Enquête : quels sont les joueurs les moins rentables de la NBA ? (partie 2)

Suite de notre dossier sur la rentabilité des joueurs. Après la partie théorique, consacrée à la méthode de calcul, place à la pratique avec son application sur le début de saison. Tableaux à l’appui, vous découvrirez les noms des joueurs qui possèdent le pire ratio qualité/prix.

Les pivots les moins rentables

Commençons par les pivots. Quels sont ceux qui méritent le plus leur salaire, et le moins ? Le tableau ci-dessous dénonce les 10 moins rentables.

Les deux premiers sont des cas à part. Tout d’abord Chris Kaman, qui affiche un catastrophique WS de -3,8. Sa présence sur le terrain, sur la base du début de saison, est non seulement inférieure à la moyenne, mais pire, elle coûte des victoires. En cause notamment, son attaque famélique (36,4% de réussite au tir). Dans tous les cas, c’est pire que de ne rien apporter, d’où la première place dans ce classement. La différence est tellement flagrante avec la saison dernière qu’on s’attend à ce qu’il fasse mieux à son retour de blessure. Quant à Greg Monroe, c’est un rookie qui joue peu, et qui est là pour apprendre dans l’ombre de Ben Wallace. Spencer Hawes présente lui aussi une performance catastrophique : son WS est de 0. Il n’apporte aucune victoire sur le terrain. En gros, avec que des joueurs comme cela sur le terrain, une équipe finit la saison à zéro victoire. Dans ce classement, on retrouve Dalembert. C’est un joueur unidimensionnel, axé uniquement sur les rebonds et les contres. Son (in)efficacité offensive fait peur (34,4% de réussite au shoot). Tout cela ne serait pas dramatique s’il n’était payé… 13,4 millions de dollars par saison. On retrouve derrière Yao, le pivot chinois, et Nazr Mohammed qui avait fait une bonne saison l’année dernière mais qui ne produit rien cette année. Après Kristic, de la place 11 à 15, on rentre dans la catégorie des moins de 3 millions de dollars par saison : chers, mais pas catastrophiques. On croise par exemple Marcus Camby, qui s’approche sérieusement de 0,67victoire/m, ce qui est attendu pour leur poste. On est dans le « normal », et plutôt précisément le « moyen moins ».

Le cas Milicic

Je voudrais revenir sur le cas Darko Milicic, qui ne manque pas de faire débat. Le joueur semble être sur une meilleure dynamique, mais j’avoue être plutôt dubitatif , surtout lorsqu’on regarde ses stats de plus près et qu’on regarde le classement de son équipe. Pour la défense d’abord. Soit Milicic est premier aux contres pour le moment, avec 2,9 contres par match. Mais la défense est bien plus que cela. Et son impact sur l’équipe est loin d’être évident. Lorsque Darko est sur le terrain, son équipe encaisse 112,1 points par possession. Lorsqu’il est sur le banc, c’est 112,5 points… Plus clair encore, individuellement, il laisse son adversaire marquer 106 points par possession, aux alentours de 29ème place parmi les pivots de la ligue dans cette catégorie. A titre de comparaison, un défenseur efficace comme Dwight Howard affiche 91 points autorisés par possession. Difficile de dire qu’il a un impact fort en défense. Au mieux sa contribution est dans la moyenne, au pire elle est indigne d’un pivot titulaire en NBA. Mais c’est l’attaque qui est catastrophique. Avec 9,1 points par match, soit la meilleure performance de sa carrière, on pourrait croire qu’il y a du progrès. Son efficacité offensive, mesurée par le nombre de points marqués par possession, est largement inférieur à la moyenne de la ligue : 90 points/poss. Ceci se voit simplement à partir de sa réussite aux tirs réelles (TS%) : 44,8%, soit sa moins bonne performance depuis sa 2ème saison et (vraiment) indigne d’un intérieur. Pour finir d’achever l’analyse, lorsqu’il est sur le terrain, les Wolves marquent 98 points par possession, et 107,3 points lorsqu’il est sur le banc. Tout ceci pour un salaire de 4 millions par saison ? Clairement, je ne signe pas.

Les ailiers les moins rentables

Jetons maintenant un coup d’oeil aux ailiers.

Pour les 2 premiers, c’est le modèle Kaman : Williams ne joue plus, envoyé en D-League ; Chase Budinger est barré par Kevin Martin. Les suivants rentrent dans la catégorie de Hawes : ils n’apportent rien sur le terrain, ou plutôt ce qu’ils apportent d’un côté ils le détruisent de l’autre. Ils font bien pire que la moyenne des joueurs. Au delà de ce classement, quelques noms méritent qu’on s’y attarde. Radmanovic coûte 12,8 millions par victoire, et Tayshaun Prince 11,1 million, pour une moyenne à 1,47 chez les ailiers. On parle beaucoup de lui lorsqu’on évoque les joueurs sur-payés mais Rashard Lewis est certes peu performant (0,27 victoire par million de dollar, 2,5 x moins que la normale), mais on fait bien pire dans la ligue. Pas avec un salaire si important cependant.

Les arrières les moins rentables

Plusieurs joueurs dont on parle peu figurent en tête de ce classement. Anthony Carter n’a joué qu’un match, je le met donc entre parenthèse. Wayne Ellington n’affiche quasiment que des statistiques en baisse. Blessé, Randy Foye est lui aussi en difficulté aux Clippers. La présence de Baron Davis n’est pas une surprise. Il a eu le temps en quelques matchs de montrer qu’il n’était pas à niveau,. Idem pour Rasual Butler qui souffre particulièrement en ce début de saison, véritable passoire en défense avec 115 points autorisés par possession de l’adversaire. JJ Barea, dont on parle peu, est lui aussi en grande difficulté en ce début de saison, marquant le même nombre de points que la saison dernière, mais en prenant 1,2 tir et 0,5 lancers-francs de plus par match. Son % de réussite au tir est lui aussi en chute libre (36,5%, et 16,7% à trois point). Parmi les joueurs notables mais pas dans le top 10, Richard Hamilton rapporte 0,09 victoire par million de dollar et Joe Johnson 0,25, devant Mayo, récemment mis sur le banc, à 0,22. Tous sont bien en dessous des 0,67 victoires par million de dollar, moyenne de la ligue.

Les chauffeurs de banc

Finissons par les chauffeurs de banc, ceux qui voient le parquet moins de 15 minutes par match. Logiquement beaucoup de contributions négatives, donc nous changeons de méthode et classons les joueurs par salaire, puis par victoires apportées, pour faire ressortir les joueurs qui gagnent le plus tout en jouant le moins et en pénalisant l’équipe lorsqu’ils le font.

Tout ces joueurs font bien moins que la moyenne, avec une mention spéciale à Luke Walton en matière de destruction de valeur. Stoja, payé une fortune (plus de 14 millions de dollars) pour faire figuration cette saison est évidemment dans ce tableau, avec Gadzuric, qui fait du mal à son équipe lorsqu’il pénètre sur le terrain (avec 0 victoires apportée…). Au moins Stoja et Jeffries apportent ils respectivement 4,3 et 1,9 victoires, mais pour très cher…

Conclusion

On le voit, la ligue regorge de joueurs mauvais et surpayés, ce qui tendrait à donner de l’eau au moulin aux propriétaires. Les Stojakovic, Davis, Milicic ou autre Yao montrent qu’il est facile de jeter de l’argent par les fenêtres, et qu’ils feraient bien d’améliorer leur physique, leur mental ou leur chirurgien pour mériter leur salaire. Dans cet article, nous avons choisi de comparer les joueurs en quantifiant les nombre de victoire par million de dollar. L’avantage est que cela permet de mettre au même niveau tous les joueurs, quel que soit leur salaire. L’inconvénient, c’est qu’on ne voit pas clairement avec quels joueurs les propriétaires ont le plus jeté d’argent par la fenêtre. Ce sera l’objet d’un prochain article. Et lui aussi contiendra des surprises…