Capela pas là, les Rockets ont piégé le Jazz avec un cinq inédit

Pour Mike D’Antoni, ce n’est pas compliqué : la victoire des Rockets sur le parquet du Jazz est « probablement la meilleure de l’année. Je ne savais pas comment nous allions l’emporter. » Les raisons de cette satisfaction sont nombreuses et légitimes. D’abord parce qu’il s’agissait d’aller gagner chez une équipe très solide, qui plus est en back-to-back. Tout en étant privé d’Eric Gordon, Ryan Anderson, Brandan Wright et Clint Capela !

Mais alors, comment s’imposer en étant menés de 15 points et en réussissant leur 2e meilleure performance défensive de l’année ? En innovant, tout simplement. Alors que l’adresse à 3-pts était inhabituellement absente, Houston s’est d’abord appuyé sur sa défense. Une grosse intensité incarnée par la meilleure performance de l’année aux interceptions (15). Cette saison, lorsque les Rockets défendent fort et encaissent moins de 98 points, c’est victoire assurée (18 victoires).

Aussi, alors que Rudy Gobert imposait sa taille sur le match, Mike D’Antoni, qui alignait Tarik Black dans son cinq, a décidé d’envoyer… Luc Mbah a Moute au charbon. Ce couteau-suisse capable de jouer à plusieurs postes, hormis à la mène et au pivot justement, a terminé le match devant le Français. Un véritable coup de poker d’un soir.

« Je lui ai simplement dit qu’il était un poste 3 et que maintenant, il était un 5, » raconte le coach texan. « Je l’ai fait jouer… hors position. »

Surpris Mbah a Moute ? « Non, non, non, non ! On a déjà eu des cinq de fous depuis le début de la saison. » Pas surpris et visiblement pas gêné sur le terrain par la configuration puisque l’ancien Clipper a tout simplement pris feu. Tirs à 3-points, pénétrations… Il a pris de vitesse Rudy Gobert, trop loin et trop peu mobile pour le défendre.

« C’est toujours sympa de les faire payer sur un mismatch »

« Il a raté un shoot ? », s’interrogeait Chris Paul, son coéquipier depuis plusieurs années. La réponse est non. Quelques mois après un match déjà parfait, il a claqué une nouvelle ligne de stat royale : 17 points (7/7), dont… 15 dans l’ultime période (!) et 3 rebonds. Cette explosion ne le surprend pas. Car un soir plus tôt, à Denver, il s’était déjà retrouvé à jouer devant un pivot, Nikola Jokic. Avec moins de succès.

« Jokic défendait sur moi. J’ai regardé les cassettes, vu comment je pourrais l’exploiter si jamais ça se reproduisait. C’était la première fois qu’une équipe nous faisait ça. On a joué sur ce cinq de petite taille et l’occasion est venue d’elle-même. Je me suis déjà préparé, j’en ai profité. J’ai simplement pris ce que la défense me donnait. C’est toujours sympa de les faire payer sur un mismatch. »

Et on le comprend pour ce joueur qui n’a pas la réputation d’être un grand attaquant. Cette victoire tactique en dit beaucoup sur ces Rockets. « C’est comme si on jouait sans position », note Chris Paul en référence à ces joueurs comme Luc Mbah a Moute, PJ Tucker ou Joe Johnson, interchangeables et capables d’évoluer à plusieurs postes. Avec tout de même un marqueur commun : être capable de shooter.

« En ne mettant que des shooteurs sur le parquet pour l’étirer, je me suis dit que nous avions une chance. Ils sont durs à jouer avec Gobert. Si on peut le déplacer, on crée de l’espace pour James (Harden) et Chris. »

À voir maintenant si cette formule peut aussi fonctionner contre les Warriors en playoffs… mais on se souvient que Mike D’Antoni avait posé de gros problèmes aux champions en alignant P.J. Tucker et Luc-Richard Mbah A Moute dans un cinq « small ball » très agressif et très mobile, capable de changer sur tous les écrans.