Etre entraîneur n’est pas un métier de tout repos, parfois injuste et précaire. Cette réalité n’est pas différente en NBA. Cela classe un peu plus la performance que s’apprête à réaliser Erik Spoelstra cette saison. L’entraîneur de Miami va ainsi disputer sa dixième saison consécutive sur le banc du Heat, une longévité rare dans la ligue nord-américaine.
Promu « head coach » en 2008-2009 après onze saisons en tant qu’assistant pour l’équipe floridienne, le technicien va donc atteindre une décennie à sa tête, pas moins d’un tiers de l’histoire de la franchise ! Seul Pat Riley a été plus longtemps coach dans sa jeune histoire avec 11 saisons passées sur le banc, mais en deux périodes. Avec un dixième exercice consécutif, Erik Spoelstra (46 ans) fait déjà mieux que son actuel patron dans l’histoire du Heat.
« Quand j’ai décroché ce poste, Pat m’a dit : Tu vas juste cligner des yeux et dix ans se seront passés, juste comme ça », s’est souvenu Erik Spoelstra pour le Sun Sentinel. « Et me voilà entrant dans ma dixième saison. Cela passe vraiment tellement vite. »
Derrière Gregg Popovich, à égalité avec Rick Carlisle, et devant tous les autres
Cette période place pourtant Erik Spoelstra dans le cercle restreint des coaches ayant passé au moins dix saisons de rang sur un même banc en NBA. Certes, les 30 entraîneurs à la reprise du championnat seront les mêmes que ceux ayant terminé l’exercice précédent, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire de la ligue. Et parmi ceux-là, la moitié n’a évolué que dans une seule franchise. Mais seul Gregg Popovich (San Antonio) peut se targuer d’une plus longue longévité chez les siens que son homologue de l’AmericanAirlines Arena parmi les techniciens en activité. Rick Carlisle, arrivé à Dallas onze jours après la signature de son homologue du Heat, les rejoindra dans le « Club des Dix » également cette saison.
Plus qu’une longue histoire, Erik Spoelstra a su faire perdurer une tradition de succès née de la génération Alonzo Mourning – Tim Hardaway jusqu’à emmener les siens au sommet. Avec 510 victoires en 835 matches en tant qu’entraîneur du Heat (playoffs compris), son bilan le place dans le Top 25 des meilleurs ratios de l’histoire, devant des entraîneurs mythiques comme Jerry Sloan (Utah), Chuck Daly (coach des Bad Boys de Detroit) ou encore son ancien mentor Stan Van Gundy.
Des « tempêtes », des « secousses » et beaucoup de réussite
Avec Spo’ à sa tête, le Heat n’a manqué les playoffs qu’à deux reprises, atteignant les finales à quatre reprises avec le trio phare LeBron James – Dwyane Wade – Chris Bosh, pour deux titres en 2012 et 2013. Alors que l’on prédisait la franchise vers la reconstruction, Miami n’a finalement manqué les phases finales la saison dernière qu’à la défaveur d’une égalité avec les Bulls pour la huitième place de la Conférence Est.
« On a su traverser de nombreuses tempêtes. J’ai pu grandir incroyablement en tant qu’entraîneur grâce à la foi que Pat Riley et Mickey Arison (le propriétaire du Heat) ont eu en moi, et j’ai pu poursuivre ma route malgré quelques secousses sur le chemin. »
Et malgré ces perturbations, comme en vivent tous les techniciens NBA, Erik Spoelstra ne garde que peu de regrets de ces dix années. Il n’y a finalement que sa gestion de la série face aux Hawks, la toute première de sa carrière lors des playoffs 2009, qui lui laisse encore un goût amer. Le Heat avait été sorti au premier tour par Joe Johnson et consorts au match 7. « Il ne se passe probablement pas deux semaines sans que je n’y repense », concède le natif de l’Illinois. « Ce n’est certainement pas très sain, mais je pense que vous devez en passer par là. »
Devenu un des « head coach » les plus respectés de NBA, Erik Spoelstra va désormais s’atteler à ramener Miami en playoffs et démarrer un nouveau cycle avec Hassan Whiteside en clé de voûte. Pour peut-être dix nouvelles années de bonheur.