Tanking : Adam Silver a peur que ça continue

Invité sur ESPN ce matin, Adam Silver a évoqué différents dossiers, dont le tanking. Avec Joel Embiid et Ben Simmons, les Sixers mènent 2-1 dans leur série face au Heat et beaucoup voient désormais Philadelphie en finale de conférence.

Même s’il s’active pour tenter d’empêcher d’autres franchises d’imiter l’équipe de Pennsylvanie, le commissionner a bien conscience que la troupe de Brett Brown est en train de démontrer la viabilité de la formule. Surtout que les Chicago Cubs et les Houston Astros ont fait la même chose en MLB, et que les deux clubs de baseball ont remporté les deux derniers titres.

« En partie à cause de la stratégie des Sixers, nous avons changé la loterie de la Draft », rappelle Adam Silver. « À partir de l’an prochain, les chances d’obtenir le premier choix avec le pire bilan passent de 25% à 14%. Mais c’est la sixième fois durant les 35 dernières années que nous changeons les chances des équipes à la loterie. Il y a 35 ans, la ligue a d’ailleurs mis en place la loterie justement pour faire face à cette stratégie mais ça a désormais pris une toute autre dimension. Auparavant, la reconstruction avait lieu durant une saison alors que, désormais, ce sont des plans sur plusieurs années, qui sont célébrés. J’ai peur que même avec les changements prévus l’an prochain, ça ne changera rien. »

Car si ça fonctionne, les fans en redemandent…

« Beaucoup d’équipes sont également inquiètes parce qu’elles vont tout faire pour gagner mais leurs fans et les médias locaux vont leur dire : ‘Mais qu’est-ce que vous faites ? Ce n’est pas la bonne stratégie, il faut complètement détruire l’équipe’. Au niveau du football européen, ils utilisent la relégation en division inférieure mais nous voulons une ligue fermée. L’idée de faire descendre les Suns, qui ont le pire bilan NBA cette saison, en G-League n’a pas vraiment de sens. Il faudrait modifier tous les investissements, changer les contrats des joueurs et tout ça. En plus, le but de la Draft, c’est de renforcer les pires équipes. C’est simplement qu’elles ne devraient pas être les pires par choix. Il y a du travail à faire. »

Mike Greenberg demande alors à Adam Silver si au lieu de diminuer l’avantage sportif des pires équipes au niveau de la Draft, la NBA n’aurait pas plutôt intérêt à augmenter l’avantage financier des meilleures équipes.

En leur offrant par exemple plus de salary cap ou une plus grosse partie du pactole que représentent les droits TV.

« En plus de la relégation, en Premier League, les droits TV nationaux sont distribués en fonction du classement » répond le commissionner, qui semble avoir déjà réfléchi à la question. « Le champion empoche le plus d’argent et ça descend jusqu’en bas. Il y a donc une grosse motivation financière à gagner. Dans notre ligue, peu importe que vous fassiez les playoffs puisque les 30 équipes récupèrent exactement le même montant, par rapport aux droits TV nationaux. Il y a donc ce problème du passager clandestin avec des équipes qui ne font pas le maximum pour être compétitives et qui récupèrent tout de même les bénéfices économiques, sauf dans leurs marchés locaux. Mais une des choses qui empêchait la mise en place de cette stratégie, c’est qu’on pensait que les fans locaux arrêteraient de supporter l’équipe, mais c’est l’inverse qui se passe actuellement. J’étais à Philadelphie samedi et c’est quelque chose qui est célébré. »