Même si les Bleus ont tenté de dédramatiser l’enjeu de ce huitième de finale (21h, Canal+ Sport), ils ont tout de même admis qu’une défaite serait une « catastrophe » puisqu’elle mettrait fin à leur Euro et empêcherait les Français de jouer les Jeux olympiques de Rio, apothéose annoncée de la génération Parker/Diaw.
Issue d’un groupe facile, avec deux derniers matchs en trompe l’oeil, la France se présente devant les 27 000 spectateurs du stade Pierre-Mauroy de Lille, ce soir, dans des conditions particulières. Avant la compétition, Vincent Collet n’avait d’ailleurs qu’une crainte : que ce match couperet soit le premier match vraiment compliqué des Bleus de la compétition.
Ce sera le cas et même si ce groupe a désormais une grosse expérience de ces rencontres, il n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise face à une équipe qui sort du groupe de la mort (Serbie, Espagne, Italie, Allemagne…).
LE CINQ MAJEUR
POINTS FORTS
Enfin du talent à la mène
« La différence par rapport aux autres années, c’est qu’ils ont maintenant un meneur qui met beaucoup de rythme ».
Vincent Collet et Nicolas Batum ont le même avis : la naturalisation de Bobby Dixon/Ali Muhammed change beaucoup de choses pour la Turquie. Auparavant faible sur le poste, les « 12 Géants » ont désormais un meneur capable de déstabiliser les défenses sur le pick-and-roll et de punir les adversaires s’ils passent sous les écrans.
Tony Parker va donc devoir élever son niveau défensif pour ce premier match, surtout que Bobby Dixon a quelques connaissances chez les Bleus, et notamment Vincent Collet, qui l’avait engagé puis écarté, à l’ASVEL, en 2010…
L’éclosion de Cedi Osman
Champion d’Europe des moins de 18 ans en 2013, MVP et champion d’Europe des moins de 20 ans en 2014, troisième au vote du meilleur jeune Européen 2015 derrière Dario Saric et Giannis Antetokounmpo… Il n’en faut pas plus pour situer le talent de Cedi Osman, jeune ailier intrépide qui n’a peur de rien.
« Je sais que les Français étaient favoris et je le pensais aussi. Mais contre la Pologne, la Russie ou la Finlande, ils n’ont pas été très bons. Si on joue comme contre l’Allemagne ou l’Italie, je pense qu’on peut les battre », assure-t-il.
Pour lui, c’est aussi l’occasion de défier Nicolas Batum.
« Ça sera vraiment super de jouer contre lui, je suis impatient. Ça va être une expérience géniale de défendre face à lui, de le défier. Evidemment, je suis également impatient de jouer contre Tony Parker. D’autant que je pense qu’on peut gagner ».
Semih Erden fait le ménage dans la raquette
Si Tony Parker devra relever le défi Dixon et Nicolas Batum le challenge Osman, Rudy Gobert fait lui face à celui que Vincent Collet appelle l’autre « grand intimidateur » du tournoi : Semih Erden. Le pivot de Fenerbahce a réussi un début de compétition exceptionnel, pesant en défense comme en attaque.
À part contre l’Espagne, où il a été dominé par la technique de Pau Gasol, le Turc (2m11) a ainsi matraqué les intérieurs adverses avec sa puissance et ses déplacements. Pour Rudy Gobert, il faudra donc faire attention à ne pas faire des fautes rapides face à un joueur qui en a déjà provoqué 23 en cinq rencontres. Et qui sait se faire sa place sous le cercle.
POINTS FAIBLES
Une défense friable
Si la France est la 4e défense du tournoi à l’heure actuelle (68.5 points encaissés par rencontre), la Turquie est de son côté dernière dans ce domaine (89.3 points encaissés). Même si Vincent Collet a expliqué que cela ne représentait finalement pas grand-chose, étant donné « l’hétérogénéité » des groupes, la défense turque n’est pas un mur impénétrable.
Le dernier match, gagné en prolongation (111-102) face à la faible Islande, en est ainsi l’illustration. Les Bleus devaient étudier la défense turque aujourd’hui et nul doute qu’ils ont repéré quelques failles à exploiter.
Des offensives pas toujours très ordonnées
« La clé était de stopper leur pick-and-roll en isolant Dixon et Güler ».
La phrase est de Nikola Kalinic, l’arrière de la Serbie, et elle illustre ce qui doit aussi être une priorité des Bleus. Si Bobby Dixon met du rythme dans l’attaque turc, il peut parfois aussi s’isoler et retomber dans les travers individualistes qui avait poussé Vincent Collet à se passer de lui à l’ASVEL.
Dans cet Euro, on a ainsi vu plusieurs fois les Turcs se laisser emporter dans des actions offensives désordonnées, se mettant jouant les uns après les autres plutôt qu’ensemble. Si les Bleus réussissent à isoler le backcourt et à limiter le pick-and-roll, ils pourront faire dérailler l’attaque turque et faire douter cette équipe, malgré tout le talent de son cinq majeur.
Un banc limité
Avec Bobby Dixon, Senan Güler, Cedi Osman, Ersan Ilyasova et Semih Erden, le cinq majeur offre un beau cocktail d’expérience et de jeunesse, avec une équipe qui penche plutôt vers le jeu FIBA que NBA, comme l’expliquait Vincent Collet.
Le problème, c’est que sur le banc, ça parait léger. Oguz Savaz et Furkan Aldemir sont très peu utilisés et le sixième homme de l’équipe, Melih Mahmutoglu, reste sur un 1/16 de loin. Alors que le banc des Bleus a été performant sur le premier tour, c’est peut-être là que la France peut faire la différence.
Crédit photo : FIBA.COM