Bennedict Mathurin, le rookie scoreur qui n’a pas froid aux yeux

Auteur de deux tirs décisifs, pour passer devant dans la dernière minute du match face aux Bulls, Bennedict Mathurin (26 points, 7 rebonds cette nuit) a fait mieux qu’un des modèles du genre DeMar DeRozan, scoreur clutch s’il en est.

Le rookie des Pacers a surtout mis en application sa philosophie qu’il n’a de cesse de répéter cette saison, sa première dans l’élite : si son tir de loin n’est pas réglé, il n’a pas peur d’aller chercher ses points au contact, dans la peinture.

Avec 17 points (plus 4 rebonds) de moyenne, à 42% de réussite aux tirs mais un petit 33% à 3-points, Bennedict Mathurin est déjà un sacré scoreur pour un rookie. Tout simplement le deuxième derrière l’inévitable Paolo Banchero, mais contrairement à l’ailier du Magic, il sort du banc !

Du Québec au Mexique

Solide sur ses appuis, il est explosif en transition, pas du genre à avoir froid aux yeux. Le Québécois n’hésitera pas à prendre sa chance, même s’il lui reste donc une belle marge de progression dans l’adresse extérieure.

Mais l’arrière débutant des Pacers a le potentiel pour être un des meilleurs arrières scoreurs, voire arrières tout court, de la Ligue pour les dix prochaines années.

Ayant débuté par le hockey, le natif de Montréal se souvient de ses humbles débuts au Canada.

« Steve Nash a joué un rôle important [dans cet afflux], avec d’autres joueurs après lui. Lu Dort a joué pour moi un rôle immense, il a été un vrai mentor », a révélé Bennedict Mathurin dans le podcast de JJ Redick. « Chris Boucher aussi. Et d’autres joueurs de Toronto [Andrew Wiggins, Shai Gilgeous-Alexander, Dillon Brooks]. De toutes manières, les Raptors étaient la seule équipe que je pouvais suivre à la télé parce que je n’avais pas ESPN et tout ça. Mais c’est à ce moment-là que je me suis sérieusement à jouer au basket. »

« Quand j’ai entendu NBA Academy, ça allait, mais Mexico City, c’était hors de question ! »

Issu d’un milieu très modeste, où il n’avait pas toujours de quoi manger, Bennedcit Mathurin a saisi une opportunité assez unique. Après un tournoi réussi, il a été invité à faire un essai dans la NBA Academy d’Amérique Latine… située à Mexico City.

« On avait fait un tournoi en Colombie Britannique avec l’équipe de Québec, je venais d’avoir 16 ans. J’avais fait un bon tournoi et le GM de la sélection m’avait dit : si le train passe, il faut le prendre. Et voilà que deux semaines plus tard, on me proposait deux options : soit de partir jouer en Espagne ou d’aller dans cette académie à Mexico City. Quand j’ai entendu académie, ça allait, mais Mexico City, c’était hors de question ! »

« Et puis, au fur et à mesure, ils m’ont convaincu. L’école, la nourriture, le basket, tout était pris en charge, et je n’avais plus qu’à venir et me concentrer sur mon objectif NBA. Je me suis dit : « J’y vais un mois et si ça ne marche pas, je rentre ». Mais dès que j’ai posé mes valises, j’y étais pour de bon. C’était une superbe expérience pour le basket mais aussi pour m’ouvrir à d’autres cultures. »

Un joueur NBA formé par la NBA

Dans un cadre quasi universitaire avant l’université pour ainsi dire, en termes de charges de travail, Mathurin avait un quotidien réglé comme du papier à musique à la NBA Academy. Et tout y était fait pour bosser son jeu.

« J’avais l’école d’un côté et le gymnase de l’autre. En général, je me levais à 6h30 et j’allais shooter à 7h. Pendant 45 minutes avant le petit déjeuner et la première classe. Puis entraînement à 10h30, jusqu’à midi. On avait de la muscu. De 15h à 18h, on avait des cours. Et on finissait avec un entraînement de 18h30 à 20h30 voire 21h. On rentrait manger et au lit. Et cette routine tous les jours plus ou moins. »

Derrière, en NCAA, Mathurin a rapidement percé à Arizona, parmi les meilleurs freshmen de sa conférence, la relevée Pac-12. L’année suivante, il en sera le meilleur joueur, à 18 points de moyenne.

« C’était bien pour moi car ma première année, j’ai eu Sean Miller qui est un dur à cuire et ma deuxième, c’était Tommy Lloyd. J’ai vu deux personnalités différentes, et ils m’ont chacun donné leurs conseils. Au début, [Coach Miller] m’avait cueilli à froid car je jouais bien mais il m’a dit que je ne jouerais pas beaucoup. Et de fait, ils avaient recruté un gars sur mon poste, de mon année, Dalen Terry [actuellement à Chicago]. Mais ça m’a fait bossé encore plus et je me suis fait ma place. »

« J’ai pu lui en vouloir sur certaines fins de matchs »

Avec une petite vingtaine de matchs à 20 points et plus, dont deux montées de fièvre offensive au-dessus de 30, Bennedict Mathurin s’est plutôt adapté rapidement à l’étage supérieur. Elément prometteur de la dynamique troupe des Pacers menée par le possible néo-All Star Tyrese Haliburton, Mathurin savoure cette douce transition. En attendant mieux bien évidemment !

« J’avais entendu dire que [Rick Carlisle] ne faisait pas jouer les rookies. Mais j’ai coupé court à ces bruits et je suis allé discuter directement avec lui. Et il a été incroyable avec moi dès le début. Tout le coaching staff m’aide à progresser. Notre relation est en pleine évolution. J’ai pu lui en vouloir sur certaines fins de matchs que je n’ai pas jouées, mais il a pris le temps de venir me voir dans l’avion du retour pour m’expliquer son point de vue. Il souhaite que je sois le meilleur possible, et ce, des deux côtés du terrain. »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.