Nous sommes le 24 février 2016. Kyrie Irving est dans le cinq majeur qui vient défier le Thunder sur le parquet de la ‘Peake.
Mais le meneur des Cavs va rapidement se rasseoir, avant de quitter ses coéquipiers à cause « des symptômes d’une grippe ». En fait, il expliquera après coup qu’il a passé une nuit horrible au Hilton, se réveillant en sursaut en pleine nuit.
« On est arrivé au match. Je me suis senti bizarre et après j’avais carrément envie de vomir. Imaginez-vous que je me suis réveillé avec cinq énormes punaises, là sur mon oreiller. Je me suis levé et ça me grattait de partout. J’étais assez énervé. Sérieusement ? À 3h du matin ! J’étais crevé. »
Les punaises, une anomalie dans le script !
Après les excuses de l’hôtel, le mythe du Skirvin Hotel d’Oklahoma City a ainsi été remis sur le devant de la scène.
Selon la légende locale, William Skirvin, le tout premier propriétaire de l’hôtel pendant l’ère de la Prohibition, avait tenu prisonnière sa maîtresse Effie (une des femmes de chambre), au dernier étage de la tour pour cacher son adultère. Perdant la raison durant sa tourmente, Effie serait parvenue à sortir de son appartement devenu cellule, et aurait sauté par la fenêtre, avec son bébé dans les bras.
« Tout le monde connaît l’histoire d’Effie, » rigolait Caron Butler en 2014, dans les colonnes du New York Times. « On espère qu’elle ira hanter toutes les équipes qui viendront pour les playoffs. »
En fin de compte, des recherches plus sérieuses n’ont abouti à rien. Il n’y aurait jamais eu d’Effie, employée de chambre dans l’hôtel. Et encore moins de suicide depuis le dernier étage de l’hôtel avec un bébé dans les bras. Seulement une disparition mystérieuse du premier manager. Mais c’est tout.
Néanmoins, en 2010, c’est Eddy Curry qui remet le mythe au goût du jour. Alors avec les Knicks, le massif pivot prend peur quand il apprend qu’il va devoir dormir au même étage que la supposée Effie. Du coup, il passe sa nuit avec Nate Robinson !
« Ils ont dit que c’était arrivé au 10e étage, et j’étais le seul à avoir ma chambre au 10e étage. C’est pour ça que j’ai passé la plupart du temps dans la chambre de Nate [Robinson]. Je suis persuadé qu’il y a des fantômes dans cet hôtel. »
Le folklore de la vie quotidienne des joueurs NBA
Quelques mois plus tard, en 2011, la légende du Hilton gagne encore quelques galons dans le circuit NBA, cette fois par l’intermédiaire de Taj Gibson. L’intérieur des Bulls rapporte une histoire bizarre.
« À un moment, vers 0h15, la porte de ma salle de bain a claqué et elle s’est complètement bloquée. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais la porte s’est fermée d’un coup. Ça m’a pris un moment avant de comprendre ce que c’était. »
La saison suivante, ce sont Jordan Hamilton et Wesley Johnson qui ont entretenu le mythe. Le premier, alors aux Nuggets, a simplement envoyé un tweet expliquant qu’il n’était jamais rassuré quand il séjournait dans cet hôtel, alors que le second, avec les Suns, a raconté une anecdote similaire à celle de Gibson, avec la porte de la salle d’eau qui claque… Et encore plus étrange, avec la baignoire remplie d’eau.
Dernièrement, Lou Williams a carrément préféré payer de sa poche pour une autre chambre d’hôtel plutôt que de rester, avec ses coéquipiers des Lakers, dans le Hilton mal-famé du centre-ville d’OKC.
« J’ai entendu dire qu’il était hanté, et que des choses pas vraiment très plaisantes s’y étaient déroulées. À chaque fois qu’on va à OKC, je ne dors pas là-bas. Je me paye ma propre chambre d’hôtel. »
Aussi farfelue qu’elle puisse paraître, cette légende du Skirvin Hotel incarne parfaitement le folklore de la vie quotidienne des joueurs NBA. Mythe composite, réunion improbable de plusieurs éléments d’information a priori épars, cet hôtel « hanté » d’OKC confirme également que les joueurs NBA sont particulièrement superstitieux.
Le reportage mythique de Craig Sager au Skirvin