En deux jours, Kevin Séraphin est passé par tous les états. Très souriant et disponible lors du Média Day lundi 31 juillet à l’INSEP, le pivot de l’équipe de France était loin d’imaginer que, quelques heures plus tard, les Pacers n’activeraient pas l’option sur sa seconde année et mettraient donc un terme à leur collaboration.
Mais le Guyanais a immédiatement rebondi pour s’engager pour deux ans avec Barcelone, l’une des grosses cylindrées européennes. Plusieurs équipes NBA avaient un oeil sur lui, mais à 27 ans, en manque de temps régulier et de responsabilités, l’intérieur des Bleus a donc décidé de revenir en Europe pour retrouver ce qui est sans doute le plus important : prendre du plaisir. En marge de sa visite médicale en Catalogne, il s’est confié à Basket USA.
Kevin, vous êtes aujourd’hui un joueur du FC Barcelone. Quelle est votre première réaction ?
Tout d’abord, il y a une chose que j’aimerais dire et rectifier, c’est que le choix de venir ici c’est ma décision. Dès que j’ai appris que les Pacers ne me gardaient pas, alors nous avons souhaité rentrer en Europe et négocier avec le FC Barcelone. J’ai lu ses derniers jours dans la presse des personnes dire « Il n’a pas eu de propositions en NBA, c’est pour ça qu’il rentre en France… » Ce n’est pas vrai. Si j’avais attendu une ou deux semaines alors oui j’aurais eu des propositions d’équipes NBA. Je veux que l’on soit clair sur ça, c’est moi qui ai pris cette décision parce, ça m’intéressait de venir à Barcelone et je pense que c’est la meilleure chose que j’avais à faire pour la suite de ma carrière.
Quelles sont les raisons qui ont dicté votre choix, de mettre entre parenthèses votre carrière NBA à seulement 27 ans?
Prendre du plaisir et être heureux. J’ai besoin de jouer, d’être épanoui et d’être en confiance sur le terrain. La NBA c’est bien, mais je n’ai pas eu de temps de jeu régulier. Il était temps de casser cette spirale. À chaque fois, rester dans une franchise, ne pas jouer, changer de ville assez souvent, tout faire pour s’acclimater à une nouvelle vie, une nouvelle franchise, de nouveaux coéquipiers, c’est assez complexe. Mais attention, je n’abandonne pas. La NBA reste dans un coin de ma tête, mais il est important de montrer durant mes deux prochaines saisons ici, ce que je suis capable de faire sur un terrain. C’est une bonne chose pour moi de rentrer en Europe, de jouer et d’avoir des responsabilités.
Un seul mot d’ordre : prendre du plaisir
Malgré une saison convenable et des playoffs satisfaisants, Indiana décide de vous couper…
Toute la saison, ils avaient émis le souhait de me garder. C’est pour ça lundi que je dis dans la presse, que je suis bien à Indiana et que je n’avais aucun contact avec le FC Barcelone. Jusqu’à lundi après-midi et le déplacement à Pau, je suis un joueur des Pacers. C’est à mon arrivée à Pau, qu’ils m’ont indiqué qu’ils n’activaient pas ma seconde année. J’avoue que je n’ai pas compris, et que je ne comprends toujours pas. Mais c’est comme ça, c’est la NBA, c’est un business, tout le monde le sait et malheureusement on n’y peut rien, maintenant faut avancer…
Vous arrivez à Barcelone dans un club qui a passé une saison dernière assez compliquée, quelles sont vos ambitions personnelles mais aussi collectives?
Je veux gagner. Gagner des titres le plus rapidement possible. Barcelone est une grande équipe et j’espère, moi aussi, écrire l’histoire de ce club. Je rentre en Europe, je sais que je vais être attendu. Beaucoup de gens vont me regarder, me suivre et attendre que je réponde présent. Je viens de NBA, tout le monde sait que j’ai un potentiel et du talent mais je ne peux pas rester un potentiel toute ma vie. Je le répète je veux gagner des titres, faire mieux que l’an dernier. Le championnat, le Final Four de l’Euroligue sont des objectifs que je me suis fixés. Je me sent prêt et j’ai envie de répondre présent.
Les retrouvailles avec Thomas Heurtel
Durant ces sept dernières années passées outre-Atlantique, avez-vous eu le temps de continuer à suivre l’Euroligue?
C’est dur de suivre. Je regarde quand je peux, mais suivre c’est compliqué. Bien sur que je regarde le Final Four où les gros matchs, mais quand tu joues 82 matchs dans ton propre championnat, c’est assez compliqué de suivre les autres.
Le rythme en Europe sera complètement différent de ce que vous avez connu. Pourtant, entre le championnat et la nouvelle formule de l’Euroligue, il y a presque autant de matches qu’en NBA…
J’ai tout de même l’habitude de faire des saisons à 82 matchs, et je pense que pour un joueur NBA qui vient jouer en Europe cette nouvelle formule ne le change pas trop. Tu joues parfois quatre matchs par semaine, avec des back to back, le rythme est fou. Je pense que ça va me servir ici. Pour un joueur européen qui n’a malheureusement jamais connu de saison NBA, alors oui cela peut être contraignant, c’est sans doute pour cette raison qu’il y a eu autant de blessés l’an dernier en Euroligue. Moi je pense pouvoir être en mesure d’enchainer les matchs.
Au basket l’axe 1-5 est très important, vous allez retrouver un meneur des Bleus : Thomas Heurtel…
C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis engagé. Thomas, on jouait déjà ensemble en U20, aujourd’hui nous sommes ensemble en équipe de France. Je l’ai aussi côtoyé à Vitoria lors du lockout en 2011. Nous sommes complices sur mais aussi en dehors des terrains. Il sait comment me servir, comment me mettre en valeur pour que je sois le plus efficace possible. Il était important pour moi de jouer avec des joueurs qui me correspondent et Thomas en fait partie. Avec un meneur comme lui, je ne peux que briller. Je suis heureux d’être à ses côtés et j’espère que l’on va remporter des titres ensembles.
« Ce retour en équipe de France me tient à coeur »
Après cinq ans, vous voilà de retour en équipe de France. On vous sent heureux de retrouver le maillot bleu ?
Ce retour en équipe de France me tient à coeur. C’est quelque chose que je ne peux pas et que je ne veux surtout pas manquer. Donc je me suis préparé pour être prêt dès le début du stage en bleu. Je suis motivé, j’ai envie de tout casser (rires) et de soigner ce retour en bleu.
Les absences de Rudy Gobert et Moustapha Fall privent la France de taille. Mais votre présence permet aux Bleus d’avoir une menace offensive supplémentaire notamment sur le poste bas ?
Le manque de taille il faut le combler. C’est à Vincent (Collet) de trouver les solutions. Mais je ne suis pas inquiet, c’est un technicien, il va trouver les solutions. Il est vrai que nous n’avons pas les tours jumelles habituelles, Rudy (Gobert), Moustapha (Fall) ou même Alexis (Ajinca), mais c’est à nous de nous adapter, nous sommes pas les seuls à ne pas avoir de géant. Nous avons de quoi compenser ce manque de taille.
Etre performant lors de ce Championnat d’Europe peut vous permettre d’arriver en Catalogne fin septembre avec énormément de confiance et de certitude sur le fait de pouvoir dominer en Europe ?
On ne va pas se voiler la face… Si je fais un gros championnat d’Europe, il est fort possible que ma confiance soit au plus haut quand je vais commencer la saison ici avec Barcelone. Et vice versa, si je passe à côté, il faudra surmonter cette déception pour ne pas entacher mon début de saison. Mais je prends ça étape par étape et la première, c’est le championnat d’Europe. Je sais que je vais être attendu lors de cette compétition notamment en France. Je sais que certains attendent que je réussisse, d’autres que je me rate… Mais c’est à moi de venir et de faire ce que j’ai à faire. Une chose est sûre : je suis prêt !
Propos recueillis à Barcelone