Après quasiment trois mois de compétition, les équipes viennent de passer ou dépasseront dans les prochains jours la barre des 41 matches joués, c’est-à-dire la moitié de la saison régulière. Le moment idoine pour faire un bilan dans la course aux différents trophées.
Du côté des rookies, on ne s’attendait pas à ce que cette cuvée 2017/18, certes renforcée par Ben Simmons, soit aussi forte. Une demi-douzaine de joueurs ont un potentiel de All-Stars, et comme chaque année, il y a aussi son lot de déceptions.
LES FAVORIS
1 – Ben Simmons (Sixers, 16.2 points, 8.9 rebonds, 7.3 passes, à 51% aux tirs)
Si les Sixers ont connu un petit coup de mou qui les a sortis du feu des projecteurs en décembre, Ben Simmons est resté le même depuis ses débuts chez les pros : effrayant. Effrayant par son physique, par sa capacité à créer le jeu, par ce qu’il montre de son potentiel et ce qu’on peut imaginer pour les années à venir. Comme le résume Brett Brown, la combinaison de son jeu et de son physique en font une « licorne », à qui on pourra difficilement enlever le trophée de meilleur débutant.
Évidemment, l’Australien ne fera pas l’unanimité, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, il a un super Donovan Mitchell à ses trousses. Ensuite, s’il est considéré comme un rookie, il a été drafté en 2016, et peut-être que certains votants en tiendront compte. Tout comme le classement des Sixers s’il n’évolue pas (9e à l’Est, à trois victoires du Top 8) ou encore son tir presque inexistant à plus de cinq mètres du cercle. Néanmoins il pourrait réussir l’exploit d’être sélectionné au All-Star Game dans quelques jours et ne compte pas baisser le pied pendant la deuxième partie de saison. « Je sais que je suis le meilleur rookie de la ligue » annonçait-il cette semaine à Londres. Difficile de lui donner tort.
2 – Donovan Mitchell (Jazz, 18.8 points, 3.4 rebonds, 3.4 passes, à 44% aux tirs et 35% à 3-points)
Considéré comme le « steal » de la Draft par ses camarades rookies avant le début de saison, l’ancien de Louisville est en train de leur donner raison. Sélectionné en 13e position par le Jazz en juin dernier, l’arrière s’est imposé comme le meilleur marqueur de l’équipe et son « go-to-guy », en moins d’une demi-saison. De quoi lui offrir une bonne place dans la course au ROY. Et peut-être même la statuette ?
S’il continue à porter Utah comme il l’a fait vendredi soir à Charlotte (35 points à 10/20 dont 5/11 de loin) oui. Mais si le Jazz continue de perdre, comme vendredi soir à Charlotte, et reste autour des 40% de victoires, non. Ce revers est d’ailleurs symptomatique : après avoir marqué 31 points en trois quart-temps, le rookie a craqué dans dans le money-time, canalisé par ses adversaires et lâché par ses coéquipiers. De la réussite du Jazz dépend la sienne dans cette course.
3 – Jayson Tatum (13.9 points, 5.5 rebonds, 1.3 passe, à 50% aux tirs et 46% à 3-points)
Les fans celtes ne cessent de remercier Danny Ainge d’avoir misé sur Jayson Tatum et pour cause, le troisième choix de la dernière Draft est une véritable pépite. Propulsé dans le cinq majeur après la blessure de Gordon Hayward, l’ancien de Duke a étonné son monde : s’il attire moins de lumière et d’attention que Ben Simmons ou Donovan Mitchell, le rookie réussit l’exploit d’être une pièce maîtresse chez le leader de la conférence Est.
Dans l’ombre de Kyrie Irving, il s’éclate en épatant tout le monde par sa justesse et son efficacité. Jusqu’à décembre, il tournait ainsi au-dessus des 50% de loin, et pointe aujourd’hui à 46%. Il a aussi montré depuis le début de la saison qu’il avait du sang-froid dans les veines, et qu’il était capable de porter Boston sur ses épaules, comme à Londres cette semaine avec un coup de chaud aussi élégant que décisif dans le troisième quart-temps. Pendant que tous ses concurrents se battent pour accrocher les playoffs, lui s’amuse au sommet de la conférence Est. Rien que pour ça, il ferait un bon ROY lui aussi.
LES OUTSIDERS
Lauri Markkanen (Bulls, 15.4 points, 7.6 rebonds, à 43% aux tirs et 37% à 3-points)
On savait que le Finlandais aurait une belle carte à jouer à Chicago cette année, et on peut dire qu’il la joue à fond. Dans cette équipe en mal de scoreurs condamnée aux bas-fonds de la ligue, la surprise du dernier Euro a très vite étonné par une assurance qui lui a permis de trouver son rythme sans perdre de temps.
En 39 matchs, il a marqué seulement quatre fois moins de dix points et s’est imposé comme la première menace offensive de Bulls surprenants depuis le mois décembre, qui restent sur 12 victoires en 19 matchs. Et ils le doivent beaucoup à leur rookie qui détient pour l’instant le record de tirs à 3-points pris par un débutant (près de 7 par match !). Du haut de son 2m13…
Kyle Kuzma (Lakers, 16.7 points, 6.3 rebonds, à 46% aux tirs et 37% à 3-points)
Après une superbe Summer League, Kyle Kuzma était attendu au tournant malgré son statut de 27e choix de la dernière draft. Mais l’ailier fort n’a pas tremblé, gagnant rapidement une place de titulaire dans le cinq des Lakers et compliquant un peu plus les choix de Luke Walton sur ce poste.
Meilleur marqueur des Lakers, il n’a toutefois pas empêché la franchise de sombrer en fin d’année et là encore, le bilan collectif ne plaide pas en sa faveur.
Lonzo Ball (10.2 points, 7.1 rebonds, 7.1 passes, à 36% aux tirs et 31% à 3-points)
Trois éléments sont à mettre à son crédit. Le premier, ses statistiques : il a montré, malgré sa maladresse chronique, qu’il était un joueur hyper complet, toutes catégories d’âge confondues. Il est par ailleurs devenu le plus jeune joueur de l’histoire à compiler un triple double.
Il faut ensuite évoquer son importance à L.A. puisque le rythme de l’équipe (plus élevé de la ligue) dépend entièrement de lui, comme aime à le rappeler Luke Walton et comme on a pu le constater quand il était blessé. Enfin, il faut souligner son bon retour aux affaires puisqu’il reste sur 4 matchs à 12 points, 9 rebonds, 7 passes et 3 interceptions de moyenne, combinés à des pourcentages corrects. Avec désormais moins de pression, il faudra surveiller la deuxième partie de saison du fils Ball.
MENTIONS
S’ils ne sont pas dans la course au trophée de meilleur rookie, certains débutants ont réalisé une bonne première partie de saison. C’est le cas de Bogdan Bogdanovic à Sacramento, qui répond présent avec ses 11 points de moyenne à presque 50% aux tirs et 39% à 3-points, même s’il a un statut particulier puisqu’il a été signé en tant que free agent. Même chose pour le précieux Daniel Theis à Boston par exemple (4.8 points, 4.3 rebonds). Chez les cadors, on soulignera les bons débuts d’OG Anunoby (23e choix), qui s’est imposé comme titulaire à Toronto, de Bam « Baby Howard » Adebayo au Heat (14e choix, 7 pts, 5 rbds) et de Jordan Bell (38e choix, 5.2 points, 4.1 rebonds) qui a le mérite de faire partie de la rotation de la meilleure équipe de la ligue.
La plupart des autres débutants brillent eux dans des équipes moyennes, comme le surprenant John Collins (19e choix, 10.6 points, 6.8 rebonds) à Atlanta, ou Dennis Smith Jr. (14 points à 39%) qui pourrait gagner quelques places dans cette course si ses pourcentages remontaient. Frank Ntilikina galère lui aussi au tir, mais impressionne la ligue par sa défense.
LES DÉCEPTIONS
C’est indépendant de sa volonté, mais comment ne pas évoquer l’énigme Markelle Fultz dont l’épaule lui joue de très mauvais tours. Espérons qu’il fera mieux qu’Anthony Bennett… De’Aaron Fox est lui aussi entre deux eaux, efficace mais bloqué par George Hill à Sacramento.
Il reste ceux qui ont été draftés très haut mais qui n’arrivent pas à s’imposer, comme Josh Jackson (4e choix, 9.4 pts, 3.7 rbds en 22 minutes), Zach Collins (10e choix, 4 points en 14 minutes), Malik Monk (11e choix, 6 points en 14 minutes) ou Luke Kennard (12e choix, 6 points en 17 minutes) même s’il progresse vite.
ROOKIES DU MOIS
Octobre/novembre : Kyle Kuzma et Ben Simmons.
Décembre : Donovan Mitchell et Jayson Tatum.