À la rencontre de Dante Exum, le rookie du Jazz

Comparé insidieusement et à tort à son mentor Kobe Bryant par une hype d’avant draft tardive, Dante Exum a en tout cas déjà un point commun avec la star des Lakers : la maturité de son professionnalisme. Talent précoce très tôt calibré pour les plus hautes sphères internationales, le meneur remplaçant du Jazz est déjà calibré pour les obligations NBA. Basket USA a rencontré l’Australien après un entraînement. Dante est arrivé, a serré la main poliment avant de faire le métier et de repartir courtois aussitôt l’engagement terminé.  

En arrivant en NBA, tu te découvrais un cousin nord-américain dans la ligue, Josh Huestis le rookie du Thunder. Comment l’as-tu appris ?

Non, je ne savais pas qu’il jouait là avant d’arriver en NBA. C’est mon père qui me l’a appris.

En parlant de ton père, quelle a été son influence dans ton choix de jouer au basket ?

Mon père nous a évidemment mis un ballon dans la main à mon frère et à moi dès notre plus jeune âge. Pour autant il nous a laissé choisir ce qu’on voulait faire. J’ai aussi pratiqué de l’athlétisme et un peu de football australien. Mais c’est le basket que je préférais, je ne me suis même pas posé la question.

Tu commettais beaucoup de balles perdues en pré-saison, depuis quelques matches cela va un peu mieux. Qu’as-tu changé ?

Le coach m’a fait confiance tout simplement ! Au lieu de me mettre sur le banc quand j’ai perdu ces ballons, il m’a laissé jouer et reprendre confiance. Cela m’a permis de me re-concentrer sur mon jeu et d’améliorer cet aspect là. C’est primordial car le coach insiste vraiment sur les balles perdues, pour tout le monde et pas seulement moi.

Quel regard peux-tu déjà porter sur le jeu NBA, toi qui le découvre encore ?

Ici le jeu est plus rapide, plus athlétique et plus physique. Donc il faut que je m’adapte et que j’apprenne à anticiper davantage. Il faut aussi rester intelligent et continuer de jouer son jeu, tout en progressant dans les secteurs nécessaires, cela prend du temps.

Tu te sens plus à l’aise sur quel poste, meneur ou arrière ?

Je me sens mieux au poste 1, c’est là que je me sens le plus à l’aise. On a une équipe assez polyvalente avec plusieurs joueurs pouvant évoluer à plusieurs positions différentes, y compris dans le même match. Le coach m’a donc déjà mis dans plusieurs positions différentes, je dois apprendre à m’adapter.

« Il ne faut pas tomber dans le piège de la hype »

L’ajustement est aussi en dehors des parquets. Est-ce encore plus difficile quand on est un rookie issu d’un pays étranger ?

En Australie, on est très américanisé donc ce n’était pas difficile. Et puis j’ai habité loin de chez moi quand j’étais à l’institut national australien du sport, je suis habitué. Et puis j’imagine que c’est plus difficile pour les joueurs étrangers pour qui l’anglais n’est pas la première langue.

Est-ce que toute la hype qui t’a entouré avant la draft t’as dérangé ? On parlait quand même de toi comme le nouveau Kobe Bryant…

Non, pas vraiment. Et de toute façon je ne lis pas ce qui se dit dans les médias, ils peuvent écrire et dire ce qu’ils veulent. J’essaye de ne pas faire attention à ce qui se dit, il y a tellement de joueurs qui ont aussi bénéficié de cette hype autour d’eux sans jamais rien faire après. Maintenant, j’étais étonné d’être aussi bien placé dans la draft alors que je n’avais plus joué depuis un moment, là j’ai pu sentir un peu de la hype. Mais souvent les médias ont besoin de ça et la créent eux-mêmes. Un jour tu es le joueur en vue et le lendemain ils peuvent te démonter. Il ne faut pas tomber dans le piège. On a une très bonne équipe et je suis soutenu ici, par tout le monde. C’est tout ce qui compte.

Tu as longtemps hésité entre la NCAA et la NBA. Si tu avais opté pour l’université, quel aurait été ton choix ?

Je ne sais pas vraiment car je n’ai visité qu’une seule université, Indiana. Juste après j’ai eu cette offre en NBA et je me suis dit que c’était la meilleure option pour le développement de ma carrière et de mon jeu.

Est-ce que le fait d’être sur un petit marché t’enlève de la pression ?

Il y a toujours de la pression, surtout en étant numéro 5 de la draft. Le coach investit son temps et son énergie pour me faire progresser et me développer. Il n’attend pas de résultats immédiats, même si ce serait idéal, mais il croit en cet investissement pour le futur. Les fans sont également supers, ils savent qu’on est une jeune équipe et sont aussi patients.

Que penses-tu devoir améliorer en priorité dans ton jeu ?

Mon drive est vraiment une de mes forces mais maintenant c’est une autre histoire vu le niveau athlétique et physique des adversaires en NBA… Donc il faut que j’y travaille davantage ainsi que ma finition. Je dois encore trouver mon style.

Est-ce que tu dirais que ta réputation aux Etats-Unis s’est construite lors du Hoop Summit ?

Je pense que ça avait déjà commencé que je suis venu jouer la Adidas Nation à Indiana en 2012. Il y avait des scouts NBA qui m’avaient alors déjà repéré mais le Hoop Summit a clairement été le fait marquant qui m’a permis de montrer ce dont j’étais capable.

Confirmer juste après avec le championnat du monde U19 était crucial non ?

Oui, oui. C’était super important pour moi de confirmer car je suis passé de prospect de milieu de draft à un top 5.

Et la Coupe du monde, même si tu n’as pas beaucoup joué, quelle impact a-t-elle eu sur toi ?

Je n’ai pas pu jouer autant que je l’espérais en effet, mais être dans l’équipe et être entouré de tous ces joueurs m’a beaucoup aidé. J’ai vraiment appris. En plus, j’ai été loin de chez moi pendant un mois donc c’était une bonne préparation pour mon départ en NBA.

Propos recueillis à Salt Lake City