Giannis Antetokounmpo, déjà un vrai phénomène

Il avait quitté la saison dernière meurtri. Éliminé avec les Bucks par les Bulls au premier tour des playoffs, Giannis Antetokounmpo avait même rejoint les vestiaires avant ses coéquipiers, expulsé pour un geste de frustration sur Mike Dunleavy Jr. Il avait ensuite promis qu’on ne l’y reprendrait plus. Une fois la déception évacuée de cette première expérience en post-saison (11.5 pts à 36.6%, 7 rbds, 2.7 pds et 1.5 ct en 33 min), Giannis Antetokounmpo s’est remis au travail.

Il y a tout d’abord eu l’été, durant lequel l’ailier des Bucks confia sa peur de ne jamais exploiter tout son talent, des propos attendrissants bien loin de la confiance mégalomane parfois affichée par les joueurs. Pour remédier à ses craintes, le Grec a donc profité de l’intersaison pour développer son jeu.

« Des petites choses comme mon jeu au poste, mon tir puisque je tiens et je shoote la balle un peu plus haut, mon corps aussi, pas pour devenir plus gros mais plus fort, » confiait-il en octobre au site des Bucks.

Un Eurobasket haut en couleurs

Ce travail, Giannis Antetokounmpo n’a pas attendu l’ouverture de la saison pour montrer ses bienfaits. Dès l’Eurobasket 2015, l’international hellène a pu montrer ses progrès. Son emprise sur cette sélection grecque, en grande partie remaniée, s’est faite sentir dès la préparation. Il l’a ensuite confirmée lors de la compétition : 9.8 pts à 49.2%, dont 38% derrière l’arc, 6.9 rbds et près d’un contre en 24 min par match. Son éclat le plus marquant ? Lors des quarts de finale face à l’Espagne.

Dans ce match couperet, Giannis Antetokounmpo fut omniprésent. Hormis Boris Diaw et Andreï Kirilenko, peu de joueurs se sont montrés aussi forts dans un match en scorant si peu (12 pts, 17 rbds, 2 cts).

Les 12 pts et 17 rbds de Giannis Antetokounmpo face à l’Espagne

Devant cette performance, les éloges s’étaient multipliés. Adversaire direct du Grec lors de leurs confrontations en club, Nicolas Batum était notamment très impressionné.

« Il est incroyable, » déclarait l’ailier français. « Son match face à l’Espagne était vraiment impressionnant. On le voit dribbler sur le terrain et il se déplace sur le terrain comme les meilleurs joueurs extérieurs. Quand il a la balle entre les mains, il dribble comme Tony Parker. »

Après cette compétition internationale, l’ailier de Milwaukee a enfin pris toute la mesure de sa nouvelle dimension. Plus confiant, plus à l’aise avec son tir, il anticipait une confirmation en NBA.

« Cette expérience m’a beaucoup aidé. Elle m’a préparé pour le camp d’entraînement et la saison. Je pense que j’aurai le droit de tirer plus à trois-points. Cela va aider mon jeu à se développer en forçant les défenseurs à s’éloigner. Cela me permettra de pénétrer et de scorer ou créer pour les autres. »

Jason Kidd : « Il n’y a pas une position qu’il ne puisse pas jouer »

Au sein de la franchise du Wisconsin, cette évolution a évidemment été supervisée de près. Sur son site officiel, Jason Kidd a très tôt dressé un portrait laudatif de son joueur.

« Avec la Grèce, il a montré beaucoup de progrès en tant que joueur (…) Il n’y a pas une position qu’il ne puisse pas jouer. Il peut jouer partout et il commence à comprendre comment utiliser son corps. Il dispose d’une combinaison unique : capable de dribbler comme un meneur, de se déplacer comme un ailier et de jouer comme un grand. Il peut remplir la feuille de stats (…) Pour lui, tout dépend de l’objectif qu’il se fixe et pour le moment, il travaille extrêmement dur pour être l’un des meilleurs. »

Le Kawhi Leonard de la conférence Est ?

Depuis le début de saison, Giannis Antetokounmpo répond à merveille à tous ces compliments. Si l’échantillon de matchs est encore restreint, il atteste des responsabilités prises par le joueur au sein de son équipe : 19.3 pts à 57.3%, 45.5% à 3-pts, 7.3 rbds, 2.2 pds, 1.2 int et 0.8 ct en 37 min par match. Victime à deux reprises du Grec et de son équipe, le coach des Nets Lionel Hollins était aussi admiratif que dépité par l’ampleur du joueur des deux côtés du terrain.

« Quand je regarde cette équipe, je vois que c’est un piège, » a t-il commenté auprès du Journal Sentinel. « Vous allez dans la peinture, ils vous contestent et récupèrent le ballon. Ils contrent puis ils décampent en contre-attaque. Vous faites une passe téléphonée, ils la volent. Giannis se fond parfaitement dans tout ça. Il peut jouer 3, 4. Il va être un sacré joueur. »

Limité à 17 points et 6/16 aux tirs, Carmelo Anthony fut aussi l’une de ses victimes les plus en vue depuis ce début de saison. Cet impact défensif, conjugué à cette évolution défensive, n’est pas sans rappeler un autre ailier très en vue depuis trois saisons, Kawhi Leonard. Tous les deux draftés en 15e position (en 2011 pour le Spur, en 2013 pour le Buck), ils incarnent chacun le ciment défensif et le futur offensif de leur équipe. Leur comparaison statistique sur leurs trois premières années en dit long sur les similitudes entre les deux joueurs, et donc le potentiel de l’ailier des Bucks.

Kawhi Leonard

Giannis Antetokounmpo

Jason Kidd : « Il vient juste de commencer le basket »

Évidemment, la saison est encore longue et le joueur doit encore confirmer sur la durée. Mais avec la 5e évaluation chez les ailiers, la 7e moyenne de points, la cinquième aux rebonds et le meilleur pourcentage au tir chez les ailiers titulaires, Giannis Antetokounmpo réalise pour le moment un très joli début de saison. À son sujet, c’est peut-être de nouveau Jason Kidd qui a la formule la plus juste sur son blog.

« Quand on pense à lui, il faut aussi comprendre qu’il vient juste de commencer le basket. »