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Sa saison frustrante, son apprentissage de la NBA, les Jeux olympiques… La grosse interview de Vincent Poirier

Quatrième intérieur dans la rotation des Celtics, Vincent Poirier vit une saison rookie compliquée. L’international français revient avec lucidité sur sa situation actuelle à Boston et sur ses solutions pour l’avenir. Interview fleuve.

Entre une phase inévitable d’adaptation cumulée à la fatigue de la Coupe du Monde et des difficultés au démarrage, plus une blessure à la main droite au mois de décembre, Vincent Poirier connaît une première campagne NBA marquée du sceau du DNP. Relégué au bout du banc celte plus souvent qu’à son tour, le pivot tricolore mange encore son pain noir en attendant patiemment son heure.

Basket USA a fait le point avec l’international français : sur sa saison en cours et la gestion mentale de ce temps de jeu famélique, les Jeux Olympiques à venir et la concurrence au sein du groupe France, son apprentissage de la vie NBA et les critiques de son jeu « soft », un comble !

« Le plus dur, ce n’est pas forcément le faible temps de jeu mais l’irrégularité »

Vincent, vous avez eu droit à trois minutes de jeu dans la fin de match face à Portland, quelles ont été les sensations sachant que ces minutes sont rares ?

C’était du « garbage time ». C’était pour le fun. J’ai essayé de prendre du plaisir et de montrer qu’en défense, je pouvais maîtriser les choses. En attaque, que je peux apporter des bonnes choses. J’ai tenté des trucs, comme ce « pull up » que je ne fais jamais. J’ai essayé de prendre le passage en force aussi, je pensais que ça pouvait marcher. Mais ça ne l’a pas fait…

Vous n’avez joué que 21 minutes sur le mois de février et 114 en tout et pour tout sur votre saison rookie, comment gérez-vous ce manque de temps de jeu ? 

C’est sûr que c’est difficile, mais le plus dur, ce n’est pas forcément le faible temps de jeu mais l’irrégularité. Tu ne sais pas trop quand tu vas jouer, si tu vas jouer. C’est surtout ça. Être prêt à chaque match, quand tu sais que tu n’es pas dans les plans, c’est compliqué. C’est dur mais voilà, il faut essayer d’être bon quand on t’appelle. Il faut travailler au quotidien pour essayer d’être bon sur ces courtes séquences et montrer. Mais c’est compliqué de s’imposer dans une équipe qui gagne, qui tourne bien.

Il y a effectivement quelque chose de paradoxal vu de l’extérieur, car les Celtics vous font venir, mais ne vous font pas jouer. Sans avoir vraiment l’opportunité non plus. Quel est votre éclairage de l’intérieur ? 

Les choses se sont faites en début de saison, en présaison. Les joueurs qui étaient déjà dans l’effectif savaient déjà ce que le coach voulait. Il y a Kanter qui est renommé dans le monde, et Theis qui est un bon pivot d’Europe et même Rob qui sont là depuis plus longtemps. C’est pas facile, il a fallu que je m’adapte. Mais les rotations se sont faites à ce moment-là. Et après tu sais comment ça se passe, tu ne joues pas beaucoup, le mental est en baisse. Il y a des moments de doute. Mais bon, il faut continuer à avancer et relever la tête.

« Forcément, un jour, j’aurai ma chance »

Justement, comment arrivez-vous à garder le mental au beau fixe sachant que vous venez d’une situation à Vitoria où vous étiez titulaire avec un gros temps de jeu ?

C’est sûr que ça change. Il n’y a pas vraiment de façons de le gérer. Il faut travailler au quotidien et te dire qu’un jour, tu auras ta chance. Si ce n’est pas cette année, on sait comment ça fonctionne pour les rookies en NBA, ça sera pour l’année prochaine. Il ne faut pas se mettre de pression et travailler au maximum.

Quel est le discours du coaching staff à votre égard ? A-t-il même évolué au fur et à mesure de la saison ? 

Je sens bien sûr qu’ils regardent ce que je fais quand je suis sur le terrain, et j’ai des retours plutôt positifs sur mes progrès dans tel ou tel aspect du jeu. Il faut continuer, ce n’est pas encore assez. Le plus dur est d’avoir la confiance du coach. De construire cette confiance et de ne pas tout gâcher sur un match en faisant n’importe quoi. Il faut montrer au fur et à mesure que tu travailles et que tu progresses. Le but est de rentrer dans l’effectif cette année ou l’année prochaine. C’est un gros défi, c’est sûr, de se faire sa place dans une grosse équipe comme ça mais je le savais. J’essaye de garder le cap.

Vous dites que vous le saviez, vous attendiez-vous tout de même à si peu de minutes ? 

Non, tu ne t’y attends pas vraiment non plus. La preuve, je disais dans les interviews avant la saison que je ne venais pas en NBA pour être sur le banc. Mais quand tu rentres dans une équipe qui gagne et qui vise le titre NBA, c’est aussi difficile d’aspirer à autre chose dès le début. C’est un processus. Forcément, un jour, j’aurai ma chance et je pourrai montrer de quoi je suis capable mais ça ne vient pas tout seul.

« Si on me prend la place en Equipe de France, ça me ferait chier quand même ! »

Comment définiriez-vous cette « chance » ? Sur quelle durée, en combien de minutes par match, peut-on prouver sa valeur ?

Le plus important, c’est du temps de jeu régulier. Court ou long. Car juger quelqu’un sur quelques minutes dans un match quand il n’a pas joué depuis dix matchs, c’est compliqué. Et puis, avoir du temps de jeu régulièrement, ça te permet de te préparer, de savoir à quoi t’attendre. Là, je joue tous les 12 matchs. En général, c’est « garbage time ». C’est compliqué. J’attends vraiment de pouvoir avoir une occasion sur le moyen terme. Il faut être prêt pour ce moment-là.

Si on vous propose de refaire une Summer League pour trouver le rythme et gagner vos galons ?

Non, j’ai dit à mon agent quand j’ai signé ici que je ne ferai plus les Summer League. Je les ai déjà faites. Je ne pense pas y trouver mon compte et puis l’été, j’ai l’Equipe de France donc c’est mort. Je ne compte pas abandonner l’Equipe de France.

À ce propos, Moustapha Fall est un nom qui revient pour le poste de pivot, compte tenu précisément de votre situation. Pensez-vous qu’il y a un risque que le sélectionneur ne vous appelle pas car vous ne jouez pas ?

Je ne joue pas beaucoup, certes, mais je ne fais pas rien non plus. Je ne suis pas blessé, je suis en pleine forme. Je bosse dur. C’est sûr que je n’ai pas beaucoup de temps de jeu, en cinq contre cinq, mais il n’y a pas de raison que je ne sois pas appelé. Mous fait une belle saison aussi, ce sera le choix de l’entraîneur de toute manière. Je pense avoir prouvé l’été dernier que j’avais ma place. Je pense que le coach le sait. Si le fait que je ne joue pas me coûte ma place, c’est la vie. J’avais une occasion de jouer en NBA, je l’ai saisie.

Comment prenez-vous le fait de ne pas pouvoir vous montrer, cela dit ?

Il y aura le camp d’entraînement aussi. Et ça va me permettre de reprendre du rythme. J’espère que ça ne jouera pas trop [dans la décision finale] mais je le comprendrai. Un gars qui a joué toute la saison est en pleine forme mais si on me prend la place, ça me ferait chier quand même !

Car il s’agit des Jeux Olympiques, qu’on imagine que vous voulez faire…

Je n’en ai jamais fait et là, j’ai l’occasion de les faire. J’aimerais forcément y participer. Je sors d’une saison où je suis bien. Il y a de la concurrence et c’est le jeu, il faut avoir la meilleure équipe possible pour ramener une médaille. Ça me ferait chier de perdre ma place, mais je suis un bon gars.

« Je ne me priverai pas de retourner en Europe si ça ne se passe pas bien »

Pour revenir à votre saison, vous évoquiez le début de saison et le camp d’entraînement. Comment vous sentiez-vous dans le niveau collectif ? Y a-t-il eu une période difficile d’acclimatation ?

Je me sentais pas à l’écart, mais un peu en dessous à vrai dire. Il y a quand même un monde, c’est la NBA. C’est plus agressif, plus physique. Et puis, je prenais mes marques. C’est une défense totalement différente de l’Europe. Je revenais de la Coupe du monde aussi. J’ai essayé de m’adapter le plus rapidement possible mais j’avais encore des lacunes. J’ai travaillé pour essayer de rattraper mon retard. Ce n’est pas facile d’arriver comme ça dans un tout nouveau monde et de tout de suite savoir ce que le coach veut. J’essaie d’apprendre tous les jours et d’être le plus régulier possible à l’entraînement.

Quelles étaient plus précisément ces lacunes ? 

Le vocabulaire, les systèmes, la défense… En Europe, on a cette possibilité d’avoir plus d’entraînements, de poser les choses et de progresser plus vite. Jouer avec les gars et s’habituer. Ici, il n’y a pas d’entrainement donc c’est plus difficile de créer des automatismes. C’est un truc qui manque un peu. Car c’est quelque chose sur quoi je me reposais beaucoup en Europe et ici, il n’y en a pas. Il faut trouver d’autres moyens et vraiment être concentré aux entraînements.

Du point de vue défensif, sentez-vous que vous avez progressé, que vous vous êtes endurci ? Car c’est une critique qui revient, que vous êtes un peu « soft » encore pour la Ligue ?

Oui, c’est une question de placement aussi, la façon dont tu dois jouer en défense. Je continue à travailler et à faire beaucoup de vidéos pour progresser. Mais pour le côté soft, je dirai que ça ne m’a pas empêché de dominer en Europe. Mais ça revient au temps de jeu. Quant tu passes 35 minutes sur le banc et qu’on te dit qu’il faut que tu joues, c’est compliqué d’être bon en trois minutes. (…) Si c’était même trois minutes régulières, ça irait déjà. Parce que là, c’est trois minutes de « garbage time », par ci par là, c’est compliqué d’être efficace. Tu peux être bon sur ces petits temps de jeu mais apporter vraiment sur de si petits temps de jeu, c’est très difficile. Et puis, en attaque, ce n’est pas comme si on m’envoyait la balle à chaque fois. En défense, pareil, les gars en face, ils savent jouer, tu prends des paniers. Il faut être patient.

Vous semblez également toucher du doigt une différence culturelle, avec la possibilité de progresser dans le système européen grâce aux entraînements nombreux. À l’inverse, il est beaucoup plus difficile de percer en NBA de cette manière, avec très peu d’occasions de s’entraîner. 

Oui, et puis il y a les gars qui sont là depuis un moment. Ils sont payés donc il faut qu’ils jouent. Je le savais, je savais à quoi m’attendre. Je savais quelle était la situation. C’est un défi que je me suis lancé dans ma carrière. Et je ne le regrette pas. On a un bon groupe, j’arrive à prendre du plaisir, je kiffe l’expérience. Je m’entraîne, j’essaie d’être le meilleur possible et on verra ce que ça va donner. Je ne me prends pas la tête. J’ai l’avantage de venir d’Europe où j’ai montré des choses, donc je ne me priverai pas d’y retourner si ça ne se passe pas bien. Pour l’instant, je suis à fond dans la NBA et si je peux y rester toute ma carrière, je le ferai. Il faut prendre les bonnes décisions et continuer à bosser. Tout le monde travaille ici, il n’y a pas de flemmard.

Vous disiez que vous vous donniez deux ans pour y arriver en NBA, vous maintenez ? 

Oui, j’ai deux ans de contrat. Je ne vais pas insister, je ne vais pas rester ici pour être sur le banc parce que je suis un bon gars. J’ai envie de jouer. Ça me manque de jouer. Deux ans de contrat et on verra après. Mais il peut se passer beaucoup de choses en deux ans. Aujourd’hui, je suis dans cette situation et demain, je peux me trouver dans une toute autre situation.

« Je n’ai pas peur de dire aux coachs que j’ai des lacunes »

On pense forcément à la situation de Guerschon Yabusele qui a aussi passé beaucoup de temps sur le banc des Celtics avec des coachs qui l’aimaient bien mais qui ne le faisaient pas jouer non plus. Et il a dû repartir par la Chine (et maintenant à l’Asvel). On imagine que vous ne voulez pas vous enterrer sur le banc non plus…

Non, c’est sûr. Après, dans le cas de Guerschon, il arrivait de Rouen, qui n’est pas non plus une référence en Europe. C’est comme ça, c’est le sport, c’est un business aussi. J’accepte, je ne suis pas un rageux. Ils ne me font pas jouer, c’est la vie. Je n’ai pas été bon, ils ne m’ont pas fait jouer, je comprends.

Vous pensez que vous n’avez pas été bon ?

Par rapport à ce qu’on m’a demandé, non, je n’ai pas tout bien fait… Voilà, peu importe. C’est comme ça. On ne peut pas toujours réussir. Ça te permet d’apprendre aussi, de rester humble, de continuer de travailler. C’est la mentalité que je garde.

N’avez-vous pas peur de stagner tout de même ? Surtout que votre progression jusqu’à maintenant était assez exceptionnelle en ayant commencé le basket sur le tard.

Je suis « plafonné » pour le grand public, mais je sais que je progresse. Je sais que j’ai amélioré mon shoot, mon tir à 3-points. Je deviens plus fort, plus rapide. Je suis plus rapide sur mes jambes. Je vais plus vite. Non, je sais que je progresse. Les gens ne sont pas là à l’entraînement, au quotidien. Ils peuvent penser que je régresse mais le basket, ça ne s’oublie pas comme ça. Je suis allé faire deux matchs en G-League et j’ai prouvé que j’étais encore là. C’est forcément le rythme dans les jambes qui fait défaut, mais ça se reprend. Suivant comment la saison se déroule pour nous, je sais que je vais aller m’entraîner derrière pour faire les JO quoiqu’il arrive. Je ne suis pas inquiet par rapport à ça.

Du haut de vos « sept pieds », quelle est la différence majeure dans le jeu intérieur entre l’Europe et la NBA ?

Les raquettes sont vachement fermées ici du fait que l’intérieur est bas. C’est plus dur de marquer sur une passe ou sur un rebond offensif, parce que les défenses sont plus fermées. Et puis, il y a toujours une main qui traîne pour toucher le ballon. C’est un autre niveau. En Europe, tu tombes parfois sur des gars qui ne sont pas aussi agressifs, comme des chiens que tu trouves en NBA. Mais c’est aussi dur en Europe, il y a une grosse qualité bien sûr. Mais les défenses sont différentes. L’intérieur doit plus bouger et faire les efforts et j’ai tendance à dire que tu vas plus te fatiguer dans ce jeu. Ce sont deux styles de jeu différents, ça va plus vite ici, beaucoup de un-contre-un car il y a des qualités individuelles énormes. Il faut être prêt car une erreur peut coûter cher. C’est des trucs que je travaille car je sais que ça va me servir que ce soit pour les JO ou l’équipe ici. Je travaille pas seulement pour la saison mais pour l’avenir. L’Equipe de France peut même être une opportunité pour m’aider à gagner des minutes ici. Si tu montres des choses avec l’équipe nationale, le coach ne peut pas fermer les yeux là-dessus. Il faut rester positif et contrôler ce que je peux contrôler.

Vous avez deux assistants coachs qui sont bien connus en France : Jerome Allen et Tony Dobbins. Ça peut paraître trivial a priori mais vous ont-ils aussi aidé à vous acclimater plus rapidement à l’équipe et la vie NBA ? Ça parle encore Français – ça chambre un peu ?

Jerome parle d’ailleurs un peu français. Mais ils n’ont même pas aidé. Ils m’ont bien accueilli. Ce sont des têtes connues. Jerome m’a dit direct : « Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu me dis ». Jerome est mon « coach attitré » en alternance avec un autre coach. Je suis quelqu’un de facile. Je suis bien avec tout le monde et j’aime bien discuter avec tout le monde, que ce soit les coachs plus portés sur l’attaque ou les autres sur la défense. Je pose des questions à tout le monde, j’essaie de discuter et d’être à leur écoute. Je n’ai pas peur de dire que j’ai des lacunes ou du retard sur tel ou tel aspect. J’apprends pour être le meilleur possible. Je ne suis pas quelqu’un de négatif. Je sais que ça finira par tourner. Et puis si ça tourne mal, je trouverai toujours une solution [rires]…

Propos recueillis à Portland

L’avis de Brad Stevens

« On voit beaucoup de bonnes choses chez Vincent mais en fin de compte, dans cette ligue, il s’agit souvent de la situation et quels sont les joueurs devant toi. Theis et Kanter nous ont beaucoup donné. Rob Williams nous avait beaucoup donné avant de se blesser aussi. Grant Williams peut changer et jouer sur le poste 5 dans les petites rotations. Une des choses que j’apprécie avec Vince, c’est que je n’ai aucune crainte de le faire jouer 20 ou 30 minutes dans n’importe quel match, il le ferait très bien. Il sait maintenant ce qu’on essaie de faire ici et je trouve que sa défense a progressé incommensurablement. Il bosse bien. »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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