De quoi souffre vraiment Markelle Fultz ?

Fin septembre, Markelle Fultz apparaissait au camp d’entraînement avec un shoot différent, par rapport à la Summer League. Quatre mois plus tard, le n°1 de la dernière Draft n’a joué que quatre matches en NBA, et l’incertitude demeure toujours sur son retour à la compétition. Alors que les Sixers ont d’abord expliqué que le rookie avait lui-même changé son tir, puis qu’il était blessé, son agent assurant qu’on lui avait même drainé du liquide de l’épaule alors que ce n’était que des injections de cortisone. Une cacophonie qui rend la situation difficilement lisible.

PhillyVoice a donc décidé d’y voir plus clair dans un long article qui revient sur ces derniers mois brumeux.

La mauvaise surprise du training camp

Markelle Fultz avait d’abord montré de bonnes choses en Summer League, tournant à 20 points de moyenne à 47% au tir à Utah, avant de se tordre la cheville lors du premier match de son équipe à Las Vegas et de devoir rejoindre l’infirmerie.

Sauf que deux mois et demi plus tard, lorsqu’il s’affiche devant la presse, son shoot a beaucoup changé.

« Markelle a fait des ajustements personnels sur son tir depuis que nous l’avons vu pour la dernière fois, à Las Vegas », déclare alors Brett Brown. « On a un peu travaillé avec lui mais il était avec son coach personnel en août et depuis la fin de la Summer League. Il a décidé de tester différentes choses sur son tir. Il l’a fait avec de bonnes intentions, pour progresser. On y revient doucement en essayant de recalibrer tout ça pour revenir en arrière. »

Quelques jours plus tard, le fameux « coach personnel » de Markelle Fultz réfute la version de Philadelphie.

« Je ne peux pas parler à la place des Sixers mais il n’a jamais changé son tir. Je peux vous le dire. Regardez ses stats. C’était l’un des meilleurs freshmen chez les meneurs en termes de shoot en sortie de dribble ou en catch-and-shoot, et c’est ce qui faisait de lui un si bon choix pour Philly. C’est ce qu’ils voulaient donc pourquoi quelqu’un qui tire si bien changerait son tir ? »

Chez les Sixers, on est pourtant persuadé que le meneur a changé quelque chose durant l’été. Son geste n’est en effet plus le même et le joueur lui-même explique qu’il « voulait essayer quelque chose de différent ».

« Markelle a quitté les Sixers fin juillet et le shoot allait très bien de notre point de vue, jusqu’à ce qu’il revienne pour le camp d’entraînement », explique un membre du club à PhillyVoice. « Et il ne travaillait pas seul à ce moment-là. »

Une communication brouillée

Markelle Fultz a-t-il vraiment changé sa mécanique de tir durant l’été ? Ou a-t-il simplement trop shooté, au point de se faire mal et de tenter de faire avec ? En tout cas, le rookie cache d’abord la douleur qu’il ressent au club.

Pour des résultats tout simplement catastrophiques. En présaison, il tourne à 4 points à 29% de réussite, évitant au maximum de shooter à 3-points. Lorsque la saison débute, ce n’est pas mieux car après quatre matchs, il n’affiche que 6 points de moyenne à 33% de réussite, toujours sans tirer de loin. Il est alors clair que quelque chose ne va pas chez le meneur.

Encore une fois, c’est la cacophonie entre des Sixers qui décident d’arrêter les frais et de chercher la cause du problème, et l’entourage du joueur qui fait des déclarations contradictoires à la presse. Après avoir assuré qu’on avait drainé du liquide de l’épaule de Markelle Fultz, son agent Raymond Brothers change de version après avoir discuté avec le GM du club, Bryan Colangelo, pour expliquer que la franchise n’a finalement fait que des injections de cortisone au rookie…

Depuis, le meneur n’a plus vu le terrain et les communiqués successifs n’ont pas annoncé de date de retour. Récemment, Bryan Colangelo a même commencé à évoquer une fin de saison prématurée, ce qui semble la solution la plus logique puisque que le GM estime que le joueur ne peut toujours pas shooter hors de la raquette. Mais pourquoi est-ce aussi long ?

Des mouvements de l’épaule désormais à reconstruire

Le docteur Ben Kibler, qui a examiné Markelle Fultz, l’explique à PhillyVoice.

« L’omoplate est la base de la stabilité, afin que votre bras fasse des choses précises et puissantes pour déplacer ou tirer une balle au-dessus de la tête. Il faut vraiment avoir l’omoplate dans la bonne position de stabilité, c’est une ancre pour que tout le reste fonctionne. C’est ça le problème. Quand vous avez l’omoplate qui ne fonctionne pas bien, le bras est plus faible, ou bien il n’est pas positionné exactement dans la bonne position, donc le résultat n’est pas très bon, que ce soit pour lancer une balle au baseball ou pour tirer au basket. »

Le joueur des Sixers doit ainsi gérer une « dyskinésie scapulaire », qui fait que son épaule ne réagit pas toujours de la même façon lorsqu’il tente de shooter. Le rookie doit donc la renforcer et travailler pour retrouver une mécanique constante.

« Avec la musculature de l’omoplate, vous avez environ huit muscles qui interagissent », explique Ben Kibler. « Imaginez essayer de réunir huit personnes pour travailler sur une seule chose. En plus de cela, il ne s’agit pas seulement de « laisser ces muscles travailler pour des activités normales », qui est environ 80% de l’activation musculaire maximale. Les athlètes professionnels doivent aller jusqu’à 95% ou plus d’activation musculaire, ce qui est nécessaire pour la performance dont ils ont besoin. Donc il est compliqué d’affiner tout ça et de le faire fonctionner. »

Ce qui explique que ces dernières semaines, Markelle Fultz travaille sur des exercices de décomposition du tir. Un vrai travail de rééducation et non une séance de tirs comme on pouvait le croire dans un premier temps.