Mondialement connue pour avoir vu débuter The Smiths et Oasis ou pour ses deux équipes de football (United et City), la ville de Manchester accueillait cette semaine la NBA avec la rencontre amicale entre le Thunder et les Sixers.
Pour Basket USA, Thomas Savoja était sur place pour vivre, dans la coulisse, cette étape plutôt originale du NBA Global Tour 2013.
Il est 14h00 lorsque je pose le pied sur le sol Anglais. L’aéroport de Manchester ressemble à une aimable aérogare de province. Qui imaginerait que cette ville fut au XIXe siècle le chantre de la révolution industrielle grâce au coton qui fera ses heures de gloire ? Je m’installe dans un train Express qui traverse de sinistres rangées de maisonnettes fatiguées pour me conduire au cœur de la cité. Le contrôleur vêtu d’un impeccable uniforme porte une crête rose au sommet du crane. Bienvenue en perfide Albion !
Lorsque le grand cirque de la NBA débarque sur le vieux continent, c’est généralement pour mettre les petits plats dans les grands et l’étape de Manchester qui verra s’affronter dans quelques heures les Sixers de Philadelphie et le Thunder d’Oklahoma City est l’un des points d’orgue de cette tournée NBA Global 2013. Dix matches se joueront cette saison en dehors du territoire US et la NBA toujours plus ouverte sur l’extérieur distribuera pour l’occasion près de 1300 accréditations. J’avoue néanmoins m’interroger sur le choix de la cité Mancunienne qui ne semble pas offrir d’emblée tous les arguments d’une « destination NBA ». Côté sportif, après une courte victoire face à Bilbao, les Sixers débarquent en terre britannique à la recherche de certitudes. Quand au Thunder, même si leur coach Scott Brooks affirme que Kevin Durant peut-être bien meilleur cette saison que les précédentes, je demande de le voir à l’ouvrage.
Du basket au pays du football
Le centre-ville est finalement assez compact et il ne faut que quelques minutes pour rejoindre Town Hall depuis Picadilly Station. Quelques affiches annoncent le match du soir mais il est encore trop tôt pour sentir une réelle effervescence. Après avoir déambulé dans les rues commerçantes de la citée, je m’installe au Mitre Hotel dont les fenêtres d’un autre âge donnent sur les toits de la cathédrale. Je ne suis qu’à quelques encablures de la Phones 4U Arena où se déroulera la rencontre de ce soir. A la terrasse d’un pub historique, je feuillette la presse locale qui traite abondamment de l’évènement mais ici, on ne peut s’empêcher de revenir au sacrosaint Football. Ainsi dans les colonnes du Telegraph, l’ailier suisse du Thunder Thabo Sefolosha avoue sa déception de n’avoir pu assister à une rencontre de l’un des clubs locaux mais il ne commettra pas l’impair d’affirmer sa préférence entre les frères ennemis City et United.
La Fan Zone est limitée à une lugubre galerie au style industriel réaménagée en terrain de Basket ce qui fait un peu « cheap » en comparaison avec le faste déployé à Londres lors du match NBA de l’an dernier. Les maillots des Fans se font néanmoins plus fréquents dans les rues à deux heures du Tip-Off. Alors que la lumière tombe soudainement, laissant une fraîcheur humide s’installer sur la ville, il est temps pour moi d’entrer dans l’arène. L’enceinte n’est pas du dernier cri mais elle a ce charme désuet des édifices britanniques et je m’y engouffre par l’entrée de service. Dans les entrailles de la salle, le label NBA reprend ses droits et les moyens sont au rendez vous avec NBA Entertainment à la manette : 215 pays retransmettront la rencontre du jour !
La salle sera-t-elle pleine ?
Dans la salle de presse quelque peu exiguë j’avale trois paquets de chips aux vinaigre avant d’aller faire un tour sur le parquet où quelques joueurs suent déjà à grosse goutte près de deux heures avant le début du match ! C’est le cas du vétéran Derek Fisher qui travaille le foncier avec son préparateur physique. Pas sur qu’il ait beaucoup de temps de jeu ce soir.
L’ambiance monde petit à petit mais j’ai peur que qu’il reste quelques sièges non occupés parmi les 21.000 que compte l’Arena. Trois légendes NBA ont été réquisitionnées pour promouvoir la rencontre et aller au contact des fans, avant, pendant et après le match. Le premier que je croise est l’impressionnant Dikembe Mutumbo, l’ex bloqueur fou des Hawks d’Atlanta. Je suis content de revoir le bonhomme qui se plie avec beaucoup de gentillesse au jeu des photos et des autographes. Ses deux compères Vlade Divac et Peja Stojakovic sont aussi de la partie et même si le grand Vlade s’est légèrement voûté avec l’âge, il a encore de l’allure dans son costume XXL.
J’ai obtenu un « floor spot » à la gauche des panneaux du côté du banc d’OKC. En tribune, tout ce que la ville compte de célébrités footballistiques a fait le déplacement. Pour ma part j’hérite d’un encombrant voisin en la personne de Rio Ferdinand, l’emblématique défenseur central des Red Devils qui viendra s’asseoir juste derrière moi. Il semble sincèrement passionné de Basket et si j’en crois ses commentaires, il est impressionné par les qualités athlétiques des protagonistes. De l’autre côté du Panier, le clan des Citizens mené par Patrick Viera n’est pas en reste !
Les deux capitaines nous gratifient d’un speech d’avant match à la fois pro et décontracté. Les Sixers vont faire débuter leur frêle rookie en provenance de Syracuse Michael Carter-Williams qui a besoin d’accumuler de la confiance. Côté jeu, le match se révèle étonnamment équilibré et malgré quelques maladresses en début de match, l’intensité et le spectacle sont au rendez-vous. Le musculeux Serge Ibaka fait le métier sous la raquette pour OKC alors que l’arrière Reggie Jackson faire preuve de qualités de finisseur qu’on ne lui connaissait pas. Le juvénile Jeremy Lamb nous gratifie de deux jolies pancakes qui font se soulever la foule.
La NBA importe toutes ses animations
Les Cheerleaders sont évidemment de la partie et elles rivalisent de chorégraphies suggestives pour s’accorder les faveurs des fans. Vous préférez les blondes platines de l’Oklahoma ou les brunes pulpeuses de Pennsylvanie ? La mascotte du Thunder est un Yéti velu qui s’agite frénétiquement autour du terrain pour le plus grand bonheur des fans. Lors des temps mort, les attractions s’enchainent avec célérité sur le parquet. Danseurs de Hip Hop, Dunkeurs sur trampolines, Kiss Cam, rien ne nous est épargné mais cela fonctionne au poil !
Moi qui me demandais si nous aurions la chance de voir évoluer Kevin Durant sur la durée, et bien j’en ai pour mon argent car le champion olympique de Londres 2012 semble faire de l’issue de la rencontre une affaire personnelle ! La star d’OKC enregistre un double double avec 21 points, 12 passes décisives et la bagatelle de 8 rebonds signant notamment une série de 14 points dans le 3éme quart-temps qui permettent au Thunder alors mené de 3 points d’attaquer le 4e quart-temps avec une avance de 9 points. Mais une fois Kevin Durant mis au repos en fin de match, les Sixers reviennent dans la partie sous l’impulsion d’un Tony Wroten sorti du banc et auteur de 20 points. « Je suis vraiment fier de mes gars », conclura le coach des 76ers Brett Brown à l’issue du match. Pas sur que la méthode Coué suffise à la franchise de Pennsylvanie pour tirer son épingle du jeu cette saison.
Car les 76ers ne résisteront pas au dernier coup de rein du Thunder et ils doivent s’incliner de 4 petits points. Avec cette victoire 103-99, OKC termine sa tournée européenne invaincu en ayant fourni un spectacle de qualités aux fans Britanniques. Kevin Durant semble avoir apprécié l’expérience :
« C’était une superbe atmosphère ici, les fans ont été géniaux. Je crois qu’ils méritent de voir du Basket et pourquoi pas un match de saison régulière ! ».
Sans vouloir doucher l’enthousiasme de Kevin, c’est à Londres que ce déroulera le 16 Janvier ce match officiel entre les Hawks et les Nets en attendant un retour à Bercy pour la saison 2015 ?