C’est sans doute la rivalité la plus intense des années 1990. Les Knicks et le Heat se détestaient en effet cordialement durant cette période, marquée par un basket particulièrement rugueux lorsque les deux clubs se croisaient, avec en point d’orgue cette bagarre marquée par un Jeff Van Gundy accroché à la jambe d’Alonzo Mourning.
Avec quatre affrontements successifs en playoffs, de 1997 à 2000, les esprits avaient particulièrement eu le temps de s’échauffer. Ce soir, à 19h00, il y aura logiquement un peu de ce parfum dans les allées du Madison Square Garden.
Trop loin des joueurs actuels
« Je ne pense pas que cela soit important pour les deux vestiaires, et c’est normal », relativise toutefois Erik Spoelstra. « Ces batailles ont eu lieu il y a si longtemps. Cela signifie probablement quelque chose pour les clubs. Mais pour les joueurs dans le vestiaire, il s’agit de l’instant présent. Ce n’est pas une question d’histoire ».
Cela signifie en effet sans doute beaucoup plus pour Tom Thibodeau, le coach des Knicks qui était l’assistant de Jeff Van Gundy de 1996 à 2003, et pour Pat Riley, toujours le patron sportif du Heat, qui était le coach de Miami à l’époque… après avoir été celui des Knicks, que pour les joueurs des deux équipes.
« Lorsque Pat Riley est parti, c’est là que la rivalité s’est installée », se souvient ainsi Tim Hardaway dans les colonnes du Miami Herald. « Quand je suis arrivé (à Miami), je n’avais pas conscience de l’ampleur de ce qui s’était passé. J’avais lu des articles à ce sujet, j’avais écouté des trucs, j’en avais entendu parler. Mais tant que je n’avais pas joué contre les Knicks, au Garden ou à la Miami Arena, je n’avais pas conscience des effets de ce qui s’était passé entre Pat Riley et l’organisation des Knicks. C’est de là que ça vient. Ce n’est pas nous qui avons créé cette rivalité. Une fois que la première bagarre a éclaté, c’est passé à un autre niveau ».
Car le départ de Pat Riley, passé de New York à Miami en 1995, a été très, très mal digéré par les Knicks. Le « Parrain de South Beach » avait ainsi purement et simplement démissionné de son poste à « Big Apple » pour rejoindre la Floride, où un contrat plus conséquent, et le contrôle des opérations sportives du club, l’attendaient.
Pat Riley et Tom Thibodeau toujours présents
Évidemment, les dirigeants de New York n’avaient pas aimé la manière, et les négociations cachées évidentes, d’autant que Pat Riley avait encore une année de contrat à honorer. Miami dut même lâcher son premier tour de Draft en 1996, ainsi qu’un million de dollars, pour « régler » l’affaire avec les Knicks.
Ce « pêché originel » nourrit alors l’animosité entre les deux clubs, avec donc en point culminant cette bagarre entre Alonzo Mourning et Larry Johnson, au premier tour des playoffs 1998. Il y a 25 ans, jour pour jour.
Une scène devenue mythique, avec un Jeff Van Gundy désespérément accroché à la jambe du pivot adverse, qui fait partie du folklore, mais qui n’a sans doute pas vraiment de force pour les protagonistes actuels.
« Tout va revenir sur le tapis », conclut ainsi Tim Hardaway. « Mais ces joueurs avaient deux, trois, quatre ou cinq ans [à l’époque]. Si vous n’avez pas 30 ans, vous ne savez pas ce qui s’est passé. Ils ne le savent pas non plus. Mais ils liront des articles, ils en entendront parler dans les journaux, ils en entendront parler partout. Mais pour eux, ce n’est pas une rivalité parce qu’ils n’ont jamais vécu ce qui s’est passé à l’époque. »