C’est dans la Salle des Hospices, tout proche de la superbe chapelle de l’Hermitage Gantois, que les Bleus ont tenu leur première conférence de presse à Lille. Désormais reconverti en hôtel, ce bâtiment du XVe siècle avait en premier lieu été créé par un riche marchand pour entretenir 13 vieillards indigents.
Rien à voir donc avec Tony Parker, Boris Diaw ou encore Florent Pietrus, qui a avoué « avoir déjà prié ».
« Les visages ont changé », confesse-t-il lorsqu’on l’interroge sur l’état d’esprit du groupe. « Dans la façon de préparer les matchs, on sent qu’on rentre dans une phase de compétition où on n’a pas le droit à l’erreur. Je sens que mes coéquipiers sont vraiment concentrés sur le match de demain et c’est de bonne augure ».
« C’est la façon de commencer le match qui sera primordiale »
À 34 ans et en vieux routier de l’équipe de France, le Guadeloupéen connait par coeur la pression des matchs à élimination directe. Il sait donc que les anciens vont devoir hausser le ton demain, face à la Turquie (21h, Canal+ Sport).
« On fait office d’anciens et on sait qu’ils nous écoutent. Ce sera aussi à nous de mettre nos coéquipiers dans de bonnes dispositions en leur montrant qu’on est présent, parce qu’on sait qu’on sera suivi. Ça va être un match super important et il faudra tout donner. Comme l’a dit Vincent Collet, il faut maintenant une armée avec 12 guerriers prêts à partir au combat ».
Pas au niveau espéré lors du premier tour, les cadres son attendus. Mais comme l’explique Nicolas Batum, un championnat d’Europe est un « marathon » dont ils connaissent très bien la difficulté. Demain, les Bleus auront pourtant tout à perdre car une défaite en huitième de finale les priverait des Jeux olympiques de Rio, qu’ils voient comme l’aboutissement de leur histoire. À domicile, avec le statut de favori, la rencontre peut virer au cauchemar.
« On a été dans la situation adverse, à jouer dans matchs sans pression face à l’équipe organisatrice, où on a tout à gagner et rien à perdre », confirme Florent Pietrus. « C’est la façon de commencer le match qui sera primordiale. La Turquie, c’est une très belle équipe, une équipe très complète mais tout dépendra de nous ».
Car le fait de jouer en France ne semble pas perturber ce groupe expérimenté.
« Jouer en France, c’est une motivation supplémentaire. Ça fait hérisser les poils quand tu entends 10 ou 15 000 personnes chanter La Marseillaise et demain ça va être encore pire avec 27 000 personnes. Mais même si La Marseillaise fait chaud au coeur parce que ça fait du bruit, dès que l’arbitre sifflera, on ne sera forcément concentré que sur le match. C’est toujours motivant de jouer devant son public, sa famille et ses amis mais l’équipe pensera avant tout à faire le travail sur le terrain avant de profiter de l’ambiance du stade ».
« On aurait pu être au Formule 1, ça aurait été pareil »
Quant aux mots défaite ou humiliation, il est hors de question pour l’inusable intérieur de les évoquer.
« C’est un mot qu’on ne veut pas employer. On a de grandes ambitions et, en tout humilité, je pense que cette équipe donnera tout pour atteindre ses objectifs. En ce qui me concerne, ce n’est pas un mot qui fait partie de mon vocabulaire ».
Alors que Vincent Collet confirme que Tony Parker est désormais dans une bulle de concentration dont il s’entoure avant chaque échéance décisive et que le groupe a travaillé très sérieusement lors de sa découverte du stade Pierre-Mauroy en configuration basket, Florent Piétrus a le regard pleinement fixé sur la Turquie.
« Je pense qu’on va faire une petite prière ce soir avant de se coucher. C’est un lieu assez exceptionnel mais, franchement, ça aurait été pareil ailleurs. Dans ma tête, je suis déjà sur ce que j’ai à faire demain. Mais on aurait pu être au Formule 1, ça aurait été pareil ».
Propos recueillis à Lille