Comme dans le groupe A de la France, ce match entre Brésil et Russie était une « petite finale » dans le groupe B. A priori en retrait des Espagnols, ces deux nations allaient batailler pour le second strapontin et la partie délivrée fut magistrale. Du suspense, des renversements de situation, et puis, ce shoot !
Un tir miraculeux, balancé plus que pris, mais avec une trajectoire haute et droite, c’est Vitaly Fridzon qui vient crucifier (75-74) d’un trois points dans le coin la sélection brésilienne qui avait réalisé le match parfait jusqu’alors. A deux secondes près.
Le Brésil frappe le premier
Les Brésiliens entraient parfaitement dans la rencontre en emportant le premier quart (20-15). En panne d’adresse des deux côtés, la Seleçao se tourne vers ses forces intérieures et le duo Splitter (8 points, 5 rebonds) – Nene (8 points, 10 rebonds) commence son chantier. Gêné par une cheville douloureuse, le pivot russe Mozgov ne se désunit pourtant pas et réaliser un très propret 18 points (à 8/9 aux tirs) et 7 rebonds.
Andrei Kirilenko sonne ensuite sa véritable entrée dans le match avec 9 points en second quart. C’est lui qui rameute ses troupes et sur ses épaules tatouées, la sélection russe repasse devant assez nettement (30-23). Les Brésiliens sont sonnés et les Russes en remettent une couche en terminant la période sur un 7-0 qui les place tranquillement en tête à mi-course (40-32).
Le duel Shved – Taylor
C’est plus ou moins la même limonade au retour des vestiaires, le jeu russe est enfin bien en place. Si Aleksey Shved tire un peu le trait (notamment au-delà de l’arc, 2/7), il reste néanmoins un incroyable scoreur. Son duel face à Larry Taylor a été assez dantesque. A l’instar d’un certain JR Holden qui avait permis à la Russie de s’asseoir sur le toit de l’Europe durant une étrange soirée madrilène, Taylor est un américain naturalisé.
Meneur de jeu de poche, il sort de sa boîte pour le Brésil et à coups de pénétrations incessantes et met la raquette russe dans tous ses états. Il est insaisissable pour Mozgov qui sort pour 5 fautes et il ramène sa nation d’adoption à hauteur à 5 minutes du terme (63-63). Le Brésil est dans son match, il fait complètement douter l’ogre russe.
Huertas pour le tir victorieux ?
Le momentum porte même les coéquipiers de Barbosa à compter 5 points d’avance dans le crunch time (70-65). Mais sans paniquer, les joueurs de David Blatt sont revenus. Shved inscrit d’abord un panier dans le petit périmètre, puis, après avoir raté deux lancers, il ne se dégonfle pas et rentre un tir primé égalisateur à 26 secondes du gong ! Gonflé, le nouveau Loup du Minnesota !
Mais avec 26 secondes, Ruben Magnano élabore une stratégie victorieuse qui fonctionne. Il relance Marcelinho Huertas qui se fait pardonner son marcher sur l’action précédente en rentrant un tir en déséquilibre avec la planche, dont il a seul le secret. Deux points d’écart avec 6 secondes à jouer (74-72).
Mais Vitaly fait frissonner le nylon
C’est au tour de David Blatt d’abattre sa dernière carte. Sur une remise en jeu, Shved trouve Vitaly Fridzon qui sort d’une série d’écrans pour lui, il pose ses appuis tant bien que mal alors que Barbosa lui tombe dans les pattes, et son shoot entre comme par miracle dans le cercle. 75-74, la messe est dite et la Russie se sort d’un beau guet-apens.
Le scénario était cousu de fil blanc pour la sélection brésilienne qui avait sorti son Joker Larry Taylor au moment idéal, mais la Russie continue d’engranger la confiance avec son groupe aussi jeune qu’expérimenté, aussi talentueux que roublard.