Si le retour de Denver en playoffs était espérer, personne ne s’attendait pour autant de les voir finir dauphins des Warriors à la fin de la saison régulière. Mené par un Nikola Jokic qui devrait terminer dans le Top 5 du vote pour le trophée de MVP, les hommes de Mike Malone sont la seule équipe de la conférence Ouest dans le Top 10 des évaluations offensives et défensives.
Pourtant, avec leur manque d’expérience, et notamment cinq joueurs majeurs de leur rotation qui découvriront en effet les playoffs, et leur fin de saison décevante leur ont mis une cible sur le dos. Tout le monde voulait jouer les jeunes Nuggets, mais n’oublions tout de même pas qu’ils n’ont pas gagné 54 matchs par hasard…
Les Spurs quant à eux ont atteint les playoffs pour la 22e saison consécutive, record NBA égalé. Suite à l’arrivée de DeMar DeRozan, et en l’absence du trio Tim Duncan – Tony Parker – Manu Ginobili pour la première fois depuis 20 ans, Gregg Popovich a changé son fusil d’épaule mais a tout de même conservé l’altruisme et le mouvement du ballon qui définissent l’identité de son équipe depuis tant d’années.
Malgré les critiques qui sont tombées sur les Nuggets ces dernières semaines, ce sont bien eux qui partent favori face à une équipe mal équipée pour exploiter leurs faiblesses.
MENEURS
À l’image de son équipe, Jamal Murray continue de progresser saison après saison mais fait toujours preuve d’irrégularité. Son talent est cependant indéniable. Capable de prendre feu à n’importe quel moment mais aussi d’attaquer le cercle, il sera un vrai poison pour la défense texane à moins que son vis-à-vis, Derrick White, ne parvienne à le ralentir.
Pour sa deuxième saison, Derrick White a montré de très belles choses pour limiter l’impact de la blessure de Dejounte Murray. Il fait déjà partie des meilleurs défenseurs de la ligue à son poste et a démontré une belle intelligence de jeu pour prendre les rênes de l’attaque des Spurs. Seul ombre au tableau, son tir extérieur n’est pas encore fiable. Il fera sûrement cravacher Jamal Murray, mais le Nugget reste la deuxième arme de choix de Mike Malone après Nikola Jokic.
Avantage : Denver
EXTERIEURS
Bryn Forbes a lui aussi réussi la meilleure saison de sa jeune carrière NBA. Arrivé comme shooteur, il a développé son jeu pour pouvoir attaquer sur pick & roll. C’est toutefois en défense que ça pose problème. Il va en effet sans doute souffrir face à un Gary Harris plus grand et étoffé que lui. L’arrière des Nuggets a connu une période difficile dans laquelle il avait totalement perdu son adresse mais il s’est rassuré sur ce point lors de la dernière semaine de la saison régulière.
Il peut également attaquer le cercle et faire la différence en défense. Il monte doucement mais surement dans la hiérarchie des meilleurs jeunes joueurs, capables d’avoir un impact sur le match des deux côtés du terrain.
Sur l’autre aile, DeMar DeRozan devrait prendre le meilleur sur Will Barton. Sous la tutelle de Gregg Popovich, l’ex-Raptor a développé une autre facette de son jeu, la création. Il tourne en effet à plus de six passes décisives par match pour aller avec ses 21 points de moyenne. Harris et Barton ont peiné face à lui lors des quatre rencontres entre les deux équipes mais DeMar DeRozan doit encore prouver qu’il peut maintenir un tel niveau de jeu en playoffs. Will Barton quant à lui a connu une saison en demi-teinte. Gêné par les blessures, ses pourcentages de réussites aux tirs sont en baisse par rapport à la saison dernière. Attention toutefois à ne pas sous estimer son énergie débordante, sa fierté, et sa capacité à lui aussi prendre feu sur de courtes séquences.
Égalité
INTERIEURS
À l’intérieur, le duel LaMarcus Aldridge – Nikola Jokic vaut son pesant de cacahuètes ! All-Star pour la première fois de sa carrière, le Serbe a terminé la saison avec 12 triple doubles et 7.3 passes décisives de moyenne par match.
C’est la plus haute marque d’un pivot dans l’histoire de la NBA, à l’exception de Wilt Chamberlain. Il est la plaque tournante de l’attaque de Mike Malone, un second meneur qui prend un malin plaisir à disséquer les défenses adverses. Pour ses premiers playoffs, il sera intéressant de voir comment il réagit au schéma défensif de San Antonio, qui essaiera de le pousser à tirer, en particulier de loin où il n’a mis que 30% de ses tentatives, plutôt que de jouer le rôle de chef d’orchestre.
LaMarcus Aldridge a enregistré une nouvelle saison solide et a pris l’habitude, quand il n’est pas défendu par Draymond Green, d’élever son niveau de jeu en playoffs. S’il a connu du succès face aux Nuggets cette saison, Mike Malone a la possibilité d’alterner les défenses avec Paul Millsap, Jokic, et Miles Plumlee. Dans l’ombre de Murray et de Jokic, Millsap tient un rôle d’une importance capitale pour Denver, en particulier en défense. C’est en partie grâce à lui que les Nuggets ont inversé la tendance de ce côté du terrain. L’ancien Hawk a pris du recul en attaque mais son efficacité a elle pris le chemin inverse.
Enfin, pour accompagner Aldridge, Gregg Popovich a le choix entre le vétéran Rudy Gay et le jeune Jakob Poeltl. Pour éviter de de demander à LaMarcus Aldridge de se coltiner Jokic dès le début du match, il ne serait pas surprenant de voir l’Autrichien débuter. Mais même s’il a des qualités certaines, il reste un cran en dessous des trois autres intérieurs.
Avantage : Denver
LES BANCS
Les deux équipes peuvent compter sur des banc de qualité. Les Spurs ont souvent dû s’en remettre à l’adresse extérieure de Patty Mills, Marco Belinelli et Davis Bertans et à l’expérience de Rudy Gay pour faire la différence. Du haut de ses 39% de réussite à trois points, le banc de San Antonio est de loin le plus adroit de la ligue mais il fait également partie du dernier tiers de la ligue en défense puisqu’il manque de spécialistes dans le domaine…
Les remplaçants du Colorado sont eux moins adroits et mais ils défendent mieux que leurs homologues texans, dans le sillage de Malik Beasley et de Monte Morris, les deux révélations de la saison pour les Nuggets, et avec la présence à l’intérieur de Miles Plumlee, ils ont brillé pendant toute la saison.
Cchaque banc fait donc valoir des qualités différentes mais la qualité défensive de Denver leur donne un léger ascendant.
Avantage : Denver
LES COACHS
Avant d’affronter Gregg Popovich Mike Malone a parfaitement résumé la situation : « Il a cinq bagues de champion, j’ai une bague de mariage. » Comme ses joueurs majeurs, Mike Malone a un déficit d’expérience face à la légende de San Antonio. Il n’a toutefois pas à rougir et la progression des Nuggets depuis son arrivée dans le Colorado en est l’exemple même. À lui de relever le défi que lui proposera Pop, à condition que le technicien des Spurs reste sur son banc plus de 63 secondes…
Avantage : San Antonio
LA CLÉ DE LA SÉRIE
Nikola Jokic face à Gregg Popovich. Sur le papier, Denver est la meilleure équipe… si elle parvient à jouer son basket, soit limiter les tirs à mi-distance et dominer le rebond offensif. Pendant toute la saison, les Spurs ont construit leur succès en forçant leurs adversaires à prendre des tirs à mi-distance et en contrôlant son rebond défensif. L’omniprésence de Nikola Jokic dans le schéma offensif de Denver en fait donc le personnage principal de cette série. Facilement irritable, il n’aura pas le droit de sortir mentalement de sa série et Gregg Popovich essaiera de tout faire pour. Si San Antonio parvient à limiter le jeu de passes du pivot de Denver et le forcer à jouer pour lui, alors les Spurs auront une chance de voir le second tour des playoffs.
EN SAISON RÉGULIÈRE
26 décembre : San Antonio – Denver (111-103)
28 décembre : Denver – San Antonio (102-99)
4 mars : San Antonio – Denver (104-103)
3 avril : Denver – San Antonio (113-85)
VERDICT
L’avantage du terrain dans cette série sera décisif. Denver a fini la saison avec le meilleur bilan de la NBA à domicile, San Antonio terminant 3e. Les deux équipes ont par contre eu beaucoup plus de mal à l’extérieur. Pour un baptême du feu, les Nuggets devront jouer à leur meilleur niveau pour venir à bout d’un adversaire qui fait peu d’erreurs. Au final, le talent de Denver a des chances de prendre le dessus et de prouver que leur parcours en saison régulière n’est pas un coup de chance.
Denver 4-3
CALENDRIER
Game 1 : à Denver, samedi 13 avril (à 4h30 dans la nuit de samedi à dimanche en France)
Game 2 : à Denver, mardi 16 avril (à 3h00, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 3 : à San Antonio, jeudi 18 avril (à 3h00, dans la nuit de jeudi à vendredi en France)
Game 4 : à San Antonio, samedi 20 avril (à 22h30)
Game 5 : à Denver, mardi 23 avril**
Game 6 : à San Antonio, jeudi 25 avril**
Game 7 : à Denver, samedi 27 avril**
**si nécessaire