Edwin Olympio (1m95, 20 ans) vit son rêve américain éveillé. Parti en Californie à l’âge de dix-sept ans, il vient de s’engager avec l’université de Texas-San Antonio pour son cursus universitaire. Comment se passe le recrutement d’un lycéen ? Quels avantages à passer par une « Prep School » ? Quels critères font qu’on privilégie une université plutôt qu’une autre ? Il revient pour nous sur son parcours, qui l’a emmené de Marseille au Texas, et sur tout le processus qui l’a conduit à rejoindre les Roadrunners en NCAA, jusqu’à sa signature officielle du 13 mai dernier.
Edwin, d’abord félicitations pour votre signature à l’université de Texas-San Antonio, qui est l’aboutissement d’un long parcours. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ?
Je suis originaire de Marseille et je suis passé par le pôle de formation d’Antibes en Minimes et Cadets. Malheureusement, on trouvait que je n’avais les capacités techniques suffisantes pour espérer pouvoir un jour percer en France. Mais avec mes qualités physiques, je savais que je pouvais parvenir à devenir un bon joueur. Je suis alors retourné à Marseille dans l’optique de me préparer à tenter ma chance outre-Atlantique.
Pourquoi avoir décidé de partir aux Etats-Unis dès le lycée ?
Comme dit, mon style de jeu ne collait pas avoir ce que l’on attendait de moi en France et on m’a fait comprendre que je n’avais que peu de probabilités de réussite. Je savais aussi que je pourrais cumuler basket et études en parallèle et que si jamais ça ne marchait pas sur le plan sportif, je pourrais au moins revenir en France avec un diplôme en poche. J’ai la chance d’avoir un oncle en Californie et il m’a beaucoup aidé au niveau du dossier d’inscription et de toutes les formalités et papiers. A l’âge de 17 ans, je suis monté dans l’avion en direction de Folsom où j’ai rejoint la Folsom High School au niveau Junior (troisième et avant-dernière année du cursus). Lors de mon année de senior, j’ai eu plusieurs contacts avec des universités telles que UC-Davis, Cal Poly… et même Harvard vu que j’ai un niveau scolaire plutôt bon. L’assistant qui s’occupait de mon recrutement est ensuite parti à Vanderbilt mais c’est assez flatteur de se dire qu’une institution aussi prestigieuse que Harvard pense à vous.
Mais au final, vous n’avez pas fait le grand saut vers la NCAA. Pourquoi ?
J’aurais pu rejoindre Cal Poly, qui s’intéressait vraiment à moi, mais je voulais me donner de meilleures chances de réussite en rejoignant une « Prep School » pour un an. Je savais que je pouvais encore beaucoup progresser avant de passer en NCAA. J’ai donc posé mes valises à Phoenix, à la Westwind Prep School, et j’y ai découvert un autre monde. Fini l’amateurisme. En Prep School, le rythme de vie est presque celui d’un professionnel : musculation et entraînement tous les jours en plus des cours, niveau de jeu très élevé, et la présence d’un coach, Jai Steadman, qui connait le haut niveau. Il a en effet été assistant coach en D-League à Rio Grande Valley et en NCAA à Louisiana-Lafayette et North Texas avant de prendre la tête de Westwind. Il m’a vraiment aidé à mûrir aussi bien sur le terrain qu’en dehors et m’a poussé à traiter le basket comme un pro. Pendant les deux ou trois premiers mois, j’ai souffert. Entre la chaleur (pas loin de 40 degrés à l’ombre) et la rigueur des entraînements, j’ai eu du mal à m’adapter à ce nouveau rythme. Mais une fois lancé, j’ai progressé en flèche à tous les niveaux : physique et technique. Nous avons affronté quelques unes des meilleures équipes du pays, comme la Findlay Prep de las Vegas qui forme chaque années plusieurs futurs joueurs NBA. C’est là que les universités ont commencé à s’intéresser à moi.
Comment s’est passé le processus de recrutement. Combien d’universités et de campus avez-vous visité ?
Après avoir bien joué en match, c’est à partir de janvier que les choses se sont accélérées vitesse « grand V ». Je n’avais pas eu beaucoup de contacts avec des universités mais en l’espace de quelques semaines, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner : Saint Bonaventure, Marquette, Cal Poly, encore, UC Davis, Rutgers, California, New Hampshire, Hartford, le College of Charleston, James Madison, Richmond… La liste est longue.
Et comment vous gériez ça au quotidien ?
Il faut prendre tout ça avec discernement. Beaucoup de coachs appellent pour prendre des nouvelles puis vous oublient pendant quelques temps, reviennent à la charge… C’est un jeu d’échecs. De mon côté, j’ai simplement continué à travailler.
En contact avec Marquette, California, Richmond…
Pourquoi avoir finalement choisi Texas-San Antonio ?
Un jour, il y a un peu plus d’un mois, nous avons eu la visite de Dan O’Dowd, l’Associate Head Coach de l’université de Texas-San Antonio (UTSA). Je me souviens avoir été vraiment très bon ce jour là et il est venu me voir à la fin de la séance pour me dire qu’il aimait mon jeu et qu’il était très intéressé. On s’est échangé plusieurs textos, et dans le même temps, California, Rutgers, Richmond et James Madison se sont faits de plus en plus pressants eux aussi. UTSA m’a alors invité pour une visite officielle. C’était le week-end dernier. J’ai accepté la visite et je suis tombé sous le charme du campus, des infrastructures, des coachs et du staff. Ma décision était prise et je savais qu’on me voulait vraiment ici. A Cal par exemple, je ne sais pas quel temps de jeu j’aurais pu avoir la saison prochaine. J’étais censé visiter Richmond et James Madison quelques jours plus tard mais dès samedi alors que j’étais à l’aéroport, UTSA m’a proposé une place dans l’équipe, et j’ai dit oui. Je pense que c’est le bon choix parce l’on compte sur moi ici et j’ai eu un excellent feeling avec toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. J’ai reçu ma lettre d’engagement par la poste hier et je l’ai signé, faisant de moi une recrue des Roadrunners !
Rejoindre une fac’ plus connue ne vous tentait pas davantage ?
J’aurais peut-être pu rejoindre une université plus prestigieuse mais j’ai privilégié le relationnel que j’ai avec avec le coach Brooks Thompson et tout le staff athlétique. Le campus est tout neuf et les installations sportives sont dernier cri. En plus, l’équipe vient d’accepter une invitation au sein de la Conference USA, qui est une conférence de très haut niveau. Elle a souffert pour sa première saison cette année avec seulement 4 victoires pour 12 défaites mais les blessures et l’inéligibilité d’un des meilleurs joueurs n’a pas aidé. C’est un beau challenge que d’essayer de gravir la hiérarchie de cette ligue face à Southern Miss, Louisiana Tech ou Old Dominion. Les Roadrunner ont participé à la March Madness il y a trois ans et le but est d’y retourner le plus rapidement possible. Quatre des cinq meilleurs marqueurs de l’équipe ont terminé leur cursus et cela va laisser la place à une nouvelle génération. Le coach compte sur moi dès cette saison sur les postes d’arrière et d’ailier. Je veux m’imposer au sein du groupe tout en me mettant au service du collectif.
La ville vous a-t-elle particulièrement séduite ?
Oui, c’est très différent de Phoenix qui est une ville vraiment en plein désert. Vendredi dernier, le coach m’a emmené manger dans un restaurant sur le River Walk, le canal qui traverse le centre-ville, et c’était très joli. San Antonio est une très belle ville et en plus, les gens aiment bien les Français…
En parlant de Français justement, quand on pense à San Antonio, on pense inévitablement aux Spurs et à Tony Parker. Êtes-vous fan de l’équipe et du joueur ?
Bien sûr ! J’ai d’ailleurs eu l’occasion de rencontrer Tony l’an dernier puisque j’ai participé à son camp à Fécamp. J’ai aussi sympathisé avec ses frères dont Pierre, qui a joué une saison à UTSA. Il m’a d’ailleurs félicité de mon choix. Tony est sans doute l’un des meneurs les plus sous-cotés de toute la NBA. On parle souvent de Chris Paul ou Kyrie Irving mais année après année, ce sont les Spurs qui sont en haut de l’affiche. C’est quelqu’un qui inspire le respect et qui sait faire gagner son équipe. J’ai hâte d’aller voir des matchs parce que j’aime vraiment leur style de jeu avec Gregg Popovich à la baguette.
Quelles sont vos ambitions pour votre cursus un NCAA ?
Je vais prendre les semestres les uns après les autres. Mon but est de progresser régulièrement mois après mois et de régulièrement me fixer de nouveaux objectifs : devenir le meilleur marqueur, devenir le meilleur défenseur, devenir le meilleur shooteur… UTSA est un programme qui monte et j’espère pouvoir jouer la March Madness pendant mon cursus. Je vais aussi me consacrer à mes études. J’aimerais passer un bachelor en économie du sport ou du tourisme, et faire de l’e-commerce et du web-design. Maintenant, il faut garder les pieds sur terre et travailler.
Quel est votre programme pour cet été ?
Je suis encore à Phoenix pour quelques semaines, puis je vais aller me ressourcer en Californie avant de rejoindre San Antonio vers la mi-juin. Je veux passer toutes les matinées en salle de musculation cet été, et pourquoi pas, prendre quelques cours pour être fin prêt quand le premier semestre commencera. Mon ambition est d’être au top de ma condition physique pour le début de la saison.
Avez-vous hâte de découvrir la vie au quotidien sur un campus américain ?
Clairement. Me promener dans les allées, vivre dans les « dorms », aller shooter quand je le veux, croiser les fans… Il y a 31 000 étudiants à UTSA et j’ai vraiment hâte de découvrir l’ambiance des matchs universitaires. Je vais travailler dur et tout faire pour enchanter les fans.