar de Chicago ne lui a jamais imposé de condition à sa présence.
Aucune demande particulière
« Aucune des conversations que j’ai eues avec Jordan ne concernait Isiah Thomas, point barre », assure à ESPN l’ancien GM des Bulls, qui a drafté l’arrière en 1984, et membre de USA Basketball au moment de la formation de l’équipe pour les Jeux olympiques de Barcelone. « Le nom de Thomas n’a jamais été évoqué. Si Jordan s’est comporté ainsi, c’était avec quelqu’un d’autre. Ma conversation avec Michael était centré sur lui, sur sa participation. Il n’a rien dit sur Thomas et je n’avais aucune raison d’en parler non plus. »
Mais si Michael Jordan n’a pas, directement ou indirectement, pesé dans la balance, pourquoi ne pas avoir choisi Isiah Thomas, poids lourd de ligue de l’époque et récent MVP des Finals en 1990 ?
« C’est une bonne question », répond Rod Thorn. « Isiah était un grand joueur, fantastique même. Il y avait eu la controverse avec les Bulls, en 1991, avec le fait qu’ils n’ont pas serré la main des joueurs de Chicago. Clairement, il y avait des tensions entre les deux camps. »
Bill Laimbeer, qui n’a aucun regret concernant l’épisode de 1991 en finale de conférence avec les Bulls, avait émis une autre hypothèse dans l’excellent livre Dream Team de Jack McCallum.
Un rejet global ?
« À cet instant-là, on était le passé. Cela aurait été intéressant de voir ce qu’il se serait passé si les Jeux olympiques s’étaient tenus deux ans avant, quand on était en plein milieu de notre domination. L’équipe olympique était une bataille politique et si une équipe et un joueur n’allaient pas la gagner, c’étaient bien les Pistons et Thomas. »
Surtout que dans son livre, When the Game Was Ours, Magic Johnson assure qu’un bon paquet des joueurs de la « Dream Team » ne voulaient pas d’Isiah Thomas dans l’équipe, de Larry Bird à Karl Malone en passant par Magic lui-même, agacé par les sous-entendus de son ancien ami sur sa sexualité, suite à l’annonce de sa séropositivité.
« Isiah a lui-même plombé ses chances au sujet des Jeux olympiques », expliquait Magic Johnson. « Personne dans cette équipe ne voulait jouer avec lui… Je suis triste pour Isiah. Il s’est aliéné tant de personnes dans sa vie, et il ne comprend toujours pas. Il ne comprend pas pourquoi il n’a pas été choisi pour cette équipe olympique et c’est vraiment dommage. Il devrait être conscient qu’il s’était mis à dos la moitié de la NBA ».