La Nouvelle-Orléans, 29 Décembre 2019. Une brume pénétrante a envahi Jackson Square en ce doux matin de décembre. On décèle à peine le clocher de la cathédrale St Louis dont la silhouette emblématique domine le carré français.
Malgré l’heure matinale, un Jazz Band égrène ses notes vibrantes devant les clients qui affluent au « Café du Monde », dont des effluves de beignets aiguisent mes papilles.
J’arpente le « French Quarter » et son architecture espagnole si caractéristique avec ses balcons de fer forgé. Sur les trottoirs, les traces témoignent d’une activité nocturne trépidante. « Welcome to NOLA », terre de Louisiane à la fois festive et attachante, chantre de cultures métissées et accessoirement hôte des Pelicans, la plus jeune franchise de la NBA.
On ne va pas se mentir, La Nouvelle-Orléans n’est clairement pas une terre historique de basket. Il a fallu attendre 1974 pour que la ville hérite de son équipe NBA, en l’occurrence le Jazz et sa star Pete Maravich. Mais cet épisode fut de courte durée puisqu’en 1979, l’équipe déménage à Utah. Il faudra vingt ans pour voir débarquer les Hornets, renommés Pelicans pour la saison 2013-2014, à la demande du nouveau propriétaire, feu Tom Benson, qui voulait que l’équipe porte un nom reflétant une chose plus locale : or le pélican est l’emblème de la Louisiane !
Pour autant, comme l’affichent fièrement les plaques d’immatriculation de l’état, nous sommes ici au « Sportsman Paradise », preuve que les amateurs de sports trouveront assurément leur bonheur ! D’ailleurs, dans deux jours se déroulera la 85e édition du « Sugar Bowl », match au sommet du football universitaire ancré dans la tradition locale. Les fans de Georgia et de Baylor ont débarqué en masse dans la « Big Easy » et j’ai bien entendu réservé mes billets pour être de la partie le 1er janvier !
Mais revenons à la balle orange car ce soir, j’aurais le plaisir de couvrir la venue des Rockets dans l’antre des Pelicans. Le début du match est prévu à 19h00 et j’ai encore la journée devant moi.
Comme disait Tennessee William dans « Un tramway nommé désir » : « N’aimez-vous pas ces longs après-midi à la Nouvelle-Orléans, où une heure n’est pas simplement une heure mais un petit morceau d’éternité tombé entre vos mains – qui sait ce que l’on va en faire ? » Je décide pour ma part de quitter mon hôtel sur Dauphine Street pour rejoindre à pied le Faubourg Lafayette à la recherche d’une « Second Line » programmée dans ce quartier afro-américain de la ville. Mais de quoi s’agit-il ? Dans cette ville où la musique est reine, quand un musicien meurt, un orchestre accompagne le défunt au cimetière avec famille et amis. Le long du trajet, des badauds et autres musiciens se joignent au cortège. Le défilé enfle petit à petit et c’est ce que l’on appelle la « deuxième ligne ».
À hauteur du MLK boulevard, j’entends monter sons et clameurs, signe que celui-ci n’est plus très loin. Je rattrape les gyrophares et me voilà au milieu d’une foule bigarrée et festive qui se déhanche au son des trompettes et des tambours, encouragée par l’usage de substance pas nécessairement très licites ! Je suis le seul blanc sur deux miles à la ronde et malgré mon objectif photo XXL et mon look de « frenchy », on me réserve un excellent accueil ! C’est cela aussi la convivialité de « Crescent City ».
Le Smoothie King Center est situé dans le Central Business District, à vingt minutes à pied de mon hôtel. L’enceinte de 17 000 places, ouverte en 1999, répond parfaitement aux standards NBA et est adjacente au mythique Superdome, qui abrita les sinistrés de Katrina en 2007. Nous sommes dimanche, jour de match NFL et je passe du temps au « Walk-On’s Sports Bistreaux » attenant, à siroter quelques Coke Zero en regardant le match des New Orleans Saints, qui est de loin l’équipe la plus populaire de la ville.
Il est 17h30 lorsque je pénètre dans l’enceinte par l’entrée média. Le match est un back-to-back pour les deux franchises et j’apprends en salle de presse que les Rockets ont décidé de faire tourner pour préserver les organismes. Je file alors sur le parquet pour observer les joueurs à l’échauffement. JJ Redick et Lonzo Ball récitent leurs gammes de longues minutes. Pour le meneur, qui sue à grosses gouttes, c’est le shoot mi-distance qui est à l’honneur car il a beaucoup retravaillé son geste ces derniers mois alors que l’arrière affûte son dribble et ses 3-points. Je suis impressionné par l’intensité de la séance à moins d’une heure du match.
Le début de saison des Pels est particulièrement compliqué en l’absence de Zion Williamson. Mais pas de trace en avant match du jeune colosse au genoux fragiles, alors que sa reprise ne devrait plus tarder. Isaiah Hartenstein, le pivot remplaçant des Rockets, me sollicite pour lui lancer quelques ballons ! À ce moment précis, je ne sais pas encore qu’il va honorer sa première titularisation.
Je me promène alors dans les coursives qui commencent à se densifier depuis que les portes sont ouvertes au public. La cuisine locale est abondamment représentée avec Gumbo, Jambalaya et Po-Boy au menu ! Une tuerie pour les amateurs…
Une brochette de jeunes danseuses hip-hop égayent l’avant-match devant une salle encore clairsemée. Pierre, la Mascotte des Pels, fait son apparition sur le parquet. Ce Pélican ressemble plus à un Poulet mais il a un look sympa ! C’est l’heure des hymnes. Les lumières s’éteignent et le silence se fait avant qu’une chanteuse à la voix perchée entonne le « Star-Spangled Banner ». Puis c’est la présentation des équipes où Jrue Holiday fait un tabac à l’applaudimètre. Par contre c’est la bronca à l’annonce du cinq des Rockets : pas de James Harden, ménagé, ni de Russell Westbrook et Clint Capella, blessés ! Le public est clairement déçu de ne pas voir évoluer les stars adverses mais il doit réaliser que c’est aussi une opportunité pour le locaux.
J’ai hérité d’un spot alternatif pour shooter la rencontre. Cela signifie que je ne suis pas sous les panneaux mais au premier étage. Cela complique sacrément l’exercice d’autant que je n’ai pas pris mon 400mm ! James Harden en survêt capuche sur la tête et Russell Westbrook en civil sont surexcités sur le banc de touche et ils ne tiennent pas en place. C’est la fin de second quart-temps. Je redescends vers la salle média et me retrouve nez à nez dans le couloir des vestiaires avec le géant barbu des Rockets, Tyson Chandler. Il n’a pas l’air jouasse, le bougre, et d’ailleurs il n’entrera pas en jeu de la partie, Houston n’utilisant que huit joueurs.
Mais alors que les Rockets menaient 95-86 après un finger roll d’Eric Gordon en début de quatrième quart-temps, les Pelicans placent une accélération soudaine un alignent un 18-1 ! Lonzo Ball est absolument décisif avec sept tirs primés dans la rencontre. Il peut taper la main de son entraîneur Alvin Gentry alors qu’un rugissement tonitruant remplit l’arène. Lonzo Ball signe par la même occasion son record de la saison avec 27 points et la Nouvelle-Orléans bat finalement des Rockets sous-équipés (127-112) en ce dimanche soir, alignant sa quatrième victoire consécutive.
Les Pels partent désormais en Roadtrip mais j’ai prévu de rester toute la semaine à NOLA pour découvrir plus en profondeur cet endroit si particulier et « Laisser le bon temps rouler » comme on dit ici en créole.
Toutes les photos de la rencontre c’est en cliquant ici :
Jazz brunch chez Tableau
Dîner Créole au Muriel, sur Jackson Square.
Le Allstate Sugar Bowl au Superdome.
Visite de la Laura plantation
Balade dans le Bayou au Jean-Lafitte National Park.
Assister à une Second Line
Concert de Jazz au Preservation Hall
Faire la tournée des boîtes de Jazz sur Frenchmen street.
Visite des villas de Garden City.
Le Ogden Museum of Southern Art et tellement d’autres choses…