Kyle Filipowski, Keyonte George et Brice Sensabaugh : 21 ans. Jaden Springer : 22 ans. Johnny Juzang : tout juste 23 ans. En face, Rayan Rupert : 20 ans. Donovan Clingan et Shaedon Sharpe : 21 ans. Jabari Walker : 22 ans. Mercredi soir, le match entre le Jazz et les Blazers aurait très bien pu être une rencontre NCAA en ne se fiant qu’à la colonne âge des deux équipes. Assurés de voir leur saison prendre fin au terme de cette semaine, les deux franchises en ont profité pour donner du temps de jeu à leurs jeunes pousses, et Kyle Filipowski en a profité pour réaliser le meilleur match de sa jeune carrière. Et montrer qu’il a bien suivi la dernière finale du championnat universitaire, le thriller entre le nouveau champion Florida et Houston.
Comme les Gators et les Cougars lundi soir, le Jazz et les Blazers étaient au coude à coude dans les dernières minutes, avec Portland dans le rôle de Houston, en tête au tableau d’affichage. Mais le Jazz est parvenu à arracher la prolongation alors que Portland avait pourtant la balle pour mener de cinq voire six points après un rebond offensif sur un lancer-franc manqué par Shaedon Sharpe à 37.8 secondes de la fin.
16 points dans le quatrième quart et la prolongation
Le staff de Utah a notamment utilisé les dernières minutes de la dernière finale NCAA et les erreurs qui ont coûté le sacre aux Cougars pour montrer à leurs joueurs ce qu’il faut éviter dans le « money time ».
« L’exécution de nos actions en fin de match est ce qui compte le plus pour moi » a assuré en conférence de presse le coach Will Hardy. « On a étudié les fins de rencontre toute la saison, on a eu des bons moments, d’autres difficiles. Mais nous avons aussi regardé beaucoup d’autres situations en NBA ou lors de la finale NCAA. On essaie toujours d’apprendre sur certains situations de jeu, et je pense que l’équipe a fait du très bon boulot. »
Le Jazz s’est notamment donné une chance grâce à Kyle Filipowski. L’ancien intérieur de Duke a ramené les siens à un point sur une interception à laquelle il avait contribué en trappant Jabari Walker plutôt que faire une faute immédiate. Puis il a envoyé les deux équipes en prolongation d’un dunk à trois secondes de la fin.
« Nous avons retenu de la finale NCAA quelques leçons sur comment écarter le jeu » a confirmé Kyle Filipowski aux médias. « Sur le rebond, même si on a quasiment gâché la fin de match sur ce lancer-franc des Blazers. Pour ce qui est du ‘spacing’, c’est autant sur demi-terrain que sur les remises en jeu sur le côté du parquet où Coach Hardy fait débuter l’action avec trois joueurs dans notre camp simplement pour nous donner une meilleure chance de remettre le ballon en jeu. Il y a beaucoup de choses que nous avons apprises des deux dernières minutes de cette finale. »
Mesurer la part d’espoir, un des apprentissages du cérébral FIlipowski
Le cours a été bien récité puisque le Jazz est allé chercher sa 17e victoire de la saison durant la prolongation, la conclusion d’un match joué avec un sentiment d’urgence dans les derniers instants, ce qu’on n’a pas fréquemment vu au Delta Center cette saison. Et ce que Houston n’avait pas été en mesure de faire lundi, choisissant plutôt de laisser filer le temps même en étant mené dans la dernière minute.
« En NBA, on pense toujours au coup d’après par rapport au jeu universitaire » compare Kyle Filipowski. « On essaie toujours de jouer le ‘deux-pour-un’ (jouer rapidement une possession dans la dernière minute pour s’assurer d’avoir du temps et l’ultime ballon d’une période), même si nous sommes menés en fin de match, parce que cela nous donne une opportunité de plus avec le ballon avant le buzzer. C’est aussi une des conclusions que nous avons retiré de la finale NCAA. Houston aurait pu le faire mais ne l’a pas fait. Vous devez toujours vous rendre compte de combien de possessions il peut rester avec moins d’une minute à jouer. En NCAA, il y en a habituellement une ou deux. Ce soir, il y en a eu plus de trois je crois. Donc il faut en quelque sorte être conscient d’à quel point on peut encore y croire avant le buzzer. »
Une performance rare dans l’histoire du Jazz
L’intérieur n’a jamais baissé les bras, avec 10 points et 8 rebonds dans le seul quatrième quart-temps, avant d’ajouter sept nouvelles unités en prolongation pour définitivement assurer la victoire au Jazz. Et après l’expérience de Walker Kessler comme « Stretch 5 » à le laisser prendre sa chance de loin, la qualité de tir de Kyle Filipowski comme pivot fuyant a porté ses fruits mercredi. Plus que son 2/5 derrière l’arc, c’est son pouvoir d’attraction au large qui lui a offert des possibilités, comme sur son dunk pour égaliser à la fin du temps réglementaire, où il emporte dans sa feinte à sept mètres Matisse Thybulle pour s’ouvrir le chemin de l’arceau.
« ‘Flip’ a fait un bon travail ce soir à utiliser la menace qu’il représente à 3-points pour faire de nombreuses choses qu’il sait également bien faire » a apprécié Will Hardy. « Je parle souvent de l’équilibre des choses. Alors que ‘Flip’ travaillait vraiment dur sur son tir, et il a progressé dessus, j’avais l’impression qu’il y avait des moments où cet équilibre n’y était pas. Ce n’est pas que tirer à 3-points est une mauvaise chose, et si Flip jouait 34 minutes tous les soirs, je lui demanderais d’en prendre un peu plus que cinq, mais ce soir, il a bien lu le jeu à de nombreuses reprises. Il a utilisé la réputation de bon shooteur qu’il a construite dans son début de carrière pour mieux pouvoir attaquer le panier. »
Avec 30 points à 13/17, 18 rebonds, 5 passes et 3 interceptions, Kyle Filipowski a tout simplement signé une des plus belles lignes statistiques d’un rookie cette saison. Et le cinquième joueur seulement de toute l’histoire de la franchise de Salt Lake City à réaliser un match en 30-15-5 après Karl Malone (à vingt reprises), Carlos Boozer, Al Jefferson et Paul Millsap.