Joffrey Lauvergne répond aux questions des journalistes français, juste après la rencontre, quand Miroslav Raduljica s’approche et lui demande, en serbe : « Y a faute ou pas ? »
« Ne », répond le pivot des Bleus au sujet du coup de sifflet, sur la dernière action.
« Très honnêtement, y a faute mais à ce moment du match, ça ne se siffle pas », précise-t-il ensuite. « On peut siffler faute mais c’est sévère. Je n’aurais pas aimé qu’on nous siffle la même chose ».
Joffrey Lauvergne toujours motivé contre ses « frères de sang »
Fantastique dans le combat (19 points, 6 rebonds) et décisif, Joffrey Lauvergne a battu son record de points en équipe de France face à une Serbie qui lui réussit toujours. Vincent Collet n’était donc pas vraiment étonné par sa performance.
« Je lui ai dit au repas, ce midi, que contre ses frères de sang, il allait pouvoir faire un gros match. Pour l’instant, il ne les rate jamais mais il faut qu’il en fasse d’autres du même tonneau [face aux autres équipes]. Qu’il trouve les moyens de se motiver et de se concentrer autant qu’il l’était ce soir ».
Les paris de Vincent Collet
Malmenés en première mi-temps, les Bleus sont revenus dans le troisième quart-temps grâce à plusieurs changements tactiques du coach de Strasbourg, qui a décidé de jouer avec quatre extérieurs.
« Je choisis ce cinq pour deux raisons. D’abord parce que je change le système défensif. Je demande d’être beaucoup plus agressifs. Je sens que Milos Teodosic, avec sa science du jeu, nous promène. Il fait beaucoup bouger la balle, on est en retard et, finalement, ils finissent à l’intérieur plutôt facilement. On décide donc d’être beaucoup plus durs sur les picks pour lui faire lâcher le ballon, pour que les grands l’aient beaucoup plus tôt sur l’attaque et ça leur a coupé les ailes ».
Antoine Diot, qui a inscrit 13 points dans ce troisième quart, confirme les effets.
« Il a tranquillement remis les choses en place. Doucement, sans gueuler, c’est pas dans les habitudes du coach de toute façon. On s’est mis à jouer, on a imposé notre rythme, on a imposé notre défense et ça nous a donné du rythme en attaque ».
Antoine Diot et Edwin Jackson, les dynamiteurs
Avec Boris Diaw gêné par les fautes, Vincent Collet a ainsi décidé de relancer Edwin Jackson, dans le dur depuis plusieurs rencontres. Auteur de 9 points dans la période, le meilleur marqueur de Pro A s’est réveillé et il a emporté l’équipe avec lui. Pour le plus grand bonheur d’Antoine Diot.
« C’est bien pour lui. Ça montre qu’on est bien une équipe de 12. Aujourd’hui, c’est Edwin, demain ça sera Evan, après-demain Thomas. Peu importe qui met les points. Ce soir, c’est Edwin qui a les shoots ouverts, il les a mis. C’est génial et c’est précieux pour l’équipe ».
Pour le joueur de l’ASVEL, ce très bon passage devrait être précieux.
« Ça fait du bien en termes de confiance, pour s’installer. Les autres joueurs voient que je suis capable de faire le boulot, surtout en défense. Je pense que mes qualités de scoreur ou d’attaquant n’ont pas été remises en cause mais Boris et Florent sont sûrement satisfaits de voir que je peux faire du bien en défense et que je peux aider l’équipe à fonctionner ».
Du côté de Vincent Collet, cette rebellion chez les jeunes joueurs est un soulagement. Portés par Nicolas Batum et Boris Diaw en préparation, les Bleus doivent pouvoir s’appuyer sur d’autres armes.
« Ça donne confiance à un groupe qui est jeune. Ça leur montre aussi que, chaque jour, il faut être prêt. Edwin avait peu jouer hier et, aujourd’hui, il est presque le déclencheur de l’insurrection avec Joffrey et Antoine à ses côtés. C’est une bonne chose pour nous parce qu’on va avoir besoin que les jeunes joueurs ses réveillent. On ne va pas faire un tournoi uniquement sur les anciens ».
Pourquoi a-t-il choisi de relancer Edwin Jackson ?
« Edwin a marqué ce panier incroyable [un tir à trois points, en première mi-temps] et je me dis que peut-être… Depuis plusieurs matches, je cherche quelqu’un qui peut venir du banc. En première mi-temps, j’ai vraiment poussé Evan Fournier. Il a fait deux passages, sans réussite, et j’ai donc tenté autre chose. Ça fait partie de la chance. On ne peut pas le savoir avant, ce sont des paris ».
Evan Fournier surpris par le très haut niveau FIBA ?
Quant à Evan Fournier, en pleine crise de confiance, il aurait besoin lui aussi d’un passage similaire pour se relancer. Attendu comme le remplaçant naturel de Nando De Colo, le nouveau joueur d’Orlando peine et son coach l’explique par la découverte du très, très haut niveau FIBA.
« La première raison, elle est valable pour tous les jeunes : c’est sa première compétition internationale. Evan n’a jamais joué dans ce type de compétition. Il a fait les championnats d’Europe de jeunes mais qui n’ont absolument rien à voir avec une Coupe du Monde, en particulier quand on joue d’entrée de jeu face au Brésil et à la Serbie. Les gens ont parfois du mal à le mesurer mais là, on parle du meilleur niveau mondial et il faut toujours un temps d’ajustement. Même pour les joueurs doués à fort potentiel ».
Propos recueillis à Grenade