Avant le match des Warriors à Dallas de la nuit prochaine, Kevin Durant n’a besoin que de 50 points pour devenir le cinquième joueur de l’histoire, après Wilt Chamberlain, Michael Jordan, Kobe Bryant et LeBron James, à atteindre la barre des 20 000 points en carrière avant son trentième anniversaire.
À l’aube de consolider un peu plus sa place parmi les meilleurs scoreurs de l’histoire de la NBA, Kevin Durant s’est confié à The Athletic pour remettre en perspective son évolution d’un jeune rookie obsédé par son total de points à un joueur plus mûr désormais, et tourné vers le succès collectif.
« Au début de ma carrière, je voulais vraiment devenir le meilleur scoreur de l’histoire, » confesse-t-il. « Je viens d’un endroit où le scoring est roi. Dans mon quartier, tout le monde admirait les joueurs qui pouvaient marquer des points et tous les jeunes essayaient de devenir ce genre de joueur. Quand je suis rentré chez moi après mon premier titre de meilleur scoreur, avec une moyenne de 30 points par match, toute ma famille et mes amis ne parlaient que de ça. »
À l’âge de 21 ans, Kevin Durant est devenu le plus jeune meilleur marqueur de l’histoire de la NBA. Il gagnera trois autres titres de meilleur marqueur lors des quatre saisons suivantes. Avant d’atteindre un tel niveau, KD se souvient des différentes étapes qu’il a dû conquérir, en particulier un gros travail sur sa dextérité.
« Avant ma deuxième saison, j’ai beaucoup travaillé sur mes dribbles. Je me souviens que Jeff Green et moi avions travaillé avec Brian Keefe, qui était notre assistant coach à Seattle, six fois par semaine à Washington DC. On faisait des un-contre-un tout terrain, on travaillait notre tir, mais plus que tout on essayait d’être créatifs, d’improviser, de jouer à l’instinct. Le but étant de booster notre confiance et notre créativité, en particulier au niveau du dribble, » explique le MVP des dernières Finals. « Ça m’a pris du temps mais maintenant je me sens vraiment à l’aise balle en mains. »
Responsabilisé dès son plus jeune âge
Le contexte dans lequel Kevin Durant est arrivé en NBA lui a également permis d’engranger un maximum d’expérience. KD a rapidement bénéficié de la confiance de son entraineur et ses qualités offensives ont fait de lui l’option numéro 1 au sein d’une jeune équipe avec très peu d’attentes.
« Coach Brooks m’a donné la liberté dont j’avais besoin pour comprendre comment marquer dans cette ligue, » concède-t-il. « Peu de joueurs ont cette opportunité. Dans la plupart des équipes, vous êtes limité à des catch and shoot ou des catch and drive. Mais Scotty Brooks m’a dit : « Essaie de scorer pour nous, peu importe la façon dont tu le fais. » Et cette attitude m’a permis de beaucoup réfléchir à comment scorer de façon efficace. »
Il est rare de trouver des scoreurs efficaces mais Kevin Durant prend lui à cœur de faire son boulot avec le moins possible de munitions. Quand ses amis lui disent d’aller scorer 50 points, il répond qu’il préfère scorer 25 points plusieurs fois de suite plutôt que de manquer de régularité. En 2014, KD avait d’ailleurs effacé Michael Jordan des tablettes en marquant 25 points lors de 41 matchs de suite.
Obsédé par le tir parfait
Régulièrement, Kevin Durant est au-dessus de la barre des 50% de réussite aux tirs. Une marque à laquelle il est devenu accro après la saison 2011 où son pourcentage était tombé à 46.2%.
« Une fois cette saison terminée, il y a eu le lock out et tout ce qui m’importait était de trouver le meilleur tir possible, trouver mes spots sur le terrain. C’est tout ce que j’entendais de Kobe, MJ, Kareem, Bird, ils prenaient les tirs qu’ils voulaient, » décrit KD. « Je ne voulais plus que la défense dicte où j’allais sur le terrain donc je me suis mis à bosser mon pull-up shot, mon fadeaway, etc. Je me suis penché sur le timing de mes tirs à 3-points. Je suis devenu obsédé à trouver le tir parfait pour moi. J’ai commencé à tirer à 50% de réussite et j’y suis devenu accro ! »
Alors que les statistiques et les probabilités ont une place de plus en plus importante en NBA, Kevin Durant est un cas à part. Si son physique et son arsenal représentent à merveille la nouvelle tendance NBA, son jeu reste old school. À l’heure où le 3-points est roi, KD est lui sur le trône du « pire tir possible », le tir à mi-distance. Et le Warrior n’est pas prêt à abandonner ce qu’il considère comme la base de son jeu offensif.
« Prendre des tirs à mi-distance, c’est ce qu’on m’a appris depuis que je suis gamin. Le tir à mi-distance fera toujours partie de mon jeu parce que c’est un tir qui est plus facile, » explique-t-il avant d’entrer dans les détails. « Vous ne voulez pas être obligé de jouer au bulldozer pour aller jusqu’au cercle sur chaque action car on y dépense beaucoup d’énergie. Et vous ne voulez pas juste prendre des tirs à 3-points parce que c’est un tir qui est plus compliqué car plus loin. Je peux tirer à 3-points. J’aime tirer à 3-points mais je ne les recherche pas. En revanche, je cherche les tirs à mi-distance et les tirs plus faciles. C’est le secret de ma réussite en fin de match car j’ai l’impression que si je me concentre sur ce genre de tirs pendant tout le match alors je peux avoir plus d’énergie dans le quatrième quart-temps. »
« 30 000 points, c’est le sommet pour un scoreur »
Depuis son arrivée en NBA, Kevin Durant a tout de même fait évoluer son jeu à mi-distance pour le rendre indéfendable. Entre alors en scène Dirk Nowitzki et son fadeaway sur une jambe. Après avoir perdu contre l’Allemand et les Mavs lors de la finale de conférence Ouest en 2011, Kevin Durant est allé voir son entraineur personnel en lui disant : « Je veux être capable de prendre ce tir ». Six ans plus tard, le tir de Nowitzki est devenu le tir fétiche de KD, et il en explique les raisons.
« Pendant le lockout, je travaillais avec Justin Zormelo et nous avions l’habitude de regarder beaucoup de vidéos. Nous venions de jouer Dirk en finale de conférence et la façon dont il scorait contre notre défense était tellement facile que je voulais être capable de faire la même chose, » confesse-t-il. « Je n’ai pas la même morphologie que Dirk et je ne suis pas défendu de la même façon mais j’avais l’impression que ce tir était indéfendable. Depuis l’été 2011, tous les jours j’ai pris et je prends toujours 100 tirs sur une jambe pour acquérir le touché nécessaire pour mettre ce shoot parce que c’est un tir difficile. Votre toucher doit être parfait et j’ai travaillé ce tir autant que possible pendant le lockout. Quand la saison a recommencé, j’étais à l’aise et c’est devenu mon signature shot. »
Destiné à aller titiller le record de Kareem Abdul-Jabbar après ses cinq premières saisons, Kevin Durant a dû revoir son objectif à la baisse. Les blessures avant tout, puis son départ pour Golden State l’empêcheront sans doute de devenir le meilleur scoreur de l’histoire mais quel chiffre peut-il atteindre avant la fin de sa carrière ?
« Peu importe… mais 30 000 points, c’est le sommet pour un scoreur. Il va falloir que je joue encore longtemps pour atteindre un tel chiffre mais je suis satisfait de ma trajectoire et de mes progrès, » lance-t-il. « On verra ce que le futur me réserve. Je ne veux pas mettre de limite à ce que je peux faire. »
Désormais dans sa onzième saison, Kevin Durant a toutefois une perspective différente sur sa carrière et sur le titre de meilleur scoreur de l’histoire. Pour lui, se concentrer sur les statistiques est trop réducteur.
« Vous ne pouvez pas simplement regarder les chiffres et dire que je suis le meilleur marqueur de tous les temps mais vous devez regarder mes matchs car mon talent, mon travail parlent d’eux-mêmes, » dit-il. « Regardez comment j’ai réussi à marquer autant de points, regardez mon efficacité et regardez le succès de mon équipe. C’est ça qui m’intéresse plus que tout. Je veux juste que les gens me regardent jouer pour voir comment je crée ce que je crée. C’est ma forme d’art et j’essaie de m’exprimer à travers mon jeu. Alors au lieu de regardez mes chiffres, regardez moi jouer. »