Interviews croisées de Dominique Wilkins et Dikembe Mutombo

L’un est déjà membre du Hall of Fame, l’autre aspire à le devenir. Dominique Wilkins et Dikembe Mutombo ont tous deux marqué la NBA de leur empreinte dans les années 1980, 1990 et 2000. Les deux joueurs sont revenus sur la nomination de Dikembe au Hall of Fame, sur leur ancienne équipe des Atlanta Hawks et sur le All-Star Weekend et l’internationalisation de la NBA.

Dikembe, vous êtes officiellement nominé pour une place au Hall of Fame. Qu’est ce que cela représente pour vous ?

C’est un sentiment incroyable. L’aboutissement d’une carrière puisque cela montre qu’on a pu être constant au plus haut niveau pendant des années et des années. Jamais je n’aurais pensé pouvoir ne serait-ce que m’approcher du Hall of Fame. Je savais que j’étais un bon joueur mais de là à m’imaginer au Hall of Fame… Je suis très reconnaissant envers le comité de sélection même si ce n’est que la première étape. C’est la récompense des efforts de toute une vie, d’une détermination sans faille et de travail, sans relâche, jour après jour. Je suis très fier aujourd’hui.

Est-ce un message pour tous les jeunes africains rêvant de marcher sur vos traces ?

Cela va donner de l’espoir à tous les jeunes africains qui viendront un jour après moi. Cela montre que quand on se donne à fond et que l’on a un rêve, tout est possible. J’espère que la nouvelle génération prendra exemple sur moi dans le sens où il faut rester humble, ne jamais oublier d’où l’on vient, mais aussi regarder vers le haut et pas vers le bas. Il faut avoir de l’ambition et voir les choses en grand. Quand je suis arrivé aux Etats-Unis, personne ne m’imaginait un jour en NBA. Et pourtant, j’y ai joué pendant près de vingt ans.

(Arrivée de Dominique Wilkins, qui congratule Mutombo)

Dominique, un mot sur la nomination de Dikembe ?

Dikembe est le plus grand spécialiste de la défense des temps modernes en NBA. Tout le monde redoutait sa présence dans la raquette et son célèbre index après chaque contre. Il a de bonnes chances d’être choisi pour intégrer le Hall of Fame dès cette année.

Dominique, Dikembe : vous êtes tous les deux des légendes des Atlanta Hawks. Que vous inspire leur parcours cette saison ?

Dominique – Les Hawks jouent un excellent basket et Mike Budenholzer effectue un travail absolument remarquable. Notre collectif est la star de l’équipe. Ce n’est pas pour rien que quatre membres de l’équipe ont été conviés au All-Star Game. Cela prouve bien que l’équipe passe avant les individualités et c’est l’une des clés du succès des Hawks. Nous n’avons pas de LeBron, Durant ou Curry. Mais nous compensons cela par un partage du ballon. J’ai de grands espoirs pour ce groupe cette année.

Dikembe – Les Hawks peuvent viser la finale sans aucun problème. Entre Al Horford et Paul Millsap à l’intérieur, le petit Jeff Teague à la mène, Kyle Korver qui ne rate pas un tir, il n’y a pas vraiment de faille dans cette équipe.

Le All-Star Weekend devient chaque année un événement encore plus suivi à l’échelle planétaire. A-t-il changé par rapport à votre époque ?

Dominique – Bien sûr. Il n’y a qu’à regarder autour de vous. Il y a je ne sais pas combien de médias présents et l’ont entend parler absolument toutes les langues en salle de presse. Quand je jouais dans les années 1980, il y avait peut-être trois ou quatre pays représentés. Aujourd’hui, nous en sommes à 200 et cela ne cesse de progresser parce qu’il y a de plus en plus de joueurs internationaux au sein de la ligue. Il faut avoir le coeur bien accroché pour survivre à ces trois jours, mais cela reste un immense plaisir. C’est vraiment la rencontre entre la NBA et les fans. Et le soutien populaire prouve que ce n’est pas prêt de changer.

Dikembe – J’avais joué le All-Star Game ici en 1998 et c’était déjà de la folie mais rien comparé à ce que l’on a aujourd’hui. La NBA continue de grandir et c’est excellent pour notre sport. Je ne sais pas s’il y a un autre sport où on a des Australiens, Africains, Brésiliens, Chinois, Européens, etc… sur le terrain. La NBA est vraiment une ligue globale.

Auriez-vous aimé jouer un match USA vs. Reste du Monde ?

Dominique – Oui et non, parce que dans le contexte du All-Star Game, cela reste un match de gala. Les joueurs n’ont pas vraiment le temps de développer des automatismes et de jouer en équipe. L’idée est alléchante, je l’avoue. Mais pas dans n’importe quelle condition. Est-ce que cela se fera un jour ? Avec la NBA, il ne faut jamais dire jamais…

Dikembe – Pourquoi pas. Mais à l’époque on n’était beaucoup moins d’étrangers. Il y avait Detlef Schrempf, que j’ai croisé tout à l’heure, Toni Kukoc et les Yougoslaves, mais on n’avait pas comme aujourd’hui les Nowitzki, Gasol, Parker et autres superstars étrangères au sein de la ligue.

Dominique, pour finir pouvez-vous me dire qui est le meilleur joueur NBA qui soit né en France ?

(Rires) Est-ce une question piège ?

Peut-être…

En tout cas ce n’est pas Tony Parker. Alors pourquoi pas moi ?

Propos recueillis à New York