Dans sa quatrième campagne à 24 ans, Rudy Gobert n’en finit plus de faire gonfler ses stats… et tourner les têtes ! Le pivot tricolore tourne à 14 points, 13 rebonds et quasiment 3 contres par match avec 66% de réussite aux tirs et des stats défensives qui en font un des trois candidats principaux pour le titre de meilleur défenseur de la saison.
Dans cette fin de saison, BasketUSA a fait le bilan avec la « Stifle Tower », ses premiers playoffs au tournant…
« On veut l’avantage du terrain en playoffs »
Rudy, vous vous inclinez face à Portland, est-ce que le fait d’être déjà qualifié en playoffs joue un peu dans votre esprit ?
« Non, le but est d’aller chercher la 4e place. Oui, on est en playoffs mais on joue pour la 4e place. »
Damian Lillard a pris feu, que s’est-il passé défensivement de votre côté ?
« Il a un peu tout fait : du trois points, il a été sur la ligne [des lancers] quand il voulait… On a fait un bon 2e quart temps défensif mais sinon, c’était compliqué. On n’a pas mis dedans non plus. Il aurait fallu qu’on défende un peu mieux. »
Même si vous cherchez la 4e place, quel bilan faites-vous de cette saison, sachant que vous êtes tout de même dans les meilleures équipes de l’Ouest ? C’est positif quand même…
« Bien sûr. On est content de faire les playoffs, on est content de la progression globale de l’équipe. Malheureusement, on a encore eu beaucoup de blessures. Du coup, je pense qu’on aurait pu faire encore mieux. Mais le but est encore d’aller chercher le titre. On va aller en playoffs en prenant les matchs les uns après les autres. On va essayer d’aller le plus loin possible. »
Les playoffs approchant, est-ce qu’il n’y a pas tout de même la tentation de se projeter sur le duel à venir (face aux Clippers) ? Quelle est l’approche des derniers matchs ?
« On essaye de gagner les matchs. Comme j’ai dit, on veut essayer d’avoir l’avantage du terrain. »
Vous êtes tout proche des 50 victoires, un cap important pour votre franchise qui n’a plus connu ça depuis 2010…
« C’est clair. On a gagné la division et ça faisait un moment que ça n’était pas arrivé [depuis 2008, ndlr]. Encore une fois, ça ne veut pas dire grand-chose non plus. Le plus important, c’est de voir ce qu’on va faire en playoffs. »
Est-ce que vous sentez que la perception évolue autour de votre équipe ? Que les autres équipes commencent à sentir que vous êtes redevenu une place forte de la conférence Ouest.
« Tu sens que le respect se gagne petit à petit. Après, on reste un petit marché donc on n’a peut-être pas l’attention qu’on devrait avoir mais ce n’est pas grave. On se concentre sur notre basket et on continue de progresser. »
Et individuellement, quel bilan tirez-vous de cette saison à 14 points, 13 rebonds et 3 contres par match ?
« C’est déjà une bonne chose que je n’ai pas connu de grosse blessure. Je suis content de ça car j’ai travaillé dur cet été pour être en forme et plus costaud. Ensuite, je suis content de ma progression mais je sais qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire. Au final, j’essaie juste d’aider mon équipe à gagner et quand mon équipe gagne, ça montre qu’on a tous progressé. »
Peut-être l’avez-vous vu passer mais vous venez de passer le cap des 1000 points, 1000 rebonds et 200 contres. Qu’est-ce que ça vous inspire de faire partie d’un groupe de 11 joueurs (Kareem Abdul-Jabbar, Shaquille O’Neal, Hakeem Olajuwon, Tim Duncan, Elvin Hayes, Dwight Howard, David Robinson, Artis Gilmore, Bob Lanier, Bob McAdoo et Dikembe Mutombo) dans toute l’histoire de la ligue à avoir réussi cet exploit, dont 9 déjà au Hall of Fame ?
« C’est pas mal. J’ai 24 ans et ce sont des gars qui ont réussi à durer. Le but, c’est de continuer à progresser et de continuer à porter mon équipe année après année. »
« Le plus important, c’est l’impact défensif »
Par rapport au titre de meilleur défenseur de l’année, où situez-vous vos chances dans le débat avec Draymond Green et Kawhi Leonard ?
« Ce sont les médias qui votent. Mais peu importe comment tu défends, je pense que le plus important, c’est l’impact. Et celui qui impacte le plus le match défensivement devrait avoir la récompense. Pour moi, peu importe. Les gens parlent de certains joueurs qui sont plus polyvalents, d’autres qui sont plus dans la raquette mais l’important, c’est l’impact que tu as. Je n’ai pas envie de défendre mon cas mais l’impact, ce n’est pas seulement les contres, c’est la dissuasion et rentrer dans la tête des joueurs. Même quand je ne suis pas le défenseur sur le ballon, j’ai quand même un impact parce que les mecs, ils savent que s’ils drivent, je vais être là. Et ça autorise mes coéquipiers à être plus agressifs et à couper les trois points, parce qu’ils savent que je suis derrière. »
Est-ce que vous remarquez ça de match en match cette saison : que vos adversaires ont cette tendance à précipiter leurs tirs face au Jazz, justement parce que vous avez maintenant imposé cette image du contreur ?
« Bien sûr. C’est ce que je dis toujours, les meilleures défenses ne sont pas forcément celles où j’arrive à contrer la balle. Ce sont celles où les gars prennent un mauvais tir ou ils commettent une perte de balle parce qu’ils me voient arriver, ou ils changent leur manière de tirer. »
On en parlait à Quin Snyder avant le match et il nous disait que vous savez déjà que vous êtes un des meilleurs défenseurs de la ligue, vous n’avez pas besoin d’en avoir la confirmation par ce trophée de DPOY. Qu’en pensez-vous ?
« C’est vrai, je suis d’accord avec ça. C’est super de gagner une récompense comme ça. Mais je sais très bien que Draymond Green fait une très bonne saison. Je veux juste que ce soit celui qui le mérite le plus qui l’ait. J’espère juste que ce sera honnête, car ce n’est pas tout le temps le cas malheureusement. Quoiqu’il arrive, respect à tous les candidats. Kawhi fait partie des candidats au titre de MVP. Même s’il ne fait pas une saison aussi forte défensivement que l’an passé, il est encore là des deux côtés du terrain. C’est un des meilleurs joueurs du monde en ce moment. »
On sait que vous vous étiez un peu emporté après une défaite récemment, avant de vous excuser de cette sortie médiatique. Comment arrivez-vous à gérer cette envie de tout gagner ?
« C’est vrai que je déteste perdre. L’important, c’est qu’on veuille tous gagner et que tout le monde tire dans la même direction. »
Vous allez connaître les playoffs pour la première fois de votre carrière, comment abordez-vous ça ?
« Je n’y pense pas vraiment encore. Je reste concentré sur la fin de saison. Les playoffs, ça reste du basket… »
Avec une intensité supérieure tout de même.
« Oui, bien sûr. Tu joues pour le titre. Je fais tout le nécessaire pour être au top de ma forme. Je veux faire mon mieux pour aider l’équipe à gagner. »
Par rapport au prochain EuroBasket, on sait que Nicolas Batum a déjà dit non. Où en êtes-vous dans votre réflexion ?
« Pour l’instant, non. On verra après la saison. Pour l’instant, je suis concentré sur ma saison. On verra. »
Avez-vous suivi les déclarations de Joffrey Lauvergne à ce sujet ? Il a dit qu’il regrettait que certains se trouvent des excuses pour ne pas venir et qu’il n’y a pas de continuité, année après année, d’un groupe commun…
« Je ne savais pas non. Il s’est exprimé et c’est bien qu’il dise ce qu’il ressent. Chacun est différent. C’est compliqué d’en dire beaucoup plus car on adore tous défendre notre pays. »
Propos recueillis à Portland