En intégrant Andre Iguodala à son cinq majeur, à la place d’Andrew Bogut, Steve Kerr a réussi un nouveau coup de poker tactique. Pourtant, ce changement n’était qu’un élément de l’évolution stratégique de Golden State, piégé jusqu’à présent dans le rythme de Cleveland et qui n’arrivait pas à développer son jeu.
Comme le note ESPN, la durée des possessions des Cavaliers était extrêmement longue durant les trois premiers matches de la série. Alors que Golden State jouait à son rythme classique (13.6 secondes par possession, contre 13.4 lors de la saison régulière), la troupe de David Blatt a ralenti le rythme au point d’atteindre les 17.9 secondes par possession durant les trois premières rencontres !
Retrouver du rythme offensif
Monopoliser ainsi le ballon (55.9% du temps avant le Game 4), c’est une technique classique pour les outsiders. Et pour Cleveland, cela a produit plusieurs effets :
– les multiples isolations de LeBron James ont permis d’éviter les efforts répétés trop vite
– les Warriors ne pouvaient pas profiter de contre-attaques
– Golden State n’arrivait pas à prendre de rythme
En effet, la grande force des Warriors cette saison fut leur capacité à produire des vagues offensives que les adversaires ne pouvaient pas suivre. Lors de ces Finals, Cleveland a de son côté fait un gros travail pour que ça n’arrive pas. Après chaque panier marqué par les Californiens, la troupe de l’Ohio calmait le jeu, donnait le ballon à LeBron James qui jouait l’isolation pendant 20 secondes et même si le panier ne rentrait pas, les « Splash Brothers » et leurs camarades ne pouvaient pas enchaîner.
Pour Steve Kerr, l’essentiel était donc de retrouver ce rythme offensif perdu. Insérer un autre créateur dans son cinq majeur fut ainsi la première étape, que Mike Prada détaille très bien sur SB Nation, alors que Half Court Hoops montre comment Golden State a fait varier ses systèmes avec un cinq majeur plus petit.
https://www.youtube.com/watch?v=i55WaEOxVn8
Enlever la balle des mains de LeBron James
Mais le plus important pour Golden State, c’était peut-être de raccourcir les possessions de Cleveland, surtout avec un groupe qui allait forcément souffrir au rebond.
Peut-être parce qu’il avait fini le Game 3 à l’hôpital, peut-être parce qu’il n’a pas l’habitude de jouer autant ou peut-être parce qu’il était à 2/9 de loin en trois matches, les Warriors ont identifié Matthew Dellavedova comme le shooteur faible des Cavaliers. Stephen Curry était donc en charge de quitter l’Australien pour venir doubler sur LeBron James et le forcer à faire tourner le ballon.
C’était prendre le risque d’offrir des positions ouvertes mais Golden State avait besoin de ça pour enlever le ballon des mains de LeBron James et accélérer le jeu. Même si Matthew Dellavedova, Iman Shumpert ou JR Smith rentraient leurs tirs, cela créait des possessions plus courtes bénéfiques pour les Warriors.
Comme Cleveland avait choisi de se concentrer sur les « Splash Brothers » en décidant de faire avec les shoots ouverts pour Harrison Barnes, Andre Iguodala et Draymond Green, Golden State a fait la même chose en se concentrant enfin sur LeBron James pour tenter Matthew Dellavedova, Iman Shumpert et JR Smith de loin. Ça a parfaitement fonctionné puisque les trois hommes ont fini à 3/22 en cumulé…
Les Cavaliers, qui sont apparus très fatigués lors du Game 4, ont pourtant besoin de cette adresse extérieure s’ils veulent remporter la série. En tout cas, la partie d’échecs continue et elle est passionnante.