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Allen Iverson, Birdman, les Frenchies… Rencontre avec Steve Hess, préparateur physique des Nuggets

Steve HessFidèle aux Nuggets depuis 19 ans, Steve Hess est un personnage à part entière de la NBA.

Préparateur physique à Denver, Hess a croisé les plus grands, de Carmelo Anthony à Chauncey Billups en passant par Allen Iverson, mais aussi trois Français. Véritable force de la nature et boule d’énergie, le natif d’Afrique du Sud (qui a bien bourlingué – Angleterre, Zimbabwe, New York – durant sa jeunesse) a bien voulu répondre à nos questions alors qu’on l’interceptait à la sortie de sa présentation lors du congrès des Préparateurs Physiques Professionnels qui se tenait ce week-end en banlieue parisienne.

Loquace et amène, Steve Hess a bien voulu partager nombre d’anecdotes croustillantes sur son expérience au sein d’une des grosses écuries de la conférence Ouest… Toujours dans la bonne humeur !

Vous venez d’Afrique du Sud et vous avez beaucoup voyagé durant votre jeunesse… Mais comment devient-on préparateur physique pour les Nuggets en NBA ?

Pour être honnête, c’est simplement un coup de pot ! J’étais au bon endroit au bon moment. J’étais en train de finir mon Master en Médecine du Sport et je travaillais dans cette salle de sport. J’apprends alors que le GM des Nuggets allait engager un préparateur. Je me suis dit que c’était le boulot qu’il me fallait. J’ai appelé le GM, le préparateur et le coach chaque jour pendant quasiment deux mois. Ils ont fini par accepter de me donner un entretien. Et pendant l’entretien, j’ai expliqué que je ne connaissais rien au basket mais que ma passion, c’était de m’occuper d’athlètes de haut niveau. Malgré ma méconnaissance du domaine, j’ai prouvé que je pouvais apporter de nouvelles méthodes et apprendre. C’est toute ma philosophie : je veux apprendre quelque chose chaque jour de ma vie.

Vous avez connu 9 GM et 9 coaches pendant votre carrière à Denver. Comment se passent vos relations avec eux ? Vous expliquiez notamment qu’il faut toujours s’adapter car vous êtes en quelque sorte pris entre deux feux, avec la direction d’un côté et les joueurs de l’autre…

En fait, c’est ce genre de situations que j’adore. Ce sont des opportunités pour moi d’apprendre. Ces gens-là connaissent bien mieux leur métier que moi et donc je me nourris de leurs conseils pour ne pas refaire les mêmes erreurs que dans le passé. Je me sens terriblement chanceux d’avoir pu rester dans cette superbe franchise de Denver pendant si longtemps.

Justement, pendant ses 19 ans de loyaux services, quel est votre meilleur souvenir avec l’équipe ? 

J’en ai eu tellement… Cela pourrait donner lieu à une interview de neuf heure ou plus.

Ce serait nickel mais disons un Top Ten, tout au moins…

OK. Déjà, il y a la finale de conférence en 2009. C’était une aventure incroyable. Il y a la première fois qu’on allait en playoffs après 8 années sans les atteindre [en 2004, ndlr]. C’était avec Jeff Bzdelik. C’est difficile pour moi de me souvenir des dates car tout est tellement imbriqué. Il y a la première fois que Carmelo Anthony a été nommé All Star. Il y a, plus récemment, la sélection de Kenneth Faried au sein de Team USA. Je te le dis sans exagérer que les rêves peuvent devenir réalité. Voir aussi mes joueurs revenir de grosse blessures, comme Nene par exemple. Je m’estime très heureux de pouvoir participer à ma mesure à ce type de retour au sommet. Si j’ai pu aider certains joueurs à atteindre leurs objectifs, c’est pour moi la plus belle récompense.

le Birdman

« Birdman, c’est cliché mais c’est mon gars ! Il a un cœur en or. »

En tant que préparateur, vous êtes en immersion totale avec les joueurs, que ce soit pendant la saison ou les playoffs mais aussi pendant l’intersaison, quand les joueurs doivent se préparer… ou certains doivent se refaire la cerise après des bobos ou des blessures graves. Ces relations avec les joueurs créent nécessairement plus que des liens de travail, j’imagine ?
Oui, dans le cas de Gallo [Danilo Gallinari] par exemple, j’ai quasiment passé 11 des 12 derniers mois avec lui. Je conçois Gallo mais aussi Marcus Camby ou Chauncey Billups, non plus comme des joueurs mais vraiment comme des amis. C’est la même chose avec les membres du coaching staff, les assistants ou les préparateurs. On traverse tellement de bons moments ensemble qu’on finit par devenir très proches.

C’est un peu la relation que vous aviez avec Chris Andersen, le Birdman, non ? 

Oui, complètement. C’est cliché mais Birdman, c’est mon gars ! Il était aussi avec nous quand il a débarqué dans la ligue. Il était alors le premier joueur sorti de D-League à réussir à intégrer un roster NBA. À l’époque, il n’avait pas un rond. Et ça devait être ma 3e ou 4e année à Denver… Un jour, j’arrive dans mon bureau et je trouve mille dollars dans le tiroir. Il a le coeur sur la main. Une autre fois, je voulais offrir une paire de chaussures dédicacées à mon fils et je lui passe un coup de fil. Il vivait dans les montagnes. Il m’a dit d’accord. Et une heure plus tard, il était là, chez moi, devant ma porte avec les chaussures signées. Il a un coeur d’or. Et puis, c’est un gars qui donne tout. Quand on a une séance, il vient pour tout donner. Comme beaucoup d’autres, il est devenu un ami de la famille. Quand tu participes comme ça à la carrière d’un joueur, tu as envie qu’ils réussissent. Moi, je dis même qu’ils doivent tout casser !

Dans la lignée du Birdman, vous disposez désormais de Kenneth Faried. Etes-vous surpris de sa performance au sein de Team USA ? Son énergie et son intensité sont juste incroyables !

Ce gars-là est unique. Parfois, on a des jours sans et je suis le premier à dire que j’ai plus souvent tort que raison. Mais lui, quand il arrive à l’entraînement, il change l’atmosphère du tout au tout. Il met tout le monde dans le bain et pour moi, c’est un superbe cadeau. Son énergie se répand à tous et je le crois vraiment, l’énergie est une entité que l’on peut transférer. Kenneth en a à revendre et il la donne sans compter.

Vous avez croisé trois Français à Denver : Yakhouba Diawara, Johan Petro et Evan Fournier…

Oui, c’est ça et je les aime tous ! Yakhouba, on l’appelait « limonade ». Je l’adore. Il va certainement me tuer quand il apprendra que j’ai balancé ça mais on l’appelait comme ça en référence à l’expression : « quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade » qu’on avait changée pour Yakhouba en « quand la vie te donne des citrons, tu as des citrons. » C’est un gars qui s’entraînait toujours très dur et qui a un physique incroyable. De niveau mondial ! Petro, on l’appelait « Frenchy » et lui aussi était toujours très sérieux à l’entraînement. Enfin, Evan, lui, c’est un des gars que j’ai côtoyés qui bosse le plus. Je suis sûr et certain qu’Evan va réussir dans sa carrière car il fait tout bien. Au niveau de la nutrition, du basket, de la récupération, de tout… Il est très intelligent et sait ce qu’il doit faire pour y arriver.

« LeBron James doit faire attention avec son régime. Il ne faut pas perturber son métabolisme. »

On évoque souvent en France le cas de Boris Diaw et son physique un peu rondelet. Est-ce que vous pensez que c’est un vrai problème ou au contraire que ça fait partie de son jeu et de son identité ? 

Pour ce qui est des problèmes de surpoids, je parle souvent de Popeye Jones. Le gars ne pouvait ni courir ni sauter… mais il pouvait gober des rebonds toute la journée ! Il était incroyable. Il savait exactement comment positionner son corps et du coup, il battait des joueurs beaucoup plus athlétiques que lui. Rien que par son savoir-faire. Dans le cas de Boris, c’est pareil. Boris Diaw a été énorme avec San Antonio. Enorme ! Dans son cas, il faut toujours se demander ce qu’on peut obtenir de plus du joueur s’il perd du poids. Si j’avais Boris dans mon équipe, c’est la première chose que je me demanderais : qu’est ce que ça va changer pour nous qu’il perde du poids ? Si je choisis de lui faire perdre du poids, je vais y aller à fond, je vais être sur son dos en permanence. Et là, soit il va m’adorer, soit il va me détester. Pour perdre du poids, c’est beaucoup de courses et de cardio.

Vous avez d’autres exemples ?

A Denver, on a eu Nene. Et son cas est similaire. S’il dépasse 120 kilos, il n’est pas bon. S’il est en-dessous des 120, c’est une force de la nature ! Avec ses mains énormes et sa capacité à bouger, il peut tout faire. Mais s’il est au-dessus, il perd ses moyens. Du coup, on le faisait manger ses féculents pendant la journée et le soir, son alimentation était plus à base de fibres.

C’est comme le dernier régime qu’a fait LeBron. Il a énormément perdu de poids mais il faut faire attention à son métabolisme aussi. Car les effets peuvent être rapides en surface, avec l’amincissement, mais en changeant ton alimentation, tu perturbes aussi ton métabolisme. Et sur le long-terme, ce n’est pas forcément bon car tu deviens une machine moins performante en quelque sorte. Il faut bien peser tous les éléments dans ce type de changement drastique.

Vous avez passé 19 ans chez les Nuggets, quel joueur vous a le plus impressionné physiquement ? 

JR Smith. Ce mec est incroyable. Il a une détente sèche de 114 cm, il est fort, il est rapide. Il a tout les atouts du point de vue physique. En deuxième, je mettrais Brandon Marshall, le joueur des Bears en football américain. Et pour la troisième place, je mettrais soit Nate Robinson, soit Antonio McDyess.

Allen Iverson

« Allen Iverson buvait une bouteille de whisky la veille d’un match, mais plantait 30 ou 40 points le lendemain »

A ce propos, on dit souvent que la NBA est la ligue où l’on peut admirer les meilleurs athlètes du monde, est-ce le cas selon vous ?

Mais je dirais que les basketteurs sont les meilleurs athlètes du fait qu’ils combinent à la fois taille et qualités athlétiques. Il faut déplacer tout ce poids. McDyess avait par exemple une détente verticale de plus 111 cm alors qu’il fait déjà 2m06. Il avait une force incroyable. S’il vous prenait le bras avec sa main, vous étiez carrément bloqué. Il n’avait pas forcément bossé en musculation puisqu’il était déjà costaud. Et puis avec sa rapidité au niveau des pieds, il avait lui aussi des qualités athlétiques monumentales. Antonio était un spécimen physique incroyable. Presque une anomalie génétique. Il avait tellement de détente pour sa taille. Il plaçait souvent des dunks en match et nous on en croyait pas nos yeux sur le côté. Le truc avec Mc, c’est que c’était tellement un gentil garçon. Parfois, on se dit qu’il aurait pu être bien plus dominateur. Je m’avance peut-être mais avec son potentiel physique, s’il avait été plus méchant, il aurait pu devenir un des tout meilleurs de l’histoire. D’un point de vue génétique, c’était un cas à part en tout cas. Ca, c’est sûr !

Est-ce que vous voyez des différences entre les joueurs européens et les joueurs américains en termes d’habitudes de travail, de capacité à l’écoute, etc. ? 

C’est une question très large donc c’est difficile d’y répondre. Dans le fond, je conçois une équipe de basket comme une représentation transversale de la société. Il y a les gars qui bossent d’arrache-pied, ceux qui bossent moins et puis ceux qui inspirent les autres. C’est comme ça que je vois les choses. Par exemple, Allen Iverson, ce gars-là ne bossait pas vraiment et pouvait même aller boire une bouteille de whisky la veille d’un match et arriver le lendemain pour nous porter à la victoire avec 30 ou 40 points. Mais tous ces gars, je crois qu’il y a environ 400 joueurs NBA chaque saison, ils ont traversé beaucoup de choses. Ce n’est vraiment pas facile d’en arriver là.

Pour finir, on vous a connu avec des dreadlocks, des cheveux décolorés… A la grande époque des Nuggets, avec votre style détonnant, vous faisiez partie intégrante de la hype qui entourait l’équipe avec Melo, Billups, Birdman ou K-Mart et Nene… Maintenant, vous pouvez l’avouer, c’était prémédité ? 

Oui, c’est vrai, j’ai pas mal changé de style mais non, rien n’était prémédité. Un jour, je me suis dit que ce serait cool d’avoir des dreadlocks et je me suis laissé tenter. Je les ai gardées pendant 6 ans mais au bout d’un moment, ça devenait trop difficile de les entretenir donc j’ai tout rasé. Trois semaines après ça, je suis arrivé avec une Mohawk. Je me sens tellement chanceux de pouvoir faire ce que je veux de ma vie. J’ai une famille superbe avec ma femme et mes deux fils. Je suis bien dans ma peau et parfaitement en harmonie avec moi-même. Et donc, le regard des autres ne pèse pas beaucoup pour moi. Quand je vois une coupe qui me plaît, je l’adopte. Tout simplement.

La « mythique » session d’entraînement de Birdman aux Red Rocks

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Propos recueillis à Ivry-Sur-Seine

Un grand merci à Steve Hess pour sa disponibilité, et à Arnaud Ferec (préparateur du BCM Gravelines-Dunkerque en Pro A) pour nous avoir autorisé à participer au congrès des Préparateurs Physiques Professionnels. 

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