Troisième saison en NBA et deuxième All Star Game pour le n°1 de la draft 2008. Titulaire dans le cinq de la conférence Est, Rose récolte les fruits de sa meilleure saison (24,9 pts, 8,2 passes et 4,4 rbds), mais c’est un jeune homme humble et pudique qui s’est confié à la presse et à Basket USA, vendredi après-midi.
Le meneur des Bulls ne fanfaronne pas. Ambitieux lucide, il lève les yeux au ciel quand on lui parle du titre de MVP. « Si seulement, » lance-t-il, comme gêné. De toute façon, l’Etoile de Windy City le clame : seule la victoire est belle.
Derrick, quel sentiment vous procure pour l’instant cette saison quasi sans fautes ?
Après deux premières saisons difficiles, je suis dans une équipe qui gagne et ça me rappelle mes années à l’université et au lycée. Chaque moment dans le vestiaire est un vrai bonheur, chaque match est du plaisir et même quand on perd, on en tire tellement de leçons que ça reste productif.
Moi je joue pour être le meilleur, si je n’ai pas cette ambition alors j’arrête maintenant. C’est comme vous comme journaliste, si vous faites ce métier c’est que vous voulez être le meilleur, au moins avec vous-même. Sinon, ça ne sert à rien.
Etre ici entouré de vétérans, vous le vivez comment alors que dans votre équipe vous devez être le leader ?
Je me sens toujours comme un rookie si je me compare à certains des gars ici. Prenez KG par exemple, c’est son 14e All Star Game. Il y a tellement de stars mais franchement moi ça me tire vers le haut.
Avoir ces palmarès à mes côtés me donne envie d’être encore plus fort, de travailler plus dur pour en avoir encore plus. Je suis heureux et reconnaissant d’être là, ça me pousse avec tellement de positivité.
En plus, à Chicago je dois donner de la voix alors que de nature je suis timide. Je préfère observer et quand je ne connais pas les gens, je ne parle pas beaucoup.
Justement, cette saison vous donnez l’impression de vous affirmer encore plus. Il y a une explication ?
Booz et Kurt (Thomas) m’aident beaucoup à assumer ce rôle, l’explication elle est là. J’ai appris à me faire entendre, sur le parquet mais aussi dans le vestiaire. Je m’y habitue, je progresse je pense et je peux pas me plaindre, car j’ai de la chance d’avoir ces deux là à mes côtés.
Quelle est la différence collective avec les deux saisons précédents ?
Je pense que moi le premier j’ai retenu la leçon de mes erreurs ces deux dernières saisons. Mais si tout est plus sain et calme, c’est surtout parce que coach Thibodeau est arrivé. Ses entraînements sont beaucoup plus durs, on fait de la vidéo de chaque jour. Il t’apprend à jouer juste, il te montre la voie. Il a un sens incroyable de la responsabilité, pour lui comme pour nous.
Moi spécialement car à mon poste quand quelque chose ne fonctionne pas, je suis son relais et je serai responsable si ça ne s’améliore pas. Il me voit comme le leader, c’est mon rôle même si c’est pas facile tout le temps à assumer.
Vous pensez qu’un transfert avant le 24 février peut rendre cette équipe encore plus forte ?
Je suis très content de cette équipe, c’est au front-office de juger s’il y a besoin d’améliorer ce groupe. Moi en tout cas, je ne m’en soucie pas, je reste concentré sur la saison. Et je n’ai pas de préférence pour tel ou tel arrière, si un nouveau doit venir. Tant qu’il aime gagner et joue pour ça, on s’entendra bien. Car pour moi c’est tout ce qui compte, c’est pareil pour mes coéquipiers.
Et c’est la principale explication de notre belle saison : dans cette équipe, tout le monde se moque de ses statistiques, seule la victoire compte. En début de saison, on s’est fixé des objectifs élevés, moi le premier. Pour l’instant ça se passe bien, il faut continuer.
Il faut rester humble et ne pas se laisser monter la tête par les compliments.
Vous avez déclaré avoir beaucoup travaillé votre shoot, et ça se voit (35,5% à trois points contre 26,7% la saison passée). Vous avez un plan de route déjà établi pour les années à venir sur le joueur que vous voulez devenir ?
Chaque année j’essaye de rendre mon jeu plus complet, je travaille un aspect du jeu chaque été pour avoir la palette la plus large possible. Tu peux toujours être meilleur, que ce soit au shoot, dans le drive, pour provoquer les fautes.
Je ne pense pas encore à l’intersaison mais je peux vous dire que le championnat du monde m’a fait du bien, à moi comme à tous mes coéquipiers. On a vraiment bien bossé cet été et c’est pas un hasard si chacun d’entre-nous fait une super saison. On a gagné tellement de confiance en travaillant ensemble.
On a le sentiment que travailler également avec Carlos Boozer au quotidien a permis une telle progression dans votre jeu, et vos statistiques. On a raison de le penser ?
Complètement. Carlos est un facteur ultra important dans nos bons résultats. Il est crucial, vraiment. Il sait jouer avec les meneurs, il l’a fait avec Deron Williams à Utah, avec Jason Williams à l’université donc il m’apprend plein de trucs, notamment sur les pick and roll. La communication est facile avec lui, on parle beaucoup. Il m’aide énormément.
On termine avec Joakim Noah. Sans lui, l’équipe tourne, avec lui sera-t-elle automatiquement encore plus forte ?
Sans le moindre doute. Quand Jooks va venir, on va être encore plus fort. Il joue avec tellement d’intensité et de passion quand je suis surpris qu’on puisse continuer de gagner sans lui et sans son énergie. C’est même un peu effrayant.