Dans le vestiaire des Pistons, un nom revient dans toutes les bouches, celui du petit dernier, « Sekou » ! Que ce soit Dwane Casey lors de sa conférence de presse d’après-match, le staff médical, ses coéquipiers, tout le monde savourait la victoire face aux Warriors et la performance majuscule de leur rookie. En compilant un deuxième double-double de suite, Sekou Doumbouya est en effet devenu le premier Piston âgé de moins de 20 ans à réaliser une telle performance lors de ses deux premières titularisations depuis un certain Andre Drummond.
Alors que nous rentrons dans le vestiaire visiteur du Chase Center, le Français est introuvable mais Bruce Brown, le meneur de deuxième année, fait office de rabatteur.
« Sekou ! Les médias sont là pour toi, » crie-t-il depuis son casier. On en profite alors pour lui demander son avis sur l’ancien pensionnaire de Poitiers et du CSP Limoges. « C’est mon gars. C’est mon gars. Il joue dur, il joue avec beaucoup d’énergie. Il est en train de s’acclimater au jeu NBA. Je suis vraiment content pour lui, » nous lâche-t-il avant de répondre aux questions des journalistes de Detroit.
Il serait facile d’oublier que Sekou Doumbouya vient seulement de jouer son neuvième match NBA et son deuxième avec un temps de jeu supérieur à quelques minutes de « garbage time ». Alors qu’il vient de passer de la G-League à un face-à-face avec le MVP des dernières Finals (Kawhi Leonard), suivi d’une confrontation avec un ancien meilleur défenseur de la ligue (Draymond Green), il dégage pourtant l’impression d’être dans son élément.
« Devoir se coltiner Kawhi pour votre première titularisation et ce soir enchaîner avec Draymond, difficile de faire pire mais il a été à la hauteur, » nous décrivait Derrick Rose avec le sourire. » Il est vraiment alerte sur le terrain. Il a un gabarit impressionnant, il est polyvalent. On a besoin de joueurs comme lui. »
« Il a déjà la dureté qu’il faut pour jouer à ce niveau »
Même Dwane Casey, qui ne fait aucun cadeau à son jeune poulain et qui s’était forcé de tempérer les réactions générées par la performance du Français contre les Clippers, y est allé de ses compliments, à sa manière, après les 16 points et 10 rebonds du rookie contre Golden State.
« Il n’essaie pas de trop en faire. Il a fait son boulot, » expliquait le technicien. « Il a pris des rebonds, il a été solide en défense. Il a pris de bons tirs. Il va continuer à avoir des opportunités et il devra continuer à prendre de bonnes décisions. Ce soir, dans tous les fondamentaux, il fait un bon boulot. »
Cette tranquillité et cette sérénité qui impressionnent les observateurs qui suivent de près la franchise du Michigan ne surprennent toutefois pas Andre Drummond. Le pivot All-Star, qui est petit à petit devenu un mentor pour Sekou Doumbouya, rappelle que le Français n’est pas un rookie comme un autre. « Je ne suis pas surpris, il est professionnel depuis plusieurs années. Il a déjà la dureté qu’il faut pour jouer à ce niveau, » nous confirme-t-il. « Pour lui, il s’agit davantage d’apprendre les nuances du jeu NBA. Connaitre les joueurs de cette ligue, et savoir comment les défendre. »
Alors qu’Andre Drummond continue de répondre à nos questions et à celles des journalistes américains sur les rumeurs entourant son transfert potentiellement imminent, Sekou Doumbouya fait son apparition dans le vestiaire. Comme sur le terrain, il prend alors le temps de lire le jeu. Son pivot est encerclé par les médias, Derrick Rose, en tant qu’ancien MVP et candidat au titre de meilleur sixième homme l’est aussi, et certains de ses coéquipiers sont empêtrés en un-contre-un. Avec l’accès à son casier bien défendu, le jeune ailier disparaît alors de nouveau.
Si ses récentes performances ne trahissent pas sa jeunesse, son visage encore gamin rappelle pourtant qu’a à peine 19 ans, Sekou Doumbouya est le plus jeune joueur NBA en activité cette saison. « Évidemment, il a encore une grosse marge de progression mais depuis deux matchs, il a eu l’opportunité de faire des erreurs et de continuer à jouer, » note Derrick Rose. « Plus il jouera, plus il fera des erreurs, et plus il apprendra de ces dernières. C’est ce que tous les meilleurs joueurs de cette ligue ont eu l’opportunité de faire quand ils étaient jeunes. Et Sekou commence juste à avoir cette même opportunité. »
« Sekou a fait du bon boulot mais il reste un apprenti »
Des erreurs, il en a fait contre les Clippers et contre les Warriors. Dwane Casey ne manquait pas d’ailleurs de les pointer du doigt après les deux rencontres mais comme l’expliquait Derrick Rose, le Français sait les utiliser.
À San Francisco, on pouvait le voir rentrer aux vestiaires aux côtés d’un assistant coach après avoir laissé Damion Lee ouvert à 3-points sur la dernière possession de la première mi-temps. À la fin du match, c’était Andre Drummond qui l’accompagnait. Le pivot est d’ailleurs fan de l’attitude de son jeune coéquipier. « Il prend de la confiance, » remarquait -il. « Je lui parle constamment sur le terrain pour m’assurer qu’il reste concentré parce qu’il peut être tête en l’air de temps en temps. C’est un athlète extraordinaire, c’est un super défenseur mais il écoute… Et il progresse. »
Avec un Blake Griffin absent et un Andre Drummond peut-être sur le départ, il serait donc facile de voir le futur de Detroit à travers Sekou Doumbouya mais comme le rappelle Dwane Casey, il ne s’agit que de deux matchs et les Pistons ne veulent brûler aucune étape.
« Il reste un gamin et il est sur le terrain pour apprendre, se développer et nous aider, » décrivait le coach. « On ne lui met aucune pression. Sekou a fait du bon boulot mais il reste un apprenti qui apprend sur le tas. »
Le vestiaire des Pistons est maintenant presque vide. Trois journalistes et un membre des relations presse attendent avec nous Sekou Doumbaya alors qu’Andre Drummond et Thon Maker sont les seuls autres joueurs toujours présents. Le jeune Français fait alors son apparition, casque vissé sur les oreilles et téléphone portable en main.
Alors qu’il prend son temps, Andre Drummond l’interpelle. « Hey Sekou, pose ton téléphone. Ils veulent te poser des questions, ton boulot n’est pas fini ! »
Le rookie ne se fait alors pas prier et nous octroie toute son attention pendant plusieurs minutes, sous le regard bienveillant de son vétéran. Car à l’image d’Andre Drummond, tel un grand frère qui couve son petit dernier, les Pistons veillent sur Sekou.
Propos recueillis à San Francisco.