Dans l’histoire riche de notre sport préféré, il est l’un des rares à avoir réalisé cet exploit. Nicolas Batum n’a certes pas conservé la box score de son « five by five » (plus de cinq unités dans cinq catégories statistiques) mais il est l’un des seuls joueurs à pouvoir se targuer d’avoir réussi un « cinq par cinq » avec 10 passes.
Dans sa deuxième saison avec les Hornets, Nicolas Batum est désormais un vétéran. C’est la neuvième campagne de l’ancien adolescent que nous avions découvert du côté d’Antarès avec le MSB d’un certain Vincent Collet…
Nicolas Batum, un leader chez les Hornets
Free agent cet été, l’ailier tricolore avait l’opportunité de tester le marché. Mais il a décidé de rester avec les Hornets, à la fois car il y avait les Jeux Olympiques à gérer et parce que l’offre de Charlotte a été plutôt alléchante. La réunion pour convaincre Nicolas Batum s’est déroulée ainsi…
« Quand je rentre dans la pièce, il y avait beaucoup de monde », décrit-il pour le Lowe Podcast. « Le GM, l’assistant GM, le président. Michael [Jordan] n’était pas là… c’est un homme occupé ! Kemba Walker était là. MKG aussi. La réunion s’est passée à Dallas car c’est là que mon agent est installé. Kemba a été le premier à parler. Il a dit combien il appréciait ce que j’apportais à l’équipe, ce que je lui apportais personnellement aussi. Michael a fait la même chose après, c’était vraiment cool. C’était touchant. Et puis après, ils ont montré une vidéo de Rich Cho qui est allé en France pour voir tous les lieux de mon enfance. Ils ont interviewé mes anciens coachs, des anciens coéquipiers, c’était vraiment sympa. »
Forcément touché par cette attention, Nicolas Batum a décidé de revenir en Caroline du Nord. Et il ne regrette pas sa décision.
« C’est ce que j’aime avec notre équipe, on n’a pas de nom ronflant mais chacun apporte sa spécificité, ses qualités à l’équipe. L’an passé déjà, c’était comme ça et on a fini avec le même bilan que Boston, Atlanta et Miami. Des équipes qui ont des All Stars, et on avait le même bilan. Ce n’était pas un accident. »
Bien qu’ayant perdu trois joueurs importants de leur effectif de l’an passé (Lin, Lee, Jefferson), Nicolas Batum ne pense pas que ses Hornets aient régressé dans la hiérarchie à l’Est. Les tauliers du vestiaire sont toujours là !
« Kemba et Marvin [sont ceux qui parlent]. Marvin est un des meilleurs coéquipiers que j’ai eus dans ma carrière. Il est toujours positif. Son éthique de travail est exemplaire. C’est sa personnalité, il est toujours heureux ! »
Devenu papa cet été, Nicolas Batum a logiquement changé de braquet. Vétéran, papa, l’ancien patrouilleur des airs de son temps à Portland est devenu un formidable couteau suisse capable de tirer de loin. Une évolution normale et bienvenue, sur et en dehors des terrains.
« C’est super. Avant, on me demandait souvent ce que je faisais quand je ne joue pas au basket… Maintenant, je sais ce que je dois répondre : je suis papa. Quand je ne suis pas en déplacement, j’essaie vraiment d’en profiter au maximum. Ma femme s’en occupe très bien. On commence à lui faire des petits plats. Le seul truc, c’est de changer la couche. J’ai encore du mal… Mais je le fais quand même ! »
Encore plus à l’aise pour délivrer un caviar en pick & roll que pour changer son bébé, il ne fait aucun doute que le normand arrivera bientôt à inverser la tendance. En tout état de cause, il aime toujours autant parler basket.
Brandon Roy, l’étoile filante de Rip City
Et forcément, on en revient toujours à Portland. Regrettant amèrement la malchance qui a plombé la carrière de Greg Oden (« un bon gars qui a vraiment tout fait pour réussir »), Nicolas Batum garde une admiration toute particulière pour un autre ancien coéquipier, aussi à la retraite à cause de genoux en sucre : Brandon Roy.
« On en parlait il y a deux jours avec MKG. Il me demandait depuis combien de temps je suis dans la ligue. Je lui ai dit que c’était ma 9e saison. Ensuite, il m’a demandé qui était le meilleur joueur avec qui j’ai joué. Et ma réponse a fusé : Brandon Roy. J’ai joué trois ans avec lui. Et à l’époque, au poste d’arrière, il y avait Kobe, D-Wade et lui. Il était très, très fort ! »
En 2011, face aux Mavs, Brandon Roy lâche son dernier chef d’oeuvre lors du match 4.
« On était à -20, le match était plié… Mais Brandon était incroyable. Franchement, j’étais vraiment un fan de son jeu. Et sur ce match, je jouais 4 et à la fin, je m’en fichais, je ne faisais plus que des écrans pour lui. Et je le regardais jouer. J’étais spectateur du match… sur le parquet ! C’était une performance incroyable. C’est ce que la NBA fait de mieux. Ce genre de performance magique en playoffs. Et il l’a fait ! »
Autre performance remarquable en playoffs, trois ans plus tard, avec ce fameux tir décisif de Damian Lillard pour gagner la série de playoffs face à Houston.
« Ce n’était pas du tout le système prévu. En fait, il devait y avoir un écran pour faire diversion en tête de raquette et je devais envoyer la balle à LaMarcus près du cercle. Mais Dame était démarqué et il tapait dans ses mains : ‘Nic, Nic’. Je me suis dit : ok, je te fais la passe. Mais tu ferais mieux de rentrer ton tir. Changer le système de jeu à ce moment du match, il fallait oser ! »
Damian Lillard est depuis devenu le leader incontestable de la franchise de Portland. Mais ça n’a pas toujours été le cas. En fait, lors de la récente rencontre entre Mavs et Blazers, le meneur (42 points !) s’est même rappelé au bon souvenir de son prédécesseur, un certain Wes Matthews.
« Quand on a fait venir Arron Afflalo en tant que sixième homme, là je me suis dit qu’on pouvait faire quelque chose. Car on pouvait finir les matchs avec Damian, Wes, Moi, Afflalo et LaMarcus sur le terrain. C’était plutôt costaud. On se disait vraiment qu’on avait une chance. Les Warriors étaient déjà très bons, San Antonio aussi, mais au basket, on ne sait jamais ce qui peut se passer. On aimait vraiment nos chances… Malheureusement, Wes se blesse et après tout a changé. Quand je l’ai revu, il était anéanti ! C’est un dur à cuire, un vrai dur, mais là, c’était autre chose. Il était l’âme de notre équipe, notre vrai capitaine. Quand il y avait un problème, il était le premier à dire les choses. Et il gueulait sur tout le monde, peu importe qui c’était ! »
Désormais à Dallas, Wesley Matthews n’a pas encore renoué le fil de sa progression entamée en Oregon. Et le groupe des Blazers autour de LaMarcus Aldridge a complètement explosé. « Il était temps de tourner la page » conclut un Nicolas Batum finalement heureux d’être un leader complet à Charlotte.