Grand spécialiste de la question – il le suit depuis ses années lycée, Brian Windhorst (ESPN) déclarait récemment dans un podcast, Hey Windy, qu’il n’avait jamais vu LeBron James aussi insistant avec ses coéquipiers aussi tôt dans la saison. Selon lui, LeBron souffre de « paranoia des Warriors ».
Le diagnostic fait mal. Mais les faits semblent le prouver.
LeBron James perd-il patience ?
James a déjà tapé plusieurs fois du poing sur la table après des défaites. Et encore hier soir pour le premier revers à domicile face à Washington. On n’est pourtant qu’à un mois de compétition et la route est encore longue. Néanmoins, James perd patience et constate également que, dans le même temps, les champions en titre sont encore plus forts que la saison passée. Tout un programme…
Pour comprendre ces coups de gueule à répétition, il faut en fait revenir à la saison passée. LeBron James revient à la maison et fait des Cavs des prétendants directs au titre. Un incroyable tour de force en soi, mais le King doit s’employer pour mettre ses troupes en ordre de marche.
« On avait de très bons jeunes joueurs mais des pros à temps partiel » analyse James Jones pour Sports Illustrated. « Ils étaient concentrés pendant une heure avant l’entraînement, une heure après l’entraînement mais la discipline et l’envie n’y étaient pas. »
Du coup, LeBron doit faire dans le disciplinaire. Et il a essayé plusieurs méthodes : les discussions d’homme à homme, les anecdotes riches en symboles… et même les déclarations dans la presse (comme quand Kyrie Irving a fini à zéro passe décisive).
« Trop de complaisance. » ajoute LeBron. « Ce qui est très différent de l’état d’esprit auquel je m’étais habitué [à Miami]. Pendant trois ans, mon équipe était sur la même longueur d’ondes. On avait simplement besoin d’un regard pour se comprendre. C’est difficile de faire confiance quand on n’a jamais été au front ensemble. Parfois, je me sentais un peu seul. »
Serrer les vis dans le vestiaire des Cavs
La première saison de LeBron James de retour dans son Ohio natal est loin d’avoir été une sinécure. En fait, la superstar des Cavs a souffert davantage de ne pas pouvoir jouer son rôle de leader par l’exemple, plus encore que ses blessures au genou et au dos.
« C’était le plus dur pour moi. J’essayais de donner des conseils et de montrer comment faire en leur disant combien il faut travailler dur pour y arriver… Mais je ne pouvais pas vraiment le faire car j’étais blessé. Je me demandais pourquoi je n’arriverai plus à revenir en forme. Avant, je pouvais le faire. »
Bien trop courts, sans Kevin Love ni Kyrie Irving, pour rivaliser avec les Warriors, les Cavs s’inclinent logiquement en finale. Et à l’inverse de l’été studieux et calme de la bande à Steph Curry (à part pour l’absence de Steve Kerr), Cleveland a eu pas mal de dossiers à gérer avec les blessures de Kyrie Irving puis Iman Shumpert, la resignature de Tristan Thompson, voire celle de JR Smith. Les résultats de ce début de saison s’en ressentent… mais qu’un peu !
LeBron James ne devrait pas se faire autant de mauvais sang. Tout en sachant que Kyrie Irving et Iman Shumpert n’ont pas encore pu rejouer. Et que les Cavs sont tout de même à 13 victoires pour 5 défaites, soit le meilleur bilan à l’Est. Mais James est un perfectionniste. Et son domaine, c’est le terrain.
« Les gens croient qu’on répond à toutes ses requêtes mais ça n’est jamais arrivé. » explique David Griffin, le GM des Cavs. « C’est la version que les gens veulent tous croire parce que c’est LeBron et qu’il pourrait se le permettre. Et de fait, s’il allait voir Dan Gilbert pour lui dire de me virer, alors oui, je partirais. Mais il n’est pas comme ça. Ce n’est pas ce qu’il veut faire. Il veut être le meilleur joueur du monde et le meilleur leader possible. »
Reconnaissant aisément qu’il a divisé sa patience par deux avec ses jeunes coéquipiers, LeBron James a obtenu des résultats. Encore insatisfaisant selon ses standards monarchiques mais le processus suit son cours. Et ces gueulantes pourraient simplement faire partie de son vaste programme de reconstruction.
« Ce qu’il a fait a fonctionné. » conclut James Jones. « Les gars sont plus disciplinés, plus durs, plus concentrés, plus animés. Ce sont des pros à temps complet maintenant. Ils font plusieurs séances vidéo, plusieurs sessions d’étirements, plusieurs séances de tirs. Ils ont pris note sur lui. »