Passer de 5 points de moyenne à 23 points, 4 rebonds et 4 passes n’est pas une mince affaire en NBA. C’est pourtant ce qu’a réussi à faire CJ McCollum à Portland. L’arrière titulaire des Blazers forme, avec Damian Lillard, un des plus féroces duos de scoreurs de la ligue. Et pour celui qui a depuis signé un gros contrat, ce parcours est une source de fierté.
Un sacré programme pour l’été
« C’est une expérience unique, c’est clair », avance CJ McCollum sur Hoopshype. « Quand je suis sorti de la fac, personne ne me connaissait vraiment et on s’interrogeait sur ma capacité à jouer à ce niveau. Si je pourrais tenir face à la compétition. Et puis, j’ai été blessé tôt dans ma carrière NBA. Je ne jouais pas bien. Je me souviens, à l’époque, sur les réseaux sociaux, je voyais des tweets avec mon nom et une émoticône poubelle. C’était dur à avaler mais ça m’a rendu humble. »
Il faut alors continuer de bosser malgré tout, en attendant la moindre opportunité.
« Pendant un temps, j’allais à la salle en sachant que je ne jouerais pas. J’avais ma copine, ma famille qui étaient dans le public mais je savais que je n’allais pas jouer. Je suis tout de même heureux d’en être passé par là car j’apprécie d’autant plus mon succès aujourd’hui. Ça me pousse également à continuer à travailler dur. De la même manière que je suis arrivé là où j’en suis, je peux retomber là où j’étais. Avant, je prenais le métro à New York et j’étais tranquille. Maintenant, on me reconnaît davantage et je suis reconnu aussi à l’étranger. J’en suis très heureux car c’est pour ça que je travaillais. Je suis titulaire dans mon équipe depuis deux saisons, j’ai signé un gros contrat. C’est ce que je recherchais. »
Comme nombre de ses collègues, CJ McCollum est assez présent sur les réseaux sociaux. Mais est-ce que ces « haters » qui pullulent sur la toile lui servent de motivation supplémentaire ? CJ dit niet !
« Je ne me sers pas de ça comme une motivation. J’ai suffisamment de motivation en jouant pour ma famille, mon nom et mon amour du jeu. Mais bon, c’est toujours marrant de pouvoir retenir certaines choses qu’on dit sur moi et de les ressortir. En l’occurrence, quelqu’un avait dit que je ne resterais pas plus de cinq ans en NBA… et j’ai bien envie de ressortir ce tweet car je vais commencer ma cinquième année la saison prochaine. Avec un contrat de quatre ans, ça m’amènera au moins à neuf saisons… De toute manière, rien de tout ça n’est vraiment grave. Ma famille est bien plus directe et dure avec moi, car ils veulent le meilleur pour moi. J’ai déjà tout entendu. »
Réputé pour son intelligence sur et en dehors des terrains, CJ McCollum a également développé une éthique de travail exceptionnelle. De par ce parcours semé d’embuches notamment.
Et cet été, comme l’an passé, l’ancien de Lehigh a bien l’intention de bosser d’arrache-pied.
« En général, je commence la journée sur le terrain à 7h ou 8h, selon si je fais un peu de musculation ou pas. Mon préparateur physique est avec moi en ce moment, donc je vais en musculation à 7h, sur le terrain à 8h. Ensuite, je prends une petite douche et je vais au boulot pour mes interviews et mon stage [en journalisme, ndlr]. Et en fin de journée, je fais un peu de hot yoga, selon la récupération de mon corps aussi. Et quand je ne travaille pas, je fais mon yoga à 6h. Ensuite, je vais sur le terrain pour progresser sur certains gestes. Après, on enchaîne avec la musculation. On fait du renforcement musculaire selon un programme fait pour me maintenir au niveau où je suis. J’essaie de faire tout ça le matin. Parfois, je termine vers 10h30 ou 11h et après, j’ai la journée libre. J’ai passé pas mal de temps à New York. Et je fais aussi des petites séances de shooting le soir. Pour garder le rythme et peaufiner certains détails. Je dis toujours que plus on travaille, plus on aura de chance. Et jusqu’à maintenant, j’ai eu pas mal de chance. »
Un peu comme DeMar DeRozan, CJ McCollum fait partie de cette race de joueurs en voie d’extinction, qui raffolent du jeu à mi-distance. La différence, c’est qu’il peut également s’écarter derrière l’arc, ainsi que le confirment son 42% sur la saison passée, son meilleur pourcentage en carrière. Infatigable perfectionniste, il en veut toujours plus.
« Je veux continuer à m’améliorer. Que ce soit sur mes points forts ou sur mes points faibles. Je veux travailler ma rapidité sur les déplacements latéraux pour la couverture défensive. Sur les pick & roll, on travaille la lecture de la défense pour anticiper davantage les différentes situations. Offensivement, je veux travailler ma qualité de passe en limitant le plus possible les balles perdues. Continuer d’aller sur la ligne des lancers, travailler les finitions près du cercle, gagner en force physique pour aller au bout des actions. Chaque année, on prend de l’expérience et on comprend le jeu un peu mieux. Je suis devenu de plus en plus efficace et je veux continuer comme ça. J’ai pu jouer 80 matchs cette saison comme titulaire et je veux garder cette dynamique. »
Prochaine étape : une cape All Star
Titulaire depuis deux saisons dans l’Oregon après ses deux premières campagnes partagées entre l’infirmerie et le banc, CJ McCollum a franchi un premier palier, consacré par la signature de son contrat en or massif (106 millions sur quatre ans). Désormais, le jeune homme de 25 ans vise un nouvel objectif prestigieux : le All-Star Game.
« Du point de vue physique mais aussi basket, je continue d’apprendre. Je pense avoir beaucoup progressé depuis mon année rookie mais j’ai encore une grosse marge de progression. Je peux encore m’améliorer sur les choses que je sais bien faire et élever encore mon niveau de jeu pour passer des meilleurs sur mon poste au statut de All Star. C’est la prochaine étape pour moi. Plus tu gagnes de matchs, plus on te donne de la reconnaissance. Je veux continuer à aider mon équipe à gagner. »
À la recherche de l’efficacité pure et parfaite, CJ McCollum ne ménage donc pas ses efforts durant l’intersaison. Friand de « hot yoga », le natif de l’Ohio est prêt à toutes les expériences pour augmenter son niveau de jeu.
« C’est beaucoup d’efforts. On se sent parfois au bout du rouleau. Mais c’est pour ça qu’il faut se pousser au maximum durant l’intersaison. C’est pour ça qu’on travaille dur l’été, c’est pour être capable de résister aux rigueurs de la saison. À mesure que je prends de l’âge et que je deviens plus costaud, il s’agit de travailler dur et travailler intelligemment. Que ce soit la récupération, les massages, ou la méditation, toutes ces petites choses qui peuvent me donner un avantage, je suis prêt à le faire. »
Appliqué et soigneux dans sa préparation estivale, on comprend ainsi mieux comment les Blazers sont tombés sous le charme de leur jeune arrière. Discret dans la veine d’un Hersey Hawkins, CJ McCollum aura l’occasion la saison prochaine d’enchaîner une cinquième année consécutive en progression statistique.
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.