« L’attaque fait gagner des matches, la défense fait gagner des titres ».
C’est un certain numéro 23 des Bulls qui l’avait affirmé il y a plus de 10 ans, citant l’un des plus vieux adages du monde du sport. Aujourd’hui la venue de Tom Thibodeau dans l’ancienne franchise de Michael Jordan semble avoir porté ses fruits. Ancien patron de la défense de Boston, il a su transformer son équipe pour en faire, probablement, la meilleure défense du pays.
A la lecture de l’analyse sur le blog de basketball-reference, on comprend que les progrès des Bulls sont réels. Et Tom Thibodeau est la place pièce centrale de cette transformation. Voilà pourquoi.
Le nouveau visage des Bulls
Tom Thibodeau est réputé comme un excellent spécialiste de la défense. C’est lui qui est à l’origine de la forteresse verte des Celtics lors du titre de 2008 et du beau parcours jusqu’en finale en 2010. Après avoir convaincu le staff des Bulls de lui donner sa chance en temps que head-coach, il a rejoint sa nouvelle équipe en affirmant sa volonté de revenir à un basketball simple : défense, rebonds, jeu construit autour de l’axe intérieur-extérieur.
Et ça marche ! Après 44 matchs la saison dernière, Vinny Del Negro affichait un bilan de 22 victoires pour 22 défaites. Chicago en est à 30 victoires et 14 défaites cette saison. Et la défense n’est pas pour rien dans ces progrès.
Il ne faut bien sûr pas oublier que l’équipe s’est renforcée, principalement avec la venue de l’ailier-fort vedette Carlos Boozer (2m06, 29 ans) en provenance de Utah. Mais les qualités de ce dernier sont principalement offensives.
Et la défense est inégalement répartie au sein de l’équipe.
Ronnie Brewer (2m01, 25 ans), est un spécialiste de la défense, tout comme Joakim Noah (2m11, 25 ans) et Taj Gibson (2m06, 25 ans), qui peuvent apporter leur énergie et leurs qualités athlétiques. Luol Deng (2m06, 25 ans) et Keith Bogans (1m96, 30 ans) sont des défenseurs corrects, tandis que Rose (1m91, 22 ans), Boozer et Korver (2m01, 29 ans) manquent d’application de ce côté-là.
Le talent du coach revient donc à utiliser les différentes qualités de son effectif, tout en masquant au maximum les faiblesses. Certains mauvais défenseurs jouent beaucoup. Il faut donc assurer les rotations. Car la défense est, elle-aussi, affaire de collectif.
Le meilleur defensive rating de la ligue
Pour mesurer la qualité de la défense, on peut utiliser une statistique simple, que les lecteurs familiers de Basket USA reconnaîtront aisément : le nombre de points autorisés pour 100 possessions de l’adversaire. C’est le defensive rating.
Pour que cette valeur ait plus de sens, il est plus juste de prendre la différence entre le défensive rating et la moyenne de points marqués pour 100 possessions dans la ligue. Ceci permettra de réaliser des comparaisons entre saisons, à plusieurs décennies d’intervalle.
A ce petit jeu, la conclusion est simple : les Bulls sont la meilleure défense de la ligue, l’équipe qui autorise le plus faible nombre de points pour 100 possessions. et de loin. Le tableau suivant synthèse la valeur pour les 5 meilleurs défenses :
# | Equipe | Defensive rating justé |
---|---|---|
1 | Chicago Bulls | -6,75 |
2 | Boston Celtics | -4,9 |
3 | Milwaukee Bucks | -4,83 |
4 | New Orleans Hornets | -4,5 |
5 | Miami Heat | -4,14 |
Autrement dit, les Bulls autorisent 6,75 point de moins pour 100 possession que la moyenne de la ligue. En valeur absolue, cela fait 100,77 point/100 poss.
En invité surprise, on retrouve les Bucks en troisième position. Cependant la franchise de Milwaukee affiche le 28ème offensive rating de la ligue (points marqués pour 100 possessions). Pour eux, le problème se situe clairement de ce côté-là.
Une stratégie maîtrisée
Le chemin du succès en défense est simple : c’est celui de l’implication de l’ensemble des joueurs, de la confiance les uns envers les autres, et de la connaissance du rôle de chacun. Mais c’est aussi le résultat de l’imagination du coach et de l’assimilation des systèmes des joueurs, issue de nombreuses heures de travail.
Aujourd’hui, les rotations sont en place, les systèmes défensifs sont maîtrisés et les aides deviennent plus naturelles. C’est resté vrai même après le retour Carlos Boozer, qui n’a jamais été très connu pour son implication défensive.
Sans faire non plus de miracle, les joueurs cherchent à rester sur leur homme et forcer des tirs difficiles. Kyle Korver, beaucoup plus à l’aise dans le registre du shooteur, participe lui-aussi. Ainsi le pourcentage réel au tir de ses adversaires (eFG%) est en forte chute. D’après 82games.com, 41,9% lorsqu’il joue poste 2 et 44,9% en poste 3, à comparer avec 51,4% au poste 2 et 45,9% au poste 3 la saison dernière.
Rappelons que ce résultat est obtenu alors même que l’un des piliers de la défense des Bulls, Joakim Noah, est absent sur blessure depuis le 16 décembre. La franchise ne semble pas ressentir trop fortement son absence dans son demi-terrain. On peut anticiper que son retour apportera encore un renfort de ce côté là.
Bilan
Evidemment, ce qui compte est de marquer plus de points que d’en encaisser. Mais de ce côté là, l’effet Thibodeau (et Boozer) est toujours présent. Lorsqu’on regarde la différence l’offensive rating et le defensive rating, les Bulls sont 5ème de la ligue, derrière le Heat, les Spurs, les Celtics et les Lakers.
Au nombre de points encaissés par match, les Bulls sont 3ème (92.3 pts/m) derrière New Orleans et Boston. Mais ils sont numéro 1 pour l’adresse aux tirs de leurs adversaires avec un petit 42.3%.
Au final, armés d’un coach rookie au passé prestigieux, d’un meneur candidat au titre de MVP, d’un front-court Noah/Boozer de grande qualité, présent au rebond et complémentaire et de role-player efficaces, les Bulls se posent en toute simplicité comme candidat au titre.
Sera-ce suffisant ? Quitte à rappeler des évidences, la réussite dépend aussi du niveau des autres équipes. Et la forte concentration de talents dans les meilleures équipes, à l’Est comme à l’Ouest, rend le challenge d’autant plus difficile. Réponse en juin.