Si l’intersaison 2010 aura été caractérisée par de nombreux agents libres disponibles sur le marché, 2011 devrait l’être par la négociation autour de l’accord collectif signé entre les joueurs et les propriétaires des franchises. La menace plane d’ores et déjà d’un « lockout », une grève générale, qui paralyserait le début de la saison 2011-2012, comme en 1999, où la saison régulière avait débuté en février et avait duré seulement 50 matchs.
NBA Fanhouse, qui dispose de contacts au niveau des propriétaires, des agents et des coaches, a réalisé un sondage non officiel. Sans donner de résultat chiffré, le site indique qu’une vaste majorité des personnes contactées prévoyait le « lockout » inévitable. L’un des propriétaires l’a même qualifié de « 100% certain ».
Il faut dire que les positions sont extrêmement divergentes.
D’un côté, les propriétaires veulent réduire la masse salariale. Ils souhaiteraient même aller plus loin et imposer le passage à un salary cap strict (hard salary cap), qu’il serait simplement impossible de dépasser. Ce serait la fin des exceptions, de la luxury tax et aussi des inégalités permettant aux clubs les plus riches d’utiliser ces exceptions pour obtenir des effectifs ultra-compétitifs (ou pas…).
De même, ils arrivent avec la volonté de réduire tout simplement le salaire des joueurs, de l’ordre de 30% pour les rookies (et donc à terme pour l’ensemble des joueurs).
De leur côté, l’exigence des joueurs est simple mais diamétralement opposée : reconduire l’accord collectif actuel, avec exceptions, salary cap souple et salaires inchangés.
Il faut ajouter que le montant surprise du salary cap de la saison prochaine (58 millions de dollar) et les contrats plutôt délirants signés depuis quelques semaines (Milicic pour 20 millions sur 4 ans, Outlaw pour 35 millions sur 5 ans) renforcent le sentiment que l’argent coule à flot.
Ceci radicalise les positions des uns et des autres. Les propriétaires affirment que les conditions de l’intersaison mènent à des excès que l’accord collectif doit corriger. Les joueurs observent que l’argent est bien disponible et qu’il n’y a aucune raison de changer.
L’évaluation du déficit de la NBA sur la dernière année en cours, fournie par David Stern, indiquait une perte de 370 millions de dollar. Ce chiffre semble donc bien révéler un problème. Soit, David Stern est président de la NBA et à ce titre choisi par les propriétaires. Néanmoins, la NBA fait l’objet d’audits sérieux et il est difficile de douter de la véracité d’une telle perte.
Avec de telles positions radicales, difficile d’éviter le pire. Et les propriétaires sont d’autant plus prêts que les joueurs ne touchent pas leur salaire durant le lock-out. Sachant que certains revenus persistent même durant le blocage, même de manière moindre (maillot, goodies, …), il est probable que la situation financière des clubs significativement déficitaires soit meilleure durant la grève !
Les joueurs, de leur côté, se préparent au pire. Ceux qui le peuvent font jouer leur player option pour signer un nouveau contrat régi par les règles actuelles. Il est en effet quasi impossible que le nouvel accord collectif soit rétroactif. Et tous se sont vu conseillé par le syndicat des joueurs de placer d’ores et déjà de l’argent de côté en prévision d’un conflit dur.
Au final, deux conceptions radicales risquent de s’opposer durant toute la saison prochaine. Le début de l’intersaison 2011 est en effet la date limite pour conclure un accord. Au delà, ce sera le conflit ouvert.