Enfermer les joueurs dans une sorte de « bulle » à Las Vegas, pour finir la saison dans un tournoi à huis clos ? C’est l’option la plus réaliste pour la NBA, à l’heure actuelle, mais elle n’est tout de même pas très réaliste…
La Chine, qui servait de ballon-sonde, n’arrive ainsi pas à faire repartir son championnat et différents épidémiologistes interrogés par NBC Sports confirme que l’idée serait extrêmement compliquée à mettre en place.
« Il suffit d’un seul cas inattendu de COVID-19 et tout peut mal tourner, comme sur un bateau de croisière »
« Cela semble être une mauvaise idée », explique ainsi le docteur Caroline Buckee, professeur d’épidémiologie à Harvard. « Je ne pense pas qu’il soit réaliste d’isoler complètement et de mettre en quarantaine les joueurs. Pour commencer, il y a des gens qui devront nettoyer leur chambre, les nourrir, laver leurs vêtements, le personnel d’entretien… Et ces gens ne seront pas protégés et ils seront en interaction avec leurs communautés. »
Sans compter les techniciens pour la diffusion des matchs, les staffs, les personnes en charge de la table de marque ou encore les arbitres. Même à huis clos, un tel tournoi demanderait l’intervention d’énormément de personnes, surtout s’il s’agit de finir la saison avec 30 équipes. Créer une bulle de cette taille paraît donc totalement illusoire.
« Je ne suis pas sûr que le scénario de la bulle soit judicieux », confirme le docteur Charles Branas, professeur et directeur du département d’épidémiologie de l’université de Columbia. « Les chances d’y parvenir pour l’ensemble de la NBA semblent très improbables. Il suffit d’un seul cas inattendu de COVID-19 et tout peut mal tourner, comme sur un bateau de croisière. »
« Il est important que la NBA donne l’exemple, pour montrer aux gens que sauver des vies est plus important que l’argent en ce moment »
En théorie, l’idée est pourtant réalisable. En pratique, la taille de la communauté à isoler et le fait que la transmission du virus puisse se faire via des personnes asymptomatiques rend l’équation insoluble.
« Une des raisons pour lesquelles il est devenu si difficile de maîtriser le nouveau coronavirus dans les villes et les communautés, c’est que les gens peuvent le transmettre avant que les symptômes ne se manifestent », rajoute le docteur Neel Gandhi, également professeur d’épidémiologie. « Il ne suffirait pas de vérifier les températures quotidiennement. Il est possible qu’une personne devienne infectieuse avant d’avoir manifesté une fièvre. Il faut être très méticuleux et strict à ce sujet. »
Comme l’expliquait récemment le médecin en chef de la NFL, tant qu’il faudra placer en quarantaine les personnes ayant côtoyé un malade du Covid-19, la reprise sportive paraît même impensable.
« Les ligues sportives et les athlètes ont un rôle vraiment important dans la société. Ils peuvent vraiment faire passer le message de santé publique », explique le docteur Zachary Binney, qui salue notamment l’initiative de Stephen Curry, qui avait interviewé sur son compte Instagram le spécialiste Anthony Fauci, un célèbre immunologiste qui conseille Donald Trump face à la pandémie.
« Les joueurs de NBA et la NBA sont des modèles importants pour une grande partie du pays », conclut le docteur Caroline Buckee, qui explique que la NBA, comme les autres ligues sportives, n’ont qu’une seule chose à faire : attendre. Quitte donc à annuler la fin de la saison. « Comme les gens arrêtent eux-mêmes de jouer au basket et que les parcs et les terrains ferment dans tout le pays, je pense qu’il est important que la NBA donne l’exemple, pour montrer aux gens que sauver des vies est plus important que l’argent en ce moment. »