De remplaçant à leader, l’énième adaptation de Terry Rozier

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, voilà qui pourrait être le mantra de Terry Rozier depuis son arrivée en NBA. Le meneur des Celtics a confirmé cette saison qu’il était bien une pièce importante de l’effectif de Boston.

Arrivé dans la ligue sur la pointe des pieds, l’ancien de la fac de la Louisville a fait son trou, patiemment et en profitant des pépins physiques. Mercredi contre Washington, il a suppléé Kyrie Irving sur la touche, une occasion de briller qu’il n’a pas laissé passer (21 points, 5 rebonds, 9 passes et 3 contres). Encore une fois.

La carrière du joueur de 23 ans est pavée de ce genre d’opportunités. Celles où vous devez passer de figurant à acteur principal, du joueur de rotation à l’arme principale de votre équipe. Dès son année rookie en 2016, il s’était vu propulser sur le devant de la scène comme rustine. Avery Bradley, leader défensif des C’s, est touché à la cuisse dès le début du premier tour des playoffs contre Atlanta. Qui est appelé à la rescousse ? Terry Rozier, 39 matches en NBA pour huit minutes de moyenne.

« Vous devez simplement saisir l’opportunité », explique-t-il. « Vous pensez à votre coéquipier touché, mais c’est votre chance de montrer votre jeu au niveau supérieur. Vous faites ce que vous pouvez pour être mentalement et physiquement prêt. À ce moment-là, je ne jouais pas beaucoup, alors avec cette opportunité qui se présentait, je devais en tirer le meilleur profit. Je ne savais pas ce qui allait se passer, mais je savais que j’allais contrôler ce que je pouvais contrôler et jouer dur. »

Malgré l’élimination contre les Hawks, Boston se découvre une nouvelle pièce à son puzzle. Terry Rozier passe 20 minutes sur le parquet en moyenne en cinq rencontres et apporte toute son énergie (4.8 points, 3.4 rebonds et 1.2 passe).

« J’ai toujours été un vrai joueur de basket »

Le meneur est lancé. « Je m’en souviens comme si c’était hier. Je n’étais pas vraiment nerveux ou anxieux. Un petit peu de stress mais savoir que c’était le jeu que j’aime tant et que j’avais la possibilité de montrer ce que je vaux, c’était le principal. Vous l’avez quand des gars se blessent ou quand les coaches décident de vous faire jouer. C’est votre chance. »

Deux ans plus tard, Terry Rozier n’en est plus au même point, mais il doit encore se montrer patient. Il est devenu un des moteurs du banc de Boston, mais pas un titulaire permanent, ce malgré une nette évolution de son jeu cette saison. En remplacement de Kyrie Irving dans le cinq de départ, il s’est montré plus que convaincant (20 points, 7.3 rebonds et 6.5 passes en quatre matches comme titulaire cette saison), signant un premier triple-double en carrière et son record de points.

Des progrès que Terry Rozier ressent lui aussi et qui alimentent sa soif de jeu.

« J’ai toujours été un vrai joueur de basket, mais je lis des choses comme : ‘Il s’est tellement amélioré au fur et à mesure des années.’ Mais vous ne savez pas, si j’avais été dans la même position dès ma saison rookie, à pouvoir débuter les matches, cela aurait pu se passer de la même manière. Mais j’ai clairement progressé, surtout dans la confiance. Et la régularité suit. Si vous n’avez pas la confiance, si vous prenez votre tir en pensant que vous allez le manquer, alors vous allez manquer de régularité. Quand vous avez confiance en vous, vous allez loin. »

Ses prestations éclatantes n’ont fait qu’aiguiser les dents déjà longues de l’intéressé. Il le clame d’ailleurs haut et fort, il ne veut plus « regarder en arrière » et continuer à grimper. Dans la hiérarchie des Celtics tout d’abord. Puis encore un peu plus haut qui sait, à force de travail avant tout, mais aussi de petits coups de pouce du destin.

« Je n’en suis pas arrivé là par chance, j’ai travaillé comme un fou. Mais même quand votre confiance grandit, que vous êtes dans la bonne situation et que vous pouvez montrer votre talent, j’ai été suffisamment chanceux d’être dans cette position pour montrer ce que je pouvais faire quand Kyrie était blessé. »

Un exemple pour Guerschon Yabusele

Avec leurs nombreux blessés, les Celtics n’ont de toute façon pas d’autres choix que d’espérer voir les joueurs moins responsabilisés exploser comme Terry Rozier avec plus de temps de jeu. Une situation dont doit s’inspirer le Français Guerschon Yabusele. Drafté au premier tour en 2016, l’ancien joueur de Rouen a dû attendre plus d’un an avant de pouvoir fouler les parquets NBA. Entretemps, un séjour en Chine et un passage en G-League l’ont forgé, comme son coéquipier.

« Quand on a envoyé Guerschon à Maine (la franchise affiliée à Boston, ndlr), nous lui avons raconté qu’il y a deux ans, nous avions envoyé Terry Rozier là-bas pour près d’un mois », raconte Brad Stevens. « Il n’était pas dans notre rotation, puis Avery Bradley s’est blessé et tout d’un coup, il jouait 20 minutes en playoffs. C’est simplement comme cela que ça se passe. C’est pour cela que vous exploitez toutes les ressources que vous avez pour rendre tout le monde disponible et prêt. »

Titulaire mercredi (pour 4 points, 3 rebonds et 5 passes), le Tricolore sait quel chemin il doit désormais suivre. D’autant plus qu’avec l’absence de Daniel Theis jusqu’à la fin de la saison, il y aura peut-être quelques minutes à gratter en playoffs pour le rookie. Comme une sensation de déjà-vu dans le Massachusetts ?

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.