Nando De Colo retrouve les Bleus en patron

Il est le meilleur joueur d’Europe et il va porter la tunique tricolore cet été. Quelle chance a-t-on !

Nando De Colo a effectivement éclaboussé de tout son talent cette saison européenne, raflant pas moins de sept trophées dont le plus convoité, celui de l’Euroleague. MVP de la saison régulière, puis du Final Four, de la compétition reine, De Colo continue de se construire un palmarès digne des plus grands. 

« Nous concentrer sur notre équipe »

Mais le gamin d’Arras garde son humilité caractéristique, sa simplicité éternelle, son discours sans fioritures. Avec les Bleus, il sait qu’un nouveau défi, et de taille, se dresse devant lui.

« On sait que ça va être compliqué, et il faut s’y mettre dès maintenant, et dès [aujourd’hui] contre la Serbie. Ça va être un bon premier test pour savoir où on en est. Le plus important, c’est de se concentrer sur l’équipe qu’on a. C’est vrai qu’il nous manque des joueurs, mais entre nous, c’est ce qui se passe chaque été. On arrive souvent avec une équipe très forte sur le papier mais il y a des pépins physiques, des désistements. A chaque fois qu’on a fait des résultats, c’est quand on était concentré sur notre équipe. »

Malgré son nouveau statut, Nando n’a aucune intention de bousculer la hiérarchie déjà en place. L’arrière du CSKA Moscou, qui a prolongé avant l’été (qu’on espère) olympique, a donc l’esprit libre pour frapper fort à Manille.

« Je suis là pour aider l’équipe du mieux que je peux. Je fais partie des joueurs plus expérimentés maintenant, et avec les autres cadres, je vais essayer de mettre tout le monde sur les bons rails. J’essaye de garder le rythme que j’ai depuis ces deux dernières années, faire ce que je sais faire sur le terrain. L’année dernière déjà, mon rôle avait changé dans cette équipe. J’essaye de rester sur cette dynamique. Je sais qu’à côté de moi, il y a beaucoup de joueurs talentueux donc ça me permet de mieux m’exprimer. »

Un autre type de leadership pour les Bleus

Passé de joueur de banc chez les Spurs puis chez les Raptors, à leader au sein d’une des écuries les plus prestigieuses en Europe, De Colo n’a pas tremblé. Restant sur une dynamique impressionnante depuis son retour sur le Vieux Continent, l’arrière des Bleus n’a désormais plus peur de lever la voix. Comme lors du dernier Final Four pour remobiliser ses troupes…

« Ce n’est pas forcément nouveau. Je ne le faisais évidemment pas à Cholet, j’ai commencé à le faire un peu à Valence. Après en NBA, c’était totalement différent. C’est ce que j’ai appris à faire plus au CSKA. Dans la vie, il faut progresser et pas forcément que sur le terrain. Il y a aussi beaucoup d’aspects hors-basket qu’on peut améliorer. Je sais que je fais partie des leaders de l’équipe, avec un ou deux autres joueurs, et c’est à nous de prendre la parole quand il le faut. Je ne suis pas le joueur à crier tout le temps pour montrer que j’ai de la gueule mais quand j’ai quelque chose à dire, individuellement ou sur un temps-mort, je sais que je peux le faire dans l’équipe du CSKA. Je sais que cette année, parfois, c’était moi, des fois, c’était Milos [Teodosic] qui prenait la parole. Là, on sait qu’on a des joueurs comme Tony ou Boris qui aiment prendre la parole aussi. Ça ne sert à rien de trop parler non plus. »

De fait, De Colo est davantage un leader par l’exemple, dans l’attitude. Et sa saison exceptionnelle, qu’il décrit bien volontiers comme « la meilleure de sa carrière », en est la preuve ultime.

Le meilleur joueur d’Europe !

Maintenant, Nando avoue ne pas forcément saisir la dimension de ces dernières prestations. Enfant de la balle depuis son plus jeune âge dans son Nord natal, De Colo a percé sur le tard au plus haut-niveau. Mais sa progression, suspendue par son séjour NBA, est à nouveau fulgurante depuis son retour en Europe.

« J’ai la chance d’avoir une famille et des amis très proches qui connaissent le basket. Quand ils me parlent, je me rends compte de ce que j’ai pu réaliser cette année. A Moscou ou même ici en France, je n’ai pas eu beaucoup de retours par rapport à ce que j’ai pu réaliser. Quand on a gagné l’Euroleague, on a à peine eu le temps de fêter la victoire le soir-même et le lendemain, on était déjà dans l’avion pour préparer les playoffs. Tout s’est enchaîné très vite. Je suis vraiment fier de la saison que j’ai réalisée mais je ne pense pas que je saisis encore tout ce que j’ai fait parce que c’est passé à une telle vitesse. Ça viendra peut-être avec le temps. »

Ce n’est effectivement pas tous les jours qu’on peut clamer, haut et fort, que le meilleur joueur européen est français. Comme Zinédine Zidane au foot, Jackson Richardson au hand, ou pour nous Antoine Rigaudeau au basket, Nando De Colo a fait de ce rêve une réalité.

Propos recueillis à Paris Bercy