Comment le patron des Warriors est passé de zéro à héros

En 2010, Joe Lacob, actionnaire minoritaire des Celtics, se positionne pour racheter les Warriors. A la tête d’un groupe d’investisseurs qu’il a réuni avec l’aide de Peter Guber, ils formulent une offre de 450 millions d’abord acceptée le 15 juillet par Chris Cohan, l’ancien propriétaire, puis validée définitivement par la NBA le 12 novembre.

Trois jours plus tard, il se rend alors à l’Oracle Arena en compagnie de Guber. C’est alors que la réalité les rattrape.

« On jouait Detroit. Je me suis penché vers Peter et je lui ai dit : ‘On craint vraiment’, » se souvient-il pour le Contra Costa Times.

Et encore, Lacob n’a rien vu. Stephen Curry, alors dans sa deuxième année, est certes déjà là mais son association avec Monta Ellis ne fonctionne pas et la première saison n’est pas glorieuse (36v-46d).

Hué par tout l’Oracle Arena

Ce sera pire l’année suivante (2011-12, année du lockout), alors quand Curry se blesse et se retrouve « out » pour la saison le 11 mars, les propriétaires décident de trancher dans le vif et envoient Monta Ellis, le chouchou du public, à Milwaukee en échange d’Andrew Bogut et Stephen Jackson.

Un échange vécu comme une trahison par les fans qui vont manifester leur mécontentement à la mi-temps du match suivant alors que les Warriors honorent Chris Mullin.

Sans surprise, la campagne 2011-12 est donc catastrophique (23v-43d). Pourtant, sans que personne ne s’en doute, l’ossature du futur champion prend forme…

Discrètement, le futur champion se dessine par la Draft

Après Klay Thompson en 2011, les Warriors draftent Harrison Barnes et Draymond Green. Le cinq majeur champion en juin dernier est donc au complet et la saison 2012-13 offre quelques signes de jours meilleurs à venir (47v-35d). De retour en playoffs, Golden State atteint même le second tour. Une première depuis 2007.

Dans la Baie, on reprend alors espoir tandis que c’est au tour d’Andre Iguodala de rejoindre le groupe. Avec lui, les Warriors progressent encore un peu et atteignent les cinquante victoires (51 exactement) pour la première fois depuis 1994. De nouveaux qualifiés pour les playoffs, les Warriors sont gonflés à bloc mais tombent pourtant en sept matches face aux Clippers au premier tour. C’est la douche froide.

Contre l’avis de ses joueurs et notamment de Stephen Curry, Lacob décide de remercier Mark Jackson.

La consécration

Lacob tient bon mais il se met à nouveau la majorité des fans à dos et ce n’est pas forcément mieux lorsqu’il annonce qu’il a choisi un coach rookie, Steve Kerr, pour remplacer Jackson.

La suite vous la connaissez, Steve Kerr parvient à convaincre David Lee et Andre Iguodala de se sacrifier pour le bien de l’équipe, Draymond Green éclot, Steph Curry explose et finit MVP de la saison et les Warriors remportent le titre au terme d’une saison historique.

Quelques mois plus tard, lors de la remise des bagues pour l’ouverture de la saison, Joe Lacob se représente devant le public qui l’avait hué trois ans auparavant, mais ne laisse pas transparaitre la moindre once de revanche.

« Il y a une partie de moi qui en avait envie (de dire aux fans qu’ils s’étaient trompés). Sans aucun doute. Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire. Ramener tout cela à moi n’était pas la bonne chose à faire. Au bout du compte, je pense qu’il est préférable que ce soient les autres qui disent que vous avez fait du bon travail plutôt que cela vienne de vous. »

Champion NBA et auteur du meilleur départ de l’histoire, Joe Lacob n’a plus vraiment besoin de mots pour prouver qu’il ne s’était pas trompé.