Interview Claude Bergeaud : « L’Espagne n’a qu’une faille… »

Ancien sélectionneur de l’Équipe de France (2003-2007), Claude Bergeaud connaît bien la Roja. Tellement bien qu’il avait réussi à la faire exploser, à l’Euro 2005, pour décrocher une médaille de bronze (98-68). Une fessée qui marquait aussi le début d’une longue traversée du désert pour la bande à Bobo face à leurs voisins espagnols, jusqu’à l’an passé. Aujourd’hui à la tête de Pau-Lacq-Orthez, coach Bergeaud livre son sentiment sur cet énième duel, qu’il suivra en toute discrétion depuis les tribunes madrilènes.

« Je pense qu’en s’approchant du match parfait, on peut battre cette équipe d’Espagne. Avec comme principale stratégie défensive, de ne pas les laisser s’enflammer sur deux secteurs : celui du tir à trois points, et du jeu rapide. Ce sont d’ailleurs deux secteurs qui se tiennent, l’un venant avec l’autre. Beaucoup de points marqués par l’Espagne viennent de là. Si l’Espagne déroule son jeu de la sorte, elle enflamme le match, et avec une salle qui va être bouillante, ça risque d’être compliqué. Pour nous, il faudra tenir le ballon en attaque, éviter les pertes de balle, et avoir un collectif parfait, dans lequel tout le monde doit pouvoir être dangereux. Les joueurs qui ne seront pas attendus doivent être en mesure d’apporter, de marquer. Les Diaw, Gelabale, Lauvergne sont des joueurs qui vont être attendus par les Espagnols. D’autres, comme Charles Kahudi, ou Antoine Diot, le seront peut-être moins. Ils doivent être tout aussi dangereux lorsqu’ils rentreront ».

Comme l’ensemble des observateurs, il reste difficile de trouver des failles à cette équipe espagnole, qui joue en plus cette année avec toutes ses stars. Mais pour Claude Bergeaud, il ne suffit pas d’aller chercher bien loin.

« On la connaît depuis tellement longtemps cette équipe… La seule faille que je lui vois, c’est la même que l’an dernier. Lorsqu’on arrive à les faire déjouer, ils ont tendance à se réfugier dans le duel, le combat individuel, et oublient parfois de faire jouer leur collectif magnifique, avec cette circulation du ballon, cette relation intérieur-extérieur. C’est ce qui s’est passé l’an dernier en demi-finale de l’Euro. Ils ont voulu défier les Français à certains postes de jeu, et ont oublié leur collectif, tombant dans une forme de suffisance individuelle. C’est la seule chose qui leur pend au nez ».

La seule certitude à quelques heures du coup d’envoi, reste que ce quart de finale ne ressemblera en rien à l’opposition de la phase de poules (tout du moins on l’espère).

« Comme d’autres nations, nous avons des joueurs expérimentés, qui ne cherchent pas à mettre toute leur énergie dans un match de poule. Contre l’Espagne mercredi dernier, on n’a pas vu l’Équipe de France incisive et agressive qui a joué la Croatie samedi. On l’a vu neutre. L’Equipe de France que l’on verra ce soir sera différente pour ce quart de finale ».