Si Erik Spoelstra voulait évidemment que son équipe empoche la victoire samedi soir, le match face aux Cavs est rapidement devenu un détail. Après une démonstration en première mi-temps qui a permis au Heat de rentrer aux vestiaires avec 30 points d’avance, l’entraineur de Miami n’avait qu’une chose en tête, profiter de la cérémonie en l’honneur de Dwyane Wade.
Après la rencontre, il a livré ses impressions sur son ancien joueur et ami proche.
Était-ce difficile de vous concentrer sur le match de ce soir dans le contexte de l’hommage à Dwyane Wade ?
Les dernières 48 heures ont vraiment été exceptionnelles pour les gars dans notre vestiaire. On a bien bossé hier, avant de se retrouver tous ensemble pour passer une super soirée pour honorer la grandeur de Dwyane. C’était une super opportunité pour notre équipe que de voir ça. Et puis aujourd’hui, je voulais m’assurer qu’on fasse une bonne première mi-temps pour que l’on puisse profiter de la mi-temps car je voulais que nos joueurs puissent voir ça. Et c’était génial. Dwyane est sensationnel. Il a toutes les qualités d’un champion, d’un gagnant, d’un Hall of Famer mais son humanité, son empathie, sa capacité à maîtriser ses émotions le mettent dans une classe à part. C’était vraiment dur de ne pas être pris par l’émotion.
Qu’est-ce que ça vous a fait d’entendre Dwyane évoquer l’évolution de votre relation après son départ pour Chicago et son retour ?
C’est quelque chose que l’on a beaucoup évoquée lors des derniers mois. On a quasiment recommencé de zéro. On a passé tellement de temps ensemble lors de toutes ces années mais vous êtes concentrés sur votre trajectoire. Et quand il est parti, ça nous a donné une tout autre perspective. Quand l’opportunité de revenir s’est présentée, c’était comme un « reboot » de notre relation. Pour moi, c’était vraiment spécial parce que ça nous replonge aux débuts de nos carrières mais avec un tout autre niveau de maturité qui nous permet d’en profiter. J’ai vraiment profité de la saison dernière, de chaque minute de pouvoir travailler avec lui, de pouvoir le coacher, de profiter de ce lien avec une perspective beaucoup plus dense et une gratitude, j’adore ce mot qu’il a utilisé, que je n’aurais pas pu avoir il y a douze ans parce qu’émotionnellement je n’étais juste pas assez mature. Mais je suis juste extrêmement reconnaissant de ces 18 derniers mois et c’est quelque chose que je vais garder en moi jusqu’à la fin de ma carrière. Je vais pouvoir dire à mes fils quand ils seront plus âgés que j’ai coaché Dwyane Wade et ça va vraiment être particulier.
Vous avez passé beaucoup de temps en coulisses avec lui, très tôt dans vos carrières respectives, qu’est-ce que vous allez garder de ces moments ?
Nous étions tous les deux assez réservés à cette époque et j’ai très vite compris que ça allait être une responsabilité, pour un jeune assistant, beaucoup plus importante que Stan (Van Gundy) ne l’avait réalisé. Mais vraiment, je lui passais juste la balle pendant nos séances. Et vous pouviez voir qu’il était ambitieux, que c’était un compétiteur hors norme et qu’il n’avait peur de rien pour poser son empreinte sur la ligue. Et il n’avait aucun problème pour bosser des heures et des heures en coulisses quand personne ne regardait pour atteindre son objectif. C’est dans ce genre de contexte que vous forgez une relation. Quand il n’y a pas de pression, pas de caméras ou de reportages. Personne ne savait qui j’étais. Ce sont des moments magnifiques, finir une séance et juste passer du temps à la salle à discuter basket. Mais jusqu’à ces derniers mois, nos conversations étaient vraiment basiques. Maintenant on parle de nos familles, d’être père, d’élever des enfants, des conseils qui vont dans les deux sens, on discute de sujets dont on est tous les deux curieux. Ça, c’est de l’or en barre, et c’est une opportunité que j’ai chérie vers la fin de sa carrière.
Propos recueillis à Miami.