Vous êtes prêts ? Confortablement installés ? Alors, laissez moi vous raconter une histoire…
Il était une fois un preux chevalier. Choisi des Dieux, il était bien plus fort et bien plus doué que les hommes de son royaume. Au combat, ses qualités étaient inégalées…
Et pourtant, après quelques années à porter ses couleurs, trop seul, mal compris, il avait dû s’exiler sous des cieux plus hospitaliers.
Là bas, au sud, ses conquêtes devinrent légendaires. Ses victoires ne se comptaient plus. Certes, parfois, la défaite prenait le visage d’un Allemand aux boucles blondes ou celui du diabolique génie d’un ennemi qui ne riait jamais.
Peu importe. Comme il en avait toujours rêvé, le chevalier était enfin arrivé au sommet, glissant à son doigt l’anneau sacré.
Mais au fond de lui, les terres de son royaume, là où il avait découvert et développé son art, lui manquaient.
Alors, prenant son courage à deux mains, écoutant les voix de son coeur, le sourire aux lèvres et la larme aux yeux, il décida un jour de rentrer chez lui…
Le « King » est un ambassadeur
Avant d’aller plus loin, laissez-moi établir les choses clairement. Non, je n’ai pas décidé de transformer ce blog en haut lieu du « LeBron bashing ».
Le départ de Michael Jordan a laissé un énorme vide au coeur de la NBA. Et LeBron a réussi l’immense exploit de le combler.
Que vous l’aimiez ou pas, qu’il représente ou pas ce qui m’inspire dans le basket ne compte pas. Il est devenu LE représentant de notre sport. Celui qui lui permet d’exister hors des espaces limités des parquets et qui attire la prochaine génération de joueurs.
En devenant l’ambassadeur du basket, en s’installant sur son trône, directement dans la lumière, LeBron est devenu un symbole. Pour le meilleur et pour le pire.
Tenez, reprenons le fil de mon histoire. Ici LeBron n’est que le véhicule. Ce qui m’intéresse ce n’est pas son aller-retour entre Cleveland et Miami mais… Nous.
Nous, le public des formidables contes de fées fabriqués par les médias pour la plus grande joie de la NBA.
Il y a quelques jours donc, LeBron était sur CNN. Interrogé par Rachel Nichols, il est revenu sur les raisons de son départ du Heat. Et si le désir de retrouver son Ohio natal a sûrement été un facteur, force est de constater que, malgré eux, ce sont Pop, Duncan, Parker et Ginobili qui ont joué les rôles principaux.
Ainsi, si les Spurs n’avaient pas contrecarré son rêve de troisième titre, le « kid d’Akron » n’aurait sans doute jamais signé son « I’m coming home » et serait resté sous le soleil de Miami.
Impossible de blâmer LeBron. Sportivement, la perspective de jouer avec Irving et Love ne se comparait pas à celle de rempiler avec Wade et Bosh. Sans histoire à écrire en Floride, James a fait le bon choix.
Mais mon propos est ailleurs. Il nous renvoie directement au moment de sa -seconde- décision. A la manière dont nous le public nous nous sommes engouffrés dans la brèche.
Souvenez-vous, de Twitter aux commentaires des papiers consacrés à son retour à Cleveland, nous avons majoritairement opté pour le conte de fée. Celui du retour du fils prodige.
Fallait dire que la tentation était grande. Des maillots brûlés au triomphe annoncé. Du bling des soirées de Miami aux ruines des zones économiquement assassinées de Cleveland.
Ce n’est pas la première fois que nous nous enthousiasmons pour la belle histoire…
Le public aime les belles histoires…
Février 2012, avec les Knicks, Jeremy Lin enflamme les imaginations. Naissance de la Linsanity. Là encore, rien ne manque. Le gamin pas surdoué qui à force de travail réussi à s’imposer. A quelques jours de se retrouver viré. Alors qu’il dort sur le sofa d’un ami. Après être passé par Harvard. Et qui est en plus d’origine Chinoise et cite la Bible à chaque fois qu’un micro s’approche. La totale.
Sportivement ? A la fin de la saison, New York a préféré laisser partir son icône. Puis ses deux ans à Houston ont mis à jour ses faiblesses. Nombreuses.
Aujourd’hui, Lin est aux Lakers. Et semble plus intéressé par sa vie de personnalité médiatique ( il vient de signer un accord pour développer sa chaine Youtube où il promet de réaliser des petits clips comiques) que son avenir sur les parquets.
Un autre exemple ? Dwight Howard. Le Superman de la NBA. Le sourire Hollywood, les épaules carrées, le déconneur et l’ami des enfants. En réalité, sa dernière année à Orlando et son passage à Los Angeles ont révélé une star capricieuse et plus égocentrique que la moyenne. Obligeant ses sponsors à réduire la voilure et choisir la discrétion. En espérant le retour de grâce avec les Rockets.
… les médias aussi !
Le problème ? Il n’est pas de croire au Père Noël. Au contraire, c’est dans la nature humaine. Tout comme l’espoir. Mais de lui laisser toute la place. Plongeant ainsi dans l’obscurité des dizaines de joueurs.
Il aura fallu par exemple que Nowitzki- grippé ! Sur une jambe ! Blessé ! – terrasse LeBron pour qu’il reçoive enfin l’attention que son immense talent méritait depuis longtemps.
Il ne faut ainsi jamais oublier que, comme dans le film L’Homme qui tua Liberty Valence, les médias choisissent toujours la légende face à la réalité.
Dans quelques semaines, la saison NBA va s’ouvrir. Elle s’annonce passionnante. La ligue est en train de négocier ses contrats télé à la hausse. Nike, Adidas et Under Armour préparent de nouvelles campagnes pour nous équiper. Le retour de LeBron à Cleveland va attirer tous les regards. Les miettes iront du côté de Chicago ( D-Rose et puis Pau Gasol), de Los Angeles ( Kobe !) et de San Antonio.
Le reste ? Il dépend de vous et votre capacité à vous souvenir que la réalité peut être plus belle que la fiction. Et à gardez vos yeux grands ouverts.