Raconter une histoire sans jamais faire apparaître son protagoniste central. C’est le parti pris par Ben Affleck avec son film « Air » qui raconte la signature de Michael Jordan en 1984 chez Nike, sans que l’ancienne légende des Bulls ne soit donc représentée à l’écran.
Un choix assumé par le réalisateur qui cherche avec ce procédé à faire mieux ressortir l’aura du Hall of Famer. « D’une certaine manière, il est une présence que l’on ressent et dont on discute. Tous ceux qui l’entourent sont là, mais on ne voit jamais son visage. La seule pression que j’ai ressentie était de rendre vraiment justice à qui il est et à ce qu’il représente pour les gens. Cela a du sens pour moi », justifie celui qui incarne aussi Phil Knight, co-fondateur de la marque à la virgule, dans le film.
Au-delà de cette question d’aura, le réalisateur du film « Argo », primé en 2013 aux Oscars, estime qu’il en allait de la crédibilité de son long-métrage : « Je me suis dit qu’à la minute où je braquerais la caméra sur quelqu’un et que je demanderais au public de croire que cette personne est Michael Jordan, tout le film tomberait à l’eau. Avec quelqu’un d’aussi puissant, dont la seule silhouette est un phénomène mondialement reconnu, vous perdez des gens. »
Une actrice imposée pour jouer sa mère
Ce choix n’a pas empêché Ben Affleck, qui a cherché à poser son « propre regard sur ces événements » avec ce film, d’échanger en personne avec « MJ ». « Il n’y a pas d’histoire sans lui. Je n’ai pas envie de faire un film que Michael juge inapproprié ou qui ne reflète pas ce qu’il pense de l’histoire. De même, lorsque je l’ai contacté […] l’une des choses qui m’a le plus frappé chez Michael, c’est que j’ai eu l’impression qu’il n’était pas intéressé par une hagiographie ou une autocélébration », poursuit-il.
Michael Jordan se serait ainsi contenté de donner quelques éléments de contexte jugés importants, sans chercher à « avoir son mot à dire sur tout ce qui s’est passé ». « J’ai trouvé qu’il avait une intégrité extraordinaire dans ce sens. C’était probablement la seule personne à qui j’ai parlé qui ne voulait pas faire un commentaire sur tous les autres. »
L’actuel propriétaire des Hornets avait en revanche une exigence unique bien spécifique : que Viola Davis – première actrice afro-américaine à avoir décroché un Oscar, un Tony et un Emmy – incarne sa mère, Deloris. « J’ai répondu genre ‘Mike, on ne peut pas avoir Viola Davis (comme ça).‘ Il m’a répondu ‘Non’. Alors il fallait que je la prenne. Dieu merci, elle a dit oui. J’étais très heureux d’avoir pu le faire. Il n’avait pas toute une liste d’exigences, il s’est contenté de ça. C’était important que je l’honore », souffle Ben Affleck.
Pour mémoire, le film sort le 5 avril sur les grands écrans aux Etats-Unis.