Avant le début de la saison, Russell Goldenberg avait publié un article assez dingue où il « redraftait » 20 Drafts, de 1989 à 2008. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, j’en conseille fortement la lecture tant la forme est impressionnante, mais aussi parce que la démarche est intéressante.
En effet, Russell Goldenberg a décidé d’utiliser le VORP (Value Over Replacement Player) des joueurs pour reclasser les Drafts. Pour schématiser, cette donnée issue du baseball permet de mesurer l’impact statistique d’un basketteur NBA si on le remplaçait par le joueur lambda. Bien sûr, comme toute stat, elle a ses limites (elle a ainsi tendance à surévaluer les joueurs polyvalents ou à sous-évaluer les gros défenseurs individuels) mais elle reste un indicateur assez pertinent.
Surtout, cette donnée est plus indépendante par rapport aux victoires obtenues par l’équipe du joueur et permet donc mieux de saisir son impact individuel.
Mesure de l’impact d’une carrière plutôt que du talent
Néanmoins, comme il s’agit d’une valeur cumulée, elle ne mesure pas l’impact maximum d’un joueur (et donc son talent absolu) mais celui de sa carrière. C’est pour cela que les joueurs minés par les blessures semblent désavantagés. Si on prend la Draft 2001 par exemple, la « Redraft » met Nene Hilario en première position (23.4) et Yao Ming (17.0) en troisième place. Si on pense à l’impact du pivot chinois dans ses meilleures années, ce classement semble aberrant mais son homologue brésilien a désormais joué près de 350 matchs de plus dans la ligue et son impact à long terme est donc meilleur.
C’est avec ces quelques points en tête qu’on peut s’amuser à « redrafter » et voir que Tony Parker serait choisi en 3e position en 2001, tout comme Nicolas Batum dans une Draft 2008 pourtant très dense. Même chose pour Joakim Noah en 2007 tandis que Boris Diaw serait 6e de la célèbre Draft 2003.
Refaire les choix des franchises a posteriori est amusant, surtout que le code couleur choisi par Russell Goldenberg permet de visualiser rapidement les Drafts fortes et les Drafts faibles. Etonnamment, la Draft 1999 est la meilleure sur un plan statistique si on considère l’ensemble des joueurs. Pourtant, aucune superstar n’en est issue mais il est vrai que cette promotion regorge de talents utiles et aux carrières longues (Shawn Marion, Manu Ginobili, Elton Brand, Andreï Kirilenko, Lamar Odom, Jason Terry, Andre Miller, Metta World Peace…). Si on considère le Top 5 des Drafts, c’est par contre la promotion 2003 (LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony…) qui vire en tête, devant celle de 1996 (Kobe Bryant, Ray Allen, Allen Iverson…).
Cela rejoint d’ailleurs un peu le billet que j’avais fait sur les Drafts, il y a de cela deux ans.
Joe Smith, la plus grosse déception ?
Russell Goldenberg a d’ailleurs profité de son travail d’analyse pour calculer les plus gros « steals » et « busts » de la Draft, entre 1989 et 2008. Si la démarche est intéressante (il compare le VORP du joueur par rapport à celui du meilleur joueur que la franchise aurait pu obtenir), les résultats sont parfois aberrants. En effet, il est malin de relativiser les bons choix de Draft car récupérer un très bon joueur dans une très bonne Draft n’est pas la même chose que de récupérer un très bon joueur dans une Draft faible. Néanmoins, ce système exacerbe les différences en haut de la promotion. Joe Smith est ainsi la plus grosse déception (-88.1) entre 1989 et 2008, devant Michael Olowokandi (-74), Darko Milicic (-55.6) et Kwame Brown (-55.2), en premier lieu parce qu’il a été choisi en première position alors que Kevin Garnett était dans sa Draft.
Et si on remonte plus loin l’analyse, Patrick Ewing (-61.6) serait une plus grosse déception que Darko Milicic et Kwame Brown parce qu’il a été choisi en première position alors que l’impact statistique de Karl Malone est bien meilleur.
Il convient toujours d’être prudent mais la démarche de Russell Goldenberg est passionnante et, en reprenant son code couleur, je me suis amusé à « redrafter » le Top 10 des Drafts entre 1984 et 2013. Bien sûr, tout va encore évoluer pour les promotions récentes mais après au moins trois saisons, des tendances fortes se dégagent et on note que, statistiquement, Rudy Gobert est à la première place en 2013. Alors qu’il avait été pris à la 27e place.