Il était arrivé à Portland rasé de près, avec la coupe militaire quasiment. C’était en 2006, il avait 20 ans. Depuis, il a laissé poussé une barbe bien nourrie et une petite touffe de cheveux. On est en 2017 et il a 30 ans… et puis, il évolue désormais chez les Sixers.
Sergio Rodriguez (8 points, 5 passes en 22 minutes de moyenne) est revenu en NBA avec un tout autre statut. MVP de l’Euroleague, champion d’Europe, Rodriguez a tout raflé sur le Vieux Continent avec le Real Madrid.
Pour son retour dans l’Oregon, qu’il considère « comme sa maison aux Etats-Unis », le meneur ibère a fait le bilan avec Basket USA. « El Chacho » se souvient du « Spanish Chocolate »…
Sergio, vous revenez là où tout a commencé, à Portland, est-ce toujours aussi particulier ?
« Oui, je n’ai que des bons souvenirs de Portland. Pas seulement pour le basket mais aussi pour la ville. J’ai adoré vivre ici, les gens savent prendre le temps de vivre ici. C’est toujours un bon moment pour moi de revenir ici. On n’a pas beaucoup le temps de traîner et de se balader mais j’ai pu revoir quelques amis. C’est toujours un plaisir de revoir cette salle, car c’est là où mon rêve de jouer en NBA s’est réalisé. »
Avec le recul, qu’est-ce qui n’avait pas marché selon vous lors de votre première expérience en NBA ?
« C’était un grand changement pour moi. J’avais 20 ans. Je ne parlais pas encore très bien anglais. Ce n’était pas facile mais j’ai tout de même apprécié ma période ici. J’estime que venir en NBA à ce moment-là, c’est un peu comme aller à l’université pour d’autres joueurs. Comme un diplôme à passer car j’ai dû résoudre mes problèmes par moi-même et apprendre à vivre seul. C’était une très bonne expérience malgré tout. »
Qui étaient vos coéquipiers les plus proches à cette époque, pour vous aider à vous adapter justement ?
« Il y en a plusieurs, ça dépend des saisons. LaMarcus Aldridge en est un. On a passé trois saisons ensemble et on avait une très bonne alchimie tous les deux sur le terrain. Ime Udoka aussi. Rudy [Fernandez] évidemment. Channing Frye. On avait beaucoup de jeunes joueurs dans cette équipe et on était très soudés. »
Qu’est-ce qui a changé pour vous pour cette deuxième aventure en NBA ?
« C’est totalement différent de la première fois. Déjà parce que je suis venu avec ma famille et ma vie est complètement différente. Et puis, après avoir joué quatre ans en NBA, puis six en Espagne, j’ai engrangé beaucoup plus d’expérience. J’essaie de ne rien forcer et surtout de vraiment apprécier chaque situation qui m’arrive. Tout en continuant de travailler dur pour m’améliorer. »
Vous avez connu énormément de succès avec le Real Madrid de retour en Europe, avec un titre de MVP d’Euroleague en 2014 puis la couronne européenne en 2015. A quel moment avez-vous décidé qu’il était temps de revenir tenter votre chance en NBA ? Quel a été le déclic ?
« Je n’ai pas forcément eu un déclic. [Quand j’étais à Madrid], je ne voulais pas forcément penser à un retour en NBA. J’appréciais le moment. Simplement, la carrière d’un basketteur va si vite qu’il faut vraiment profiter de chaque instant, de chaque saison. J’ai énormément apprécié mon expérience à Madrid et maintenant, j’essaie d’apprécier au maximum ma période ici. »
Vous étiez un rookie à Portland et maintenant, vous êtes un vétéran dans une équipe de jeunes. C’est une situation complètement inverse…
« C’est un grand changement pour moi, c’est sûr. C’est la première fois de ma carrière que je suis le joueur le plus vieux de mon équipe ! J’essaie de donner des conseils à mes coéquipiers, j’essaie de les aider à trouver leur routine et qu’ils prennent soin de leurs corps et de leur état d’esprit. »
Les Sixers sont une équipe très internationale, est-ce quelque chose que vous appréciez ?
« Oui, c’est différent. On a Timothé de France, Dario de Croatie, Ben d’Australie. Ils sont tous les trois nouveaux dans cette ligue et ils sont encore en plein apprentissage. J’essaie donc de les aider avec mon expérience. Pas uniquement sur le terrain mais aussi en-dehors. »
Il y a l’EuroBasket en septembre prochain, y pensez-vous déjà ou c’est encore trop loin ?
« Non, c’est trop loin. On a encore un mois de compétition ici, si on ne fait pas les playoffs. Je veux rester concentré sur ce que je dois faire. Jouer pour l’équipe nationale est évidemment une réelle fierté mais on y pensera quand le moment sera venu. Je veux profiter de cette fin de saison avant. »
Propos recueillis à Portland
https://www.youtube.com/watch?v=UVwgig-yRg4
Very happy to play in this arena #RipCity#GameDay pic.twitter.com/aTivZwNao3
— Sergio Rodriguez (@SergioRodriguez) March 9, 2017