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Les blogs de la rédaction

Russell d’affections

Par  — 

Enfant terrible de la NBA, Russell Westbrook quitte le Thunder au moment même où son image est écornée par son attitude hors du terrain et son incapacité à fédérer autour de lui.

Honnêtement, les aventures de Russell Westbrook ne m’intéressaient plus. Alors que je me sentais personnellement « investi » par son parcours depuis ses débuts, à l’arrivée de la franchise à Oklahoma City en 2008 (et la mienne à l’hiver 2009), et que j’avais encore plus pris son parti après le départ de Kevin Durant pour la Baie, le vent a tourné la saison dernière (et la précédente déjà un peu).

A côté de son basket et de ses baskets…

Pour l’avoir suivi de près lors de ses vertes années, quand il avait notamment passé un énorme dunk renversé sous mes yeux ébahis (incroyablement placé au premier rang du press row, ce qui n’arrivera plus jamais), Russell Westbrook était un des diamants bruts de la Ligue. Un pur sang. Un phénomène. Une tornade au pays des tornades.

Et il en est encore aujourd’hui une de ses plus belles étoiles, pour sûr. Mais sur ces derniers playoffs, c’était une toute autre limonade. Une vraie déconfiture pour tout dire. A côté de son basket sur les planches, Russ était pour le coup à côté de ses pompes dans les vestiaires !

De plus en plus agacé avec les médias, il a fini par être imbuvable. Pour chacun de ses dunks, vous pouvez être sûr qu’il y avait une moue irrévérencieuse ou une réponse en moins de cinq mots en postgame, après avoir attendu de longues minutes évidemment…

Jamais vraiment coopératif dans le jeu médiatique (exercice obligatoire que de nombreux joueurs ont appris à dompter avec humour), Westbrook n’a même pas dû en lire les règles… Pire, malgré une personnalité attachante à bien des égards, Russ a franchi un cap cette année dans son manque de professionnalisme. Si Gainsbarre chantait « zéro héros à l’infini », Russ était « le héros zéro à l’infini » de la NBA en coulisses.

D’une certaine manière, Russ a été l’expérience ultime du passage de « fan » à « journaliste » pour moi. A force d’interactions vides et vaines, Westbrook est passé du côté obscur. Impossible alors de revenir en arrière : le Russ qui me faisait vibrer, « vu de l’extérieur » (pour une autre dédicace à Serge), était mort !

Pourtant, en revoyant les meilleures actions et autres vidéos hommage à Westbrook, avec son désormais ancien maillot du Thunder, certaines dépassant les dix minutes, on ne peut que rester coi. Abasourdi !

Or, c’est loin d’être chose facile de nos jours. Dans notre culture de l’instantané, à l’heure de la consommation des vidéos au doigt et à l’œil, on est plongé (voire noyé) dans les images. Les événements s’enchaînent dans un flot constant d’informations, ces dernières nous submergent, et on finit par tomber dans l’oubli.

Un personnage entier… trop même !

La NBA n’échappe pas à cette norme, bien au contraire, elle en est partie prenante. Avec son calendrier d’abord, fou avec 82 matchs pour chacune des 30 franchises. Et puis, avec son cycle d’actualités qui ne s’arrête jamais, la saison NBA englobe en fait les quatre saisons de l’année. Cette « intersaison » l’a prouvé à l’extrême. Cela se vérifie également à l’échelle du jeu et des joueurs.

Russell Westbrook en est le parfait exemple, lui qui enchaîne les actions de folie depuis ses débuts, et les records statistiques depuis trois saisons en triple double de moyenne (plus un trophée de MVP, deux titres de meilleur scoreur et meilleur passeur de la Ligue et désormais huit capes All-Star). Tout ça après avoir tout de même bien rempli son palmarès – là aussi oublié ? – en début de carrière (champion du monde en 2010, couvert d’or olympique en 2012 – et finaliste NBA la même année).

Son baroud d’honneur couronné du trophée de MVP en 2017 restera un des moments les plus jouissifs de l’histoire récente de la NBA, avec des performances extraterrestres (dont ce tir légendaire à dix mètres pour assommer les Nuggets, salué par le public de Denver malgré la défaite) et ce tête contre tête mémorable avec son ancien pote KD. Le temps d’une campagne tout feu tout flamme, il a apporté un vent de fraîcheur, et une bise ébouriffante à vrai dire, avec son caractère de cochon et ce « bravado » qui manquent souvent dans une Ligue bien trop lisse.

Westbrook, c’est ça ! C’est la quintessence de la NBA, avec des dunks en cascades, des gestes techniques insensés, de l’intensité permanente et des prouesses athlétiques plus invraisemblables les unes que les autres. Tant et si bien que, dans la masse, on en oublie la moitié… Mais c’est aussi un sacré paquet de balles perdues, d’erreurs défensives et de (très) mauvais choix en chemin.

Si le bilan vidéo est impressionnant (à base d’une grosse vingtaine de highlights par minute, grosso modo, vous faites le calcul !), il n’est qu’une vitrine. Une projection partielle et partiale du personnage, qui se veut précisément entier. Trop même.

Une finale Houston – Brooklyn en 2021 pour boucler la boucle

Comme de fait, on ne peut pas ne pas laisser sous silence sa propension maladive à bouffer la feuille. A laisser son équipe à quai en playoffs. A sa rigidité mentale et son incapacité à se réformer lui-même. Le cowboy solitaire de l’Oklahoma n’a jamais eu peur de dégainer, et ça a fonctionné un temps, mais il a fini par dégoûter…

A Houston, il aura l’occasion de repartir sur une page fraiche. En corrigeant certaines mauvaises habitudes, espérons-le. Comme d’écrire un peu trop gros et gras. En arrêtant de surligner son nom et son prénom dans la marge…

Personnellement, pour me réconcilier avec le personnage, il faudrait une belle histoire avec James Harden chez les Rockets. Autant l’un comme l’autre ont largement déçu cette dernière saison, autant j’achète direct pour une année de folie pour leurs retrouvailles à Houston. L’histoire serait belle après leur échec en 2012.

Rendez-vous en finale NBA contre KD et les Nets en 2021 ? Allez, ce serait parfait…

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