« Si on reprend la définition même du terme de MVP, je pense qu’il tient ce rôle pour Golden State. Steph Curry est leur meilleur joueur, mais leur joueur le plus important, c’est lui. »
Voilà comment Nicolas Batum nous décrivait le rôle de Draymond Green pour Golden State, lors du passage de ses Hornets à l’Oracle Arena début janvier. Suspendu pour le match 5 des Finales NBA pour cause de quatrième faute flagrante lors des playoffs, le leader émotionnel des Warriors manquera énormément à ses coéquipiers.
« Un joueur ne remplacera pas son impact, ce sont les 14 joueurs qui doivent élever leur niveau de jeu pour combler son absence, » explique Andre Iguodala. Indispensable tant défensivement qu’offensivement, il faudra une nouvelle fois que Steve Kerr fasse preuve d’imagination pour trouver les bonnes solutions et espérer terminer le boulot à domicile cette nuit.
Quelles sont les options pour remplacer Green dans le cinq de départ ? Quel sera l’impact sur le match ? Voici quelques éléments de réponse.
Qui pour débuter ?
Le précédent : Brandon Rush
Cette saison, Draymond Green a pris part aux 88 victoires des Warriors. Sa seule absence, à Denver le 13 janvier, s’est soldée par une défaite 112-110 dans un match où Golden State avait cruellement manqué d’énergie. Ce soir là, Steve Kerr avait titularisé Brandon Rush et Jason Thompson. Le premier était inactif lors du match 4 et n’a joué que quinze minutes de garbage time pendant cette finale, le deuxième a été coupé par les Warriors le 22 février pour faire place à Anderson Varejao.
Il ne serait toutefois pas surprenant de voir Rush débuter. Il a été titulaire 25 fois cette saison pendant l’absence d’Harrison Barnes et il permet à Kerr de garder une rotation similaire avec Iguodala et Livingston sur le banc, nous y reviendrons. James Michael McAdoo était la surprise du chef lors du dernier match, pourquoi pas Brandon Rush pour le match 5 ?
L’expérience : Andre Iguodala ou Shaun Livingston
Comme l’année dernière, les deux vétérans sont indispensables et leur contribution devient encore plus importante sans Green sur le terrain. Steve Kerr pourrait insérer l’un ou l’autre dans le cinq de départ en décalant Harrison Barnes au poste 4. Des deux côtés du terrain, les deux joueurs devraient être capables d’aider les Warriors à commencer le match avec énergie et rigueur.
Si sur le papier, ce choix semble le moins risqué, il chamboulerait toutefois la rotation de Golden State. Devant déjà faire face aux nombreuses conséquences de l’absence de Green, pourquoi ajouter un autre changement majeur ?
La surprise : James Michael McAdoo
Alors que Steve Kerr a surpris tout le monde en l’intégrant dans la rotation pour le match 4 alors qu’il n’avait joué que 20 minutes en playoffs, dont aucune en finale, l’ancien de North Carolina a été à son avantage lors des sept minutes qu’il a passées sur le parquet.
Ici aussi, son inclusion dans le cinq de départ permettrait à Steve Kerr de garder sa rotation quasi intacte. La vitesse de McAdoo peut lui permettre de limiter la casse sur pick & roll et il est capable de rester au large sur Kevin Love ou Channing Frye. S’il peut être précieux sur de courtes séquences, sa jeunesse ne semble pas être la solution miracle pour Kerr.
Quel impact sur le match ?
« Le test ultime, » voilà comment Shaun Livingston décrit ce match 5 sans Draymond Green car, plus que Steph Curry, il est la plaque tournante du système de Golden State et son impact sur le jeu est irremplaçable.
Un couteau suisse défensif
Quand Steve Kerr joue avec Draymond Green en pivot, sa polyvalence est un cauchemar pour Cleveland.
Il peut neutraliser des joueurs comme Love ou Frye, il peut switcher sur Irving et James sur pick & roll, et il fait office de dernier rempart en protégeant le cercle. Face au Big 3, Green a limité James à 5 sur 14 aux tirs, Love à 5 sur 13 et Irving à 4 sur 12 !
Le résultat est sans appel. Avec Green en 5, les Warriors ont un différentiel de +54 sur la série. Le reste du temps, ils sont à -25.
Si Steve Kerr décide de jouer avec un vrai pivot, que ce soit Bogut, Ezeli ou Varejao, il protège le rebond et la raquette mais affaiblit sa couverture sur pick & roll. S’il décide de jouer sans intérieur avec Barnes et Iguodala, aux côtés des « Splash Brothers » et de Shaun Livingston, il peut de nouveau changer sur tous les écrans mais risque de se faire dominer au rebond.
Un aiguilleur en attaque
Il n’y a pas qu’en défense que le rôle de Green est déterminant. Après deux matchs, les Cavs ont été forcés de changer leur approche tant l’ancien Spartan décortiquait leur défense. Depuis que LeBron James se charge de son cas, il a moins de liberté sur pick & roll et Golden State a trouvé la parade lors du match 4 en utilisant ses ailiers et arrières pour poser des écrans pour Stephen Curry.
Draymond Green parvient toutefois à avoir un impact sur la rencontre de manière différente. Il peut pousser la balle en transition, prendre les bonnes décisions grâce à sa lecture du jeu et son activité offre des possessions supplémentaires à son équipe tout en maintenant ses adversaires sous pression.
Sans pivot, les Warriors peuvent également jouer avec beaucoup d’espace. Quand Bogut, et Ezeli ou Varejao sont sur le terrain, les Cavs peuvent aider plus facilement car ces trois joueurs restent autour de la raquette.
« Strength In Numbers »
Pour Steve Kerr, aucune option est idéale mais il peut compter sur un effectif remonté, prêt à se transcender pour venger l’un des leurs. « Nous allons gagner pour lui, » annonçait hier Klay Thompson après l’entraînement.
À chaque fois que les Warriors ont fait face à une adversité surprise, ils ont su réagir collectivement, appliquant leur fameux slogan « Strength in Numbers » (l’union fait la force). Jouer sans Stephen Curry contre Houston et Portland ? Aucun problème. Revenir de 3-1 contre le Thunder et aller gagner à OKC ? Aucun problème. Pourquoi serait-ce différent cette nuit ?
Certes, ils doivent affronter une équipe de Cleveland qui peut exploiter l’absence de Green mais en sera-t-elle capable ? Face à l’intensité défensive des Warriors, l’attaque des Cavs a déjoué pendant toute la deuxième mi-temps du match 4. Face au mouvement de leurs adversaires, leur défense a de nouveau fait preuve d’un manque de rigueur et de communication. Dans une Oracle Arena qui promet d’être incandescente, face à une équipe gonflée à bloc, les hommes de Tyronn Lue peuvent-ils jouer 48 minutes disciplinées ? Difficile à dire.
Une chose est sûre : face à un LeBron James qui devra être plus agressif pour profiter de l’absence de Green, les Warriors feront, encore plus que d’habitude, confiance à tout leur effectif.
« Nous allons jouer tout le monde, » annonce Steve Kerr. « Nous allons essayer beaucoup de combinaisons différentes, nous allons nous battre comme des fous et je suis sûr que nous nous donnerons une chance de gagner. »
La saison passée, on avait reproché aux Warriors d’avoir gagné le titre face une équipe amputée de Irving et Love. Cette saison, ils peuvent décrocher un nouveau titre sans Green dans un match décisif. Une éventuelle victoire n’en aurait que plus de valeur.